Le lendemain, dès le petit déjeuner, j’ai fait part de mon inquiétude à une de nos guides. Elle m’emmena aussitôt à l’hôpital. Je fus vite examinée par une gynécologue qui diagnostiqua un avortement spontané. Je ne pus qu’apprécier la qualité de la médecine de Dresde, la propreté de l’hôpital, son efficacité, la disponibilité du personnel soignant, entièrement féminin, du médecin au brancardier, sorte d’illustration de l’égalité des sexes dans la vision marxiste de la RDA. La guide m’informa d’ailleurs de la gratuité totale des soins après avoir rempli les papiers nécessaires et me reconduisit à l’hôtel. Pendant ce temps, le groupe avait continué sa visite officielle. C’est ainsi qu’une nouvelle fois, je fus livrée à moi-même, à l’écart du programme.

Je commençai par déambuler dans la ville. Places et rues trop étendues, désertes. Le long d’une avenue trop large,  je comptai de nombreuses librairies dont les vitrines affichaient des ouvrages de taille et d’épaisseur variées, mais d’une commune rigueur janséniste. Sur tous sans exception on pouvait lire : léninismus, marxismus. Et je me demandais ce que ces deux mots qui ne me disaient pas grand-chose pouvaient évoquer aux Allemands de l’est.

Le groupe m’avait vanté la Gemäldegalerie Alte Meister (Galerie de Peinture des Vieux Maîtres). J’ai donc profité de ma liberté pour me diriger vers le Palais Zwinger.  J’adore me promener dans les musées au gré de mes pas, m’arrêter devant un tableau comme on  hume l’arôme et la saveur d’une fleur dans un jardin, sans qu’on me dise ce que je dois voir.

(à suivre)