[et_pb_section admin_label= »section » transparent_background= »off » background_color= »#ffffff » allow_player_pause= »off » inner_shadow= »off » parallax= »off » parallax_method= »off » padding_mobile= »off » make_fullwidth= »off » use_custom_width= »off » width_unit= »on » make_equal= »off » use_custom_gutter= »off » custom_padding= »0px||0px| » custom_padding_phone= »0px|0px|0px|0px » custom_padding_last_edited= »on|phone »][et_pb_row admin_label= »row » make_fullwidth= »on » use_custom_width= »off » width_unit= »on » use_custom_gutter= »on » padding_mobile= »off » allow_player_pause= »off » parallax= »off » parallax_method= »off » make_equal= »off » parallax_1= »off » parallax_method_1= »off » column_padding_mobile= »on » custom_padding= »0px|0px|0px|0px » custom_margin= »|0px||0px » gutter_width= »1″][et_pb_column type= »4_4″][et_pb_text admin_label= »Texte » background_layout= »light » text_orientation= »left » use_border_color= »off » border_color= »#ffffff » border_style= »solid » text_line_height= »1.6em » custom_margin= »15px|0px|0px|0px » custom_padding= »0px||0px| »]
Au petit matin, changement à Karlmarxstaad dans une gare évoquant l’après-guerre de mon enfance : entrepôts délabrés, bâtiments en ciment noirci, peinture écaillée. Cette usure semblait hors du temps, comme stabilisée par un fonctionnement à la fois pragmatique et efficace. Je suis montée accompagnée d’une nuée de travailleurs dans un tortillard en direction de Dresde. Personne dans la voiture ne remarquait ma présence. J’étais pourtant vêtue à la manière occidentale de l’époque, vareuse à gros boutons et pantalon pattes d’éléphant. Fatigue matinale ou volonté de ne rien voir ? Une zone industrielle a défilé devant ma fenêtre, antédiluvienne, la fumée sortait de hautes cheminées noires de suie, les usines en briques désagrégées et ferrailles rouillées fonctionnaient comme par une routine déconnectée du temps.
Quatre ou cinq enfants sont montés un peu plus tard. Une dizaine d’années. Heureux de se retrouver, ils partaient pour l’école dans un pépiement d’oiseaux. C’est alors que je remarquai la décontraction des travailleurs installés sur leurs banquettes datant de Mathusalem. Plaisanteries, salutations tranquilles, bien différentes de la morosité de nos trains de banlieue. Les enfants gazouillaient dans des rires. Il me fallut quelques secondes pour réaliser qu’ils chantaient en français :
À la claire fontaine, m’en allant promener, j’ai trouvé l’eau si belle que je m’y suis baigné…
Comment était-ce possible ?
Il y a longtemps que je t’aime, jamais je ne t’oublierai…
(à suivre)
[/et_pb_text][/et_pb_column][/et_pb_row][/et_pb_section]

A la demande de Laure…
Retour sur septembre, la foire de Crête (suite et fin)
Sous une tente abritée du soleil, à deux pas des volailles et des cochons, plusieurs dizaines de paysans, casquettes sur la tête discutaient de leurs productions, des prix, des soucis communs, des bonnes histoires de l’été, avec passion mais sans effusions. Visages longs ou ronds, sérieux ou rieurs, nez et bouches aux formes marquées, corps râblés ou longilignes, droits ou voutés, ils échappaient avec truculence à l’uniformisation citadine.
Nous avons obéi à la tradition qui veut qu’on se disperse pour déambuler dans la foire en toute indépendance. Nous nous sommes donc laissé couler dans le flot. Sous les tentes colorées ou à même le sol sur des tréteaux s’étalaient des objets hétéroclites le plus souvent destinés aux paysans de la montagne. Difficile de deviner l’usage de certains ustensiles, de certaines machines ! Leur point commun ? Une solidité à toute épreuve, pas de chichis, pas de plastique, mais du bois et de l’acier pour les couteaux, de la corde de chanvre, du fer galvanisé haute qualité, tout à l’avenant. Les marchands ne faisaient pas l’article, ils n’en avaient pas besoin. Le produit parlait pour eux. Nous en avons profité pour acquérir deux couteaux de cuisine, les nôtres, vieux de cinquante ans avaient tendance à branler du manche.
Vous voulez acheter une vache ? Il vous la faut de caractère paisible, mamelles volumineuses et abondamment veinées, ses pis ne doivent surtout pas traîner par terre. Ne pas négliger leur forme afin qu’ils soient adaptés à votre machine à traire.
Le vent de côté était favorable à un départ tranquille, sans changement de bord devant la ligne.
Des grappes de costauds tiraient sur les drisses. Chaque équipage avait sa couleur, vert émeraude, bleu outremer, rouge vermillon, couleurs qui mettaient en valeur leur cohésion.
Nous avons attendu la vedette devant les terrasses clairsemées de Port-Grimaud, la foule s’étant concentrée à Saint-Tropez. Le soleil chassait peu à peu la fraîcheur de la nuit et cette journée d’automne s’annonçait magnifique.
J’ai eu quelques difficultés à retrouver mon chemin dans les interminables couloirs. Gilles et mes amis m’attendaient sur les marches du portail d’entrée, manifestement impatients de recueillir mes impressions.