• Les cafés de Paris (suite)

    Un café peut s’ouvrir à des activités originales. J’en connais plusieurs.

    Rue de Charenton, le Rocamadour accueillait dans sa salle du fond nos réunions de copropriété autour de monsieur Camuset, président bénévole, un vieux de la vieille du quartier, pour lequel les règlements et les lois n’avaient pas de secret.

    Dans le quartier grec de la Huchette, l’Olympie réunit chaque mois dans ses sous-sols une grande vingtaine de traducteurs d’Homère. Une dizaine d’hellénistes reste ensuite à déjeuner pour continuer des évocations personnelles soudant des amitiés de longue date.

    Place de la Bastille, le Café des Phares s’ouvre chaque dimanche matin, qu’il pleuve ou qu’il vente, été comme hiver, à des interventions philosophiques. Après avoir choisi à main levée un thème, le meneur de jeu tend le micro à qui veut s’exprimer. S’y retrouvent plus de cinquante personnes de tous bords, de toutes les nationalités, de toutes les professions, surtout des médecins, des scientifiques, mais aussi des artisans, cultivés ou non. Le dernier thème : souvenir et mémoire.

    Je me souviens d’un café de la rue de Turenne qui possédait un billard. J’aimais tellement déguster mon sandwich baguette-jambon-cornichon en regardant et en écoutant les billes virevolter. L’alternance du silence et des commentaires m’enchantait.


  • Les cafés de Paris

    Quel plaisir de s’arrêter dans un café à Paris, parenthèse hors des parcours habituels, halte ouverte à tout un chacun. Terrasse ou intérieur ? Banquette ou chaise ? Express ou café noisette ? Je fuis ceux qui serinent de la musique crin-crin, j’évite les voisins bruyants et m’écarte du trajet des serveurs. Par inadvertance, des conversations se glissent jusqu’à mes oreilles comme des cadeaux du ciel. J’y apprends des quotidiens, j’y surprends des confidences. En terrasse, je regarde défiler les passants, comme autant de destins croisés. Et mon esprit flâne, libre et attentif.

    La plupart des cafés se transforment à l’heure des repas. Les tables se couvrent d’assiettes et de couverts. Ils m’évoquent des rencontres amicales, des repas passionnants. Non pas que la nourriture y soit très recherchée, mais c’est une occasion de se retrouver. On s’y donne des nouvelles des uns et des autres, on raconte ses dernières vacances, on évoque ses derniers travaux. On blague sans retenue. On y partage des intérêts communs. On s’écoute et on se parle.


  • Voyage d’une semaine en Crète

    Atterrissage acrobatique à Héraklion dans la tempête, vent de travers. Après avoir loué une voiture, nous avons cherché un hôtel par booking.com.

     

    En quelques clics, nous avons sélectionné un hôtel en bord de plage. Nous y fûmes accueillis avec chaleur, mais il ne fut pas possible de de se baigner, un cyclone passait sur Athènes.

    La Grèce des anciens, de l’Odyssée, de la colère ou de la dérision des dieux, des drapés de la statuaire antique. Superbe !

     

    Nous avons filé vers l’ouest. Arrêt à Réthymnon pour grimper dans l’impressionnante forteresse vénitienne,  battue par le vent.

     

     

    Nous avons retrouvé Yannis et Françoise (des amis du Café homérique à Paris)  dans le village de Stavros, au pied d’une grande falaise ocre, où a été tourné le film Zorba le Grec. La maison de famille de Yannis a été construite du temps où il n’y avait qu’une baraque de pécheur blottie à l’abri du charmant petit port, lequel n’a guère changé depuis. Dîner crétois au port de Xania.

     

    Retour à Héraklion. Déjeuner au port. J’aime ces bateaux amarrés, prêts à affronter le grand large

     

     

    Visite du Musée archéologique. Remarquable mise en valeur d’une civilisation vivante et heureuse.

    Puis nous nous sommes dirigés vers l’est. Hôtel dans une ville touristique, des centaines de chambres insonorisées, climatisées, une organisation d’enfer. Tout ce qu’il faut pour une clientèle européenne middle class. Sauna, salles de gym… tout, pour pas si cher que ça ! Mais il faut aimer être pris en charge.

    A l’approche d’Élounda, étape dans un hôtel plus familial. Avant de repartir, nous avons pu profiter d’une jolie plage, enfin baignable malgré les vagues.

     

    À Élounda, nous avons assisté au mariage d’Astrid et Jérémy devant une petite chapelle orthodoxe, complètement entourée par la mer. Les coiffures, les chapeaux, les robes et les paroles tournoyaient dans le vent.

     

    La réception et le brunch qui suivirent eurent lieu dans un genre de rbnb, perché au-dessus du golfe. Luxe !

     

     

    Les jeunes déjeunèrent au bord de la piscine à moitié couverte.

     

     

    De baignade en baignade dans une mer à 24 degrés, retour à Héraklion,  « Revenez-y » d’été bien plaisant ! »

     

     

    Non loin de l’aéroport, Un étrange hôtel et la plage avoisinante, remplis exclusivement de Russes, personnel russe, baigneurs russes avides de soleil. Ils faisaient mentir leur réputation de rustres. Peu bruyants et discrets, (contrairement à beaucoup de touristes français !), ils portaient pour le dîner des tenues élégantes, légèrement désuètes.

    A Paris, dix degrés de moins, mais une belle lumière entre deux nuages.


  • « Madame de Staël et la politique moderne », au château de Coppet.

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    Rencontres de Coppet. Conférence de Marc Bonnant.

    La vaste salle voûtée était archi pleine. Nous n’avions pas réservé, mais Martina nous a gentiment trouvé deux chaises.

    Marc Bonnant, ténor du barreau de Genève, se sentait chez lui à Coppet dont il suit chacune des Rencontres, entouré ce soir-là d’amis dont une certaine Françoise Demole, plusieurs fois citée. Ce fut un festival !

    La meilleure partie de sa conférence a concerné l’amour des mots, l’importance de la parole à chaque moment de l’existence. En ceci, il rendait hommage à madame de Staël (soit dit en passant une incorrigible bavarde selon Byron…)

    Brillantissime, c’est peu dire ! Je me suis cru des années en arrière lorsque j’allais assister aux conférences du stage à Paris. Le plaisir des phrases bien balancées, de leur musicalité, des liaisons savoureuses, du rythme et de la chute.

    Marc Bonnant nous a défendu tout et son contraire avec un brio époustouflant, des inflexions de séduction superlatives, des piques d’humour dévastatrices. Sur le ton de la provocation, il a battu en brèche les notions de liberté égalité fraternité en défendant une politique autoritaire, ouverte en priorité aux initiatives économiques et financières, favorisant l’élite agissante, réticente aux subventions de tous ordres. Par quel tour de passe-passe est-il parvenu à se prévaloir du « libéralisme » de madame de Staël ?

    Egalement homme de théâtre, connaissant son public, il en jouait en virtuose. Des pirouettes pour atténuer des propos délibérément insupportables, exprimant sans retenue sa « haine du féminisme et du socialisme ». Des plaisanteries, « pour éviter que le public ne proteste et ne s’en aille ».

    Bien obligé de reconnaître qu’il est de ceux qui osent dire certaines vérités, qui osent choquer. Est-ce pour autant qu’il évite le politiquement correct ? Pas si sûr ! Il nous a surtout servi ses dadas, il en conviendrait sans vergogne.

    Plutôt qu’un grand méchant loup, bizarrement je trouve le personnage habile à se situer du côté des gagnants, des nantis. À se demander s’il lui arrive, dans son métier d’avocat de défendre la veuve et l’orphelin… Ce n’est peut-être pas sa spécialité.

    Quoi qu’il en soit – et comment aurait-il pu en être autrement ? – la victoire est revenue à Germaine de Staël, à son amour de la vie et de la liberté.

    Comme a dit Martina à la sortie « c’était chaud ! »

     

     

     

     


  • La tragédie de Saint-Gingolph en1944. 18 septembre 2018

    La semaine dernière, nous avons suivi la visite du château de Saint-Gingolph. Elle me trotte dans la tête.

    En 1940, l’armée italienne avait pris position à la frontière franco-suisse de la partie française de Saint Gingolph. Elle fut remplacée en septembre 1943 par l’armée allemande.

    Le 22 septembre 1944, le réseau de résistance d’Abondance reçoit l’ordre d’attaquer le poste de Saint-Gingolph.

    Un groupe descendu de Novel tombe sur une patrouille de deux soldats allemands qui discutent avec une femme. Perdant son sang froid, un jeune maquisard tire. Un soldat et la femme sont tués, l’autre soldat est blessé. Les coups de feu donnent l’alarme. Une fusillade éclate dans la rue principale. Dix Allemands sont tués. Les résistants battent en retraite.

    Le maire de la partie suisse se rend sur le territoire français pour parlementer avec le chef de la garnison allemande qui compte enfermer tout le village dans l’église et l’incendier comme à Oradour sur Glane. Il argumente que l’église est un bien commun aux deux communes, française et suisse, ce qui serait une atteinte à la neutralité de la Suisse. On lui concède la sauvegarde de l’église. Durant les pourparlers qui se prolongent, le chef militaire de la brigade de montagne du Valais, de son propre chef fait franchir à pied la frontière à la totalité des habitants de la partie française, recueillie ensuite en Suisse. Lorsque les SS arrivent pour raser le village au lance-flamme, ils prennent en otage huit personnes qui n’avaient pas pu ou pas voulu passer la frontière, ils en fusillent deux, et abattent le curé d’une balle dans le dos, alors qu’il sortait de son église.

    Le brigadier se rend auprès des officiers SS et leur fait savoir que la mise à feu des maisons appartenant à des Suisses entraînerait l’intervention de son contingent concentré à la frontière, coup de bluff qui fit son effet, car la rue Nationale, axe principal du village fut épargnée. Il put même faire intervenir les pompiers suisses pour sauver ce qui pouvait l’être encore.

    Cette histoire se racontait dans mon enfance, sans que j’en sache exactement les circonstances. Naturellement, je savais les familles suisses et françaises de Saint-Gingolph très apparentées, mais lorsque le guide évoqua le dernier enfant, un bébé tendu sur le pont-frontière à des âmes secourables, une vague d’émotion me submergea. Nous sommes abreuvés, aujourd’hui, d’horreurs aux actualités, l’argent et le repli sur soi semblent avoir tout envahi. La démocratie est partout en recul et la fin justifie de plus en plus les moyens, on ment aux électeurs, lesquels se laissent volontiers faire espérant en tirer profit. On ruse, on triche autant que faire se peut et le courage ne semble plus de mise. Suis-je pessimiste ? En tous cas, cette histoire surgie du fond de mon enfance m’a réchauffé l’âme.

     


  • Perche soleil.

    Le petit garçon pêchait à la gambe allongé sur le port.

    – ça mord ?

    Il s’est redressé ravi et m’a montré deux petits poissons aux dos striés de vert qui nageaient au fond d’une boite.

    – Des perches ! ai-je constaté.

    – Celle-là est une perche soleil.

    Elles se ressemblaient pourtant comme deux gouttes d’eau, il glissa la main dans la boite, la saisit et me montra le flanc du petit poisson.

    – Oh, comme elle est jolie ! Je connais les poissons du lac, mais je n’en avais jamais vu de pareilles.

    Ses écailles scintillaient de mille couleurs et sa petite bouche délicate cherchait de l’air que c’en était attendrissant.

    – Elle mange les œufs de tous les autres poissons. C’est une espèce exogène et nuisible. On n’a pas le droit de les remettre à l’eau.

    Il s’appelait Fabio. La première fois qu’il en avait pêché, c’était à Divonne, au pied du Jura. Grand Dieu, comment étaient-elles venues de l’autre bout du monde, comment avaient-elles pu se retrouver dans un si petit lac ?

    – On ne sait pas, me répondit l’enfant fataliste avec un sourire rayonnant. Brun, doré par le soleil, il était aussi beau que son poisson, et bien que pécheur certainement plus pacifique !


  • Mâcon, Prangins. Jeudi et vendredi, deux expositions sur des thèmes un peu proches.

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    La première à Mâcon : Femmes au travail dans un hôtel particulier de province au XIXe siècle

    Passionnant ! On se promène dans les couloirs dérobés de l’hôtel Sénecé construit au XVIIIe siècle, un des rares encore intact dans sa conception intérieure. On monte le petit escalier des domestiques qui dessert chaque étage. On les imagine habitués à se rendre invisibles : la bonne qui surveille de sa mansarde grâce à une petite lucarne située à côté de son lit la chambrette des enfants, la cuisinière au sous sol, la lingère repassant les dentelles au petit fer, la servante apportant sans bruit le thé ou le chocolat dans les salons, la jeune institutrice, un danger pour la paix du couple, chignon serré et lunettes sur le nez. On imagine la maîtresse de maison qui veille sur la bonne marche de la maison. Marie-Noëlle Guillemin, une des conceptrices de l’exposition, nous fit un récit détaillé de l’évolution tout au long du XIXe siècle de la condition de ces travailleurs, souvent exploités et mal considérés, mais protégés de la misère qui sévissait alors dans les campagnes. Elle évoqua leur disparition progressive, à commencer par les hommes partis en usine, au profit dès le début du XXe siècle d’un personnel venu de l’extérieur. Visite illustrée par des objets et livres d’époque, commentée par de nombreux panneaux et se terminant par une vidéo mettant en scène les propriétaires. Le genre de visite qui vous trotte dans la tête et vous donne envie de relire Balzac et Zola.

    La deuxième exposition : Indiennes, un tissu qui révolutionne le monde, au château de Prangins sur la rive suisse du Léman, à côté de Nyon,

    Musée national suisse, le château de Prangins, lui aussi construit au XVIIIe siècle, a pour vocation d’évoquer la vie de la noblesse comme celle des paysans de cette époque. L’exposition avec des moyens sans commune mesure avec celle de Mâcon nous présente les indiennes, tissus imprimés provenant à l’origine des Indes, puis imitées en France et en Suisse avec un savoir faire époustouflant de précision et de beauté au XVIIe et du XVIIIe siècle. On nous montre leur usage pour les robes et les gilets, pour l’ameublement.On détaille leur fabrication. On s’attarde sur l’importance de leur iconographie qui propage les idées du siècle des lumières et son goût de l’exotisme à travers les images fantasmée de la Chine, de l’Afrique, de l’Amérique, sur leur place dans la montée révolutionnaire.

    Au temps des indiennes venues des Indes, afin de protéger la production traditionnelle française, Louis XIV les avait interdites dans tout le royaume sous peine de galère. Cette prohibition ayant coïncidé avec la révocation de L’Édit de Nantes, les chimistes et fabricants protestants qui s’essayaient à leur imitation se sont installés en Suisse et y montèrent un commerce florissant. Ils écoulaient leur production vers la Hollande qui se chargeait de la faire passer en contrebande vers la France où la mode s’en était entichée, malgré ou à cause de son interdiction. Cette mode quasi hystérique fit hurler Jean-Jacques Rousseau, car elle nuisait selon lui à l’agriculture de moindre rendement financier.

    Mais ce que j’ignorais, c’est que des décennies plus tard, lorsque cette prohibition fut abolie, les fabricants, le plus souvent des Suisses, s’installèrent dans les ports de l’Atlantique pour se livrer au commerce négrier, échangeant en Afrique les indiennes contre des esclaves, troqués ensuite au Brésil et en Amérique contre du café ou du coton comme cargaison de retour. Les indiennes représentaient 75% de ce commerce triangulaire qui se poursuivit jusqu’à l’abolition de l’esclavage.

     


  • La fête des Traîne-matins

     

    En descendant vers la jetée nord du port de Versoix, vous laissez sur votre gauche une maisonnette en bois cachée dans les buissons, c’est le repaire des Traîne-matins. Ces pêcheurs amateurs, le plus souvent des retraités viennent à la fine pointe de l’aube arpenter le Léman sur leurs barques. Loin pour ne pas dire à l’abri de leurs épouses et compagnes, ils savourent le calme du lac, s’imprègnent des miroitements de l’eau et des lumières qui ourlent les montagnes. Ils somnolent en attendant le tintement de la clochette fixée sur le tambour de traîne avec l’espoir de remonter des perches, quelquefois des brochets et surtout le nec plus ultra, des ombles chevaliers, rois du lac prisés par les plus fins gastronomes. Ils se retrouvent ensuite devant un verre sous des parasols un peu  cachés dans la végétation. Heureux !

    Chaque année, les traîne-matins organisent une fête sur le terre-plein des bateaux à l’entrée de la jetée. Ils montent une grande tente, disposent tables et bancs avec une bonne humeur et une énergie qui font plaisir à voir. Fin août la météo est souvent inquiétante, mais rien ne les arrête. Nous les avons souvent vus préparer leur fête, mais nous n’y avions jamais participé. Cette année la température avait chuté de 15 degrés, de gros nuages noirs déversaient des rideaux de pluie sur le lac, mais ces conditions désastreuses n’ont pas découragé nos pêcheurs, ni Jean-Michel et Caroline qui passaient le weekend chez nous.

    C’est ainsi que vêtus de pulls et de doudounes nous avons descendu la petite pente émerveillés par un rayon de soleil qui éclaira soudain les mâts des bateaux alignés le long des jetées. Nous nous sommes retrouvés assis devant une assiette garnie de filets de perches et de frites, accompagnée de décis provenant des vignes sur Rolle. Les filets n’étaient probablement pas garantis du Léman vu la quantité prodigieuse avalée à cette occasion, mais on a l’habitude ; la plupart du temps, ils proviennent de l’Europe de l’Est et n’en sont pas moins délicieux.

    La musique, genre Claude François, attira sur la piste des danseurs de tous âges. Les grands-parents, les enfants, les amoureux venaient s’y trémousser ou s’y frotter entre deux bouchées. L’éclaircie se prolongea et quelques traîne-matins sont venus effacer les gouttes de pluie sur les tables extérieures avec des raclettes à vitres et les convives ont pu profiter des gris somptueux du ciel et du lac. Naturellement, avant de rentrer nous avons fait un tour de port. Une grande barque de Meillerie, La Neptune, revenait au moteur à son port d’attache de Genève. Elle glissait, longue et élégante, comme pour nous saluer au passage. Soirée d ‘autant plus charmante qu’elle avait été improvisée.

     


  • Street Art à Grenoble

    La municipalité de Grenoble s’est lancée dans l’art de rue à grande échelle. Elle a été à l’initiative d’une centaine de tags dispersés pour la plupart dans un même quartier de la ville.

    Un plan numéroté à la main, nous avons déambulé dans ses rues. Pour ma part, j’étais séduite par la vitalité de leurs auteurs, mais aussi rebutée par la pauvreté d’imagination et par le conformisme de beaucoup d’entre eux. Ils recouvraient des murs décrépis, des rideaux roulants de magasins en mauvais état, des passages sombres délabrés. On avait peut-être choisi un quartier tagué de longue date, certains semblaient  un peu effacés. D’autres éclataient de couleurs vives. Le soleil et l’ombre imprimaient sur les murs une histoire qui s’ajoutait et souvent se superposait au propos du tagueur, signant par la volonté municipale sans que ce soit vraiment désobligeant un art de pauvres pour pauvres.

    On y découvrait parfois au coin d’une petite rue une idée saugrenue et poétique, mais je ne suis pas très sûre que j’aurai aimé habiter un quartier à ce point chamarré, trop habituée aux subtilités des maisons paysannes de Tougin, comme au raffinement de l’architecture XVIIIIème du centre de Paris. Bien que toute violence en ait été manifestement bannie, je me suis demandé si ce n’était pas un peu jouer avec le feu. La ville de Grenoble est connue pour sa violence et ses réseaux criminels. Je me demande s’il n’aurait pas mieux valu un peu plus de nuances. Mais bien obligée d’y reconnaître une possibilité d’expression non négligeable.

    La municipalité s’est probablement posé la même question, car elle a fait appel à des célébrités mondiales du street art pour proposer leurs books à des copropriétés. De grands pans d’immeubles plus récents ont ainsi été recouverts de fresques monumentales aux frais conjoints de leurs copropriétaires et de la ville, fresques qu’on découvre également sur le trajet du tramway. Les artiste à peu près libres de faire ce qu’ils voulaient ont été très correctement payés.

    C’est ainsi qu’on peut voir au coin d’une rue de gigantesques oiseaux, des baleines grandeur nature dans les plis du drapeau américain. Trois grandes mains au coin d’une école forment dans la langue des signes les mots : ensemble, liberté et paix,  .

    Mon impression demeure partagée entre de l’admiration pour cette initiative, une réticence peut-être due à mon âge et la crainte de voir récupérée et affadie une expression populaire par nature étrangère aux institutions.

     


  • Dîner chez Marie

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    Dîner chez Marie à Thonon avec son amie Hélène, Pierre et Nicolle Christin, Jean-Marc et Sophie Hovasse. Dans sa jolie cour à l’italienne nous avons fêté l’anniversaire de Jean-Marc. Il a reçu un recueil à tirage plus que rare du poète arménien Armen Lubin lequel avait fait l’objet d’une conférence de son amie Hélène, rue d’Ulm, un album sur les vitraux de l’église d’Evian dédicacé par leur auteur Pierre Christin, un exemplaire également dédicacé d’une pièce de théâtre de Valère Novarina, célèbre Thononais (pas présent ce soir-là), La Chair de l’homme, dans laquelle Marie est nommée. Nous-même lui avons offert … du comté de notre Jura et un bon (!) pour un tirage du peintre Végetti.

    Nous avons dégusté un dessert très anglais (goût et couleur) en pensant à Julian Snelling qui avait livré à Marie cette recette familiale.

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    La veille un énorme orage avait traversé le Léman depuis chez nous jusqu’à Evian et même plus loin.