Samedi, en sortant de Beaubourg, nous nous sommes trouvés mêlés aux gilets jaunes et aux casseurs.

Nous voulions aller à l’exposition du peintre Zao Wu Ki, mais nous nous étions trompés de musée et nous en avions profité pour revoir les collections permanentes.

Nous avions continué sur l’exposition d’Ando Tadao, l’architecte qui aménage juste à côté de chez nous l’ancienne bourse du commerce pour la collection Pinault. De nombreuses maquettes, des photos et des vidéos nous en montraient les réalisations : une église dont la croix émerge d’un lac, des jardins suspendus et de nombreux bâtiments publics ou logements entre simplicité et sensualité, accords rares de lumière, d’eau, de plantes.

C’est après un goûter réconfortant à la cafétéria que nous avons affronté le froid et la pluie qui s’était mise à tomber.

Arrivés au bout du Forum des Halles, au coin de la rue Montorgueil, nous avons été dépassés par une centaine de gilets jaunes qui hurlaient « A bas le capitalisme ». Flegmatiques, mais surtout pressés d’aller nous mettre au sec, nous avons enfilé la rue de Montmartre. Derrière nous, le ton montait. Le temps d’exprimer mes craintes, une bande de jeunes a surgi en courant, vêtus de noir, cagoulés, visiblement prêts à tout. J’ai tout de suite constaté qu’ils n’avaient pas de bâtons. Alors que nous tournions dans la rue Étienne Marcel, nous avons entendu une cavalcade. C’était une armée de policiers, casqués, matraques à la main qui couraient à leur poursuite. À cette vitesse, les jeunes n’avaient guère la possibilité de casser quoi que ce soit et la rue Montorgueil n’avait  rien à craindre. Je me suis souvenu d’une conversation à la pharmacie entre commerçants du quartier qui évoquaient fermetures et blindages quelques jours auparavant. J’avais alors pensé que nous étions loin des Champs Elysées, de l’Arc de triomphe, et j’avais jugé leurs inquiétudes superflues…

Virginie venue de Rennes avait passé le samedi avec nous. Elle devait prendre le métro près des Halles. Nous avons été soulagés de savoir qu’elle avait rejoint la gare Montparnasse sans difficultés et qu’elle était dans le train.

Malgré une moindre participation, difficile de savoir si le mouvement des « gilets jaunes » est terminé… Suite au prochain numéro.