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Semaine du 18 au 25 février 2025
Obsèques de Claudine.
Décès de Kris.
Décès d’Inès.
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Claudine, Tinka
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Quel triste début d’année !
Claudine nous a quittés trois semaines après sa sœur Catherine. Elle a lutté durant des mois contre un cancer des poumons, migré vers le cerveau. Radiothérapie, chimiothérapie, hormonothérapie à l’hôpital Pompidou. Elle est restée chez elle jusqu’en décembre. J’ai évoqué ici les dîners gastronomiques qu’elle cuisinait encore il y a quelques mois pour son plaisir et celui de ses hôtes.. Elle perdait un peu la mémoire, mais demeurait cohérente. Un soir, elle avait oublié de réchauffer un plat, stoïques, nous l’avions avalé froid. Elle se répétait un peu, comme d’ailleurs beaucoup d’entre nous à nos âges.
Ayant fait un séjour à Grimaud en octobre dernier, elle espérait y retourner en février. Mais le mal paralysait peu à peu ses jambes. Elle a tenu bon avec des cannes. Après une hospitalisation à Pompidou, on a dit à Philippe, son mari, qu’elle ne pourrait plus rentrer chez eux. Elle fut transférée à Cognacq-Jay dans l’unité de soins palliatifs.
Elle ne souffrit pas et garda jusqu’à la fin le sourire lumineux qu’on lui avait toujours connu.
Elle avait demandé des obsèques civiles. Un mois plus tôt, une cérémonie religieuse à la suite du décès d’un ami prêtre l’avait fait changer d’avis. Nous nous sommes donc retrouvés dans la chapelle des Saints Anges. En un mois, j’avais perdu les deux petites cousines de mon enfance ! Leurs maris s’étaient connus chez IBM.
Je me souviens que Claudine m’avait dit, il y a des années :
— Je voudrais simplement qu’après ma mort, on se souvienne de moi comme d’une bonne personne !
Oui, une bonne personne, d’une rare fidélité, secourable et généreuse, courageuse et optimisme, elle avait l’art des relations amicales et chaleureuses. Un indestructible sens de l’amitié et de la famille. Son travail à Publicis consistait à organiser les réceptions du siège parisien.
Comme pour beaucoup, sa vie fut mouvementée, plus que d’autres, elle connut bonheurs et malheurs. Ce serait trop long à développer ici. Mais je pense à Philippe qui reste seul, à Pauline qui garde une âme d’enfant, à Laurent et sa famille.
J’ai évoqué ici plusieurs de nos rencontres, traces d’écriture contre la mort et l’oubli.
Il y a quelques années, j’avais été séduite par les céramiques de Tinka Pittoors exposées dans la galerie de Marie-Hélène de la Forest-Divonne. Chaleureuses, vibrantes, légères et fortes à la fois. Elle était venue de Belgique pour une rencontre avec le public et j’avais fait sa connaissance, ainsi que celle de son mari, Kris. Elle, 40-50 ans, cheveux blonds au carré, vive et solide, vêtements colorés. Nous nous étions tombées dans les bras. Lui, Kris Fierens, plus âgé, de l’allure, mince, cheveux mi-longs d’un blond tirant sur le blanc, visage sensible, un peu tourmenté. Il m’avait montré son catalogue de peintre, une œuvre d’hypersensible, une abstraction minimaliste et frémissante, aérienne. À Anvers, ils avaient transformé un vaste entrepôt en logement et deux ateliers distincts.
Tinka exposait de nouveau à la même galerie. Je suis allée à son vernissage en compagnie de Luce, rejointe dans l’église de Saint-Germain-des-Prés à cause de la pluie. Et ce fut le même coup de foudre.
Nous avions décidé de nous revoir tous les quatre avant son départ, pour prendre un verre. Mais Tinka m’envoya un mail m’informant qu’elle devait repartir le lendemain pour Anvers, qu’on se verrait à son prochain passage.
Quinze jours plus tard, j’ai reçu un message : Mon Kris est décédé hier d’un arrêt cardiaque… Amour et chaleur. Tinka.
J’ai aussitôt téléphoné à la galerie…
— Il allait très bien. Il nous avait aidés à la mise en place des céramiques. C’est affreux !
Oui, terrible ! Il y avait un tel contraste entre le bonheur émanant des sculptures et la réalité de cette disparition ! Quelle injustice ! Dans un monde soumis aux destructeurs que sont Poutine, Trump, Elon Musk et tant d’autres, la mort s’en était prise à l’amour, la poésie, la beauté !
J’ai pleuré…
J’ai reçu par la suite le faire-part des obsèques, en flamand.
Tinka ! Résiste, autant que tu peux. Courage ! Continue d’exprimer la vie, garde en toi la joie !
À bientôt !
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