
Avec l’envoi de missiles U.S. sur les sites du programme nucléaire iranien ainsi que sur les bases militaires et politiques de Téhéran, la guerre entre Israël et l’Iran a franchi une nouvelle étape le 21 juin.
Répliques iraniennes sur Jérusalem. Victimes civiles, de part et d’autres.
Aujourd’hui, tout laisse à penser que Trump et Netanyahou veulent renverser le gouvernement islamiste au risque du chaos qui suit la plupart du temps l’effondrement des régimes dictatoriaux.
Pendant ce temps, Israël continue de détruire et d’affamer Gaza. Poutine en profite pour avancer en Ukraine.
Dans le monde entier, le droit et la solidarité vacillent au profit de la loi du plus fort et de l’argent-roi.
On ne cherche plus à savoir si les actions de Donald Trump sont conformes à la Constitution américaine. Les hôpitaux sont bombardés.
Des décisions d’importance mondiale sont prises sans concertation par des cerveaux plus ou moins fumeux élus par des peuples frustrés et manipulés par Internet. Le tout sur fond de dissuasion nucléaire et de dérèglement climatique.
De tout temps, les personnes de mon âge ont jugé leur période catastrophique, les valeurs dégradées par rapport aux anciennes, ce qui n’a jamais empêché la terre de tourner. J’espère mon pessimisme de même nature.
L’avenir n’est pas gai, mais à Paris, on s’amuse.
La fête de la musique a attiré des foules de jeunes venus de l’Europe entière. Fête du bruit plutôt que de la musique. Des sonos à vous arracher les oreilles avec des boum-boums qui s’insinuent dans les appartements par les murs et le sol. Je vous en fais part chaque année.
À cette occasion la vasque olympique, réinstallée dans le jardin des Tuileries, est de nouveau montée dans le ciel de Paris. Elle s’élèvera tous les soirs pendant un mois.
Comme à chaque rassemblement de cette importance, il y a eu des débordements, des bagarres et quelques pillages dans la France entière. Cependant, on ne peut qu’admirer l’efficacité du service d’ordre. Pendant la période troublée actuelle et les menaces terroristes, gérer des centaines de milliers de jeunes bien décidés à s’amuser tient de la prouesse.
En tous cas, dans le métro au retour de l’atelier, la moyenne d’âge tournait autour de vingt-cinq ans. Malgré l’affluence, ils furent charmants, me libérant une place assise, s’écartant pour me laisser sortir. Sur le quai, j’ai levé haut les bras en lançant un merci sonore qui les a mis en joie.
Dimanche, nous sommes allés regarder danser le tango devant la Comédie française avec Agnès et Lise venues de Gex. Lise fait son stage scolaire de seconde au muséum d’histoire naturelle. Sa mère l’avait accompagnée. Quelle étrange danse ! Une sorte de religiosité de corps à corps. Une séduction savante tricotée par les jambes aériennes des danseuses.
Le jeudi précédent, j’étais allée écouter Emmanuelle Bertrand, violoncelliste de grand talent, et ses élèves du Conservatoire National de musique de Paris à Philomuses. J’avais fait son portrait il y a une dizaine d’années, ce qui crée un lien indestructible. Quel plaisir ! Exigence, amitiés, sensibilité autour d’un instrument proche de la voix humaine, une jeunesse partageuse à la fois sombre et rieuse. Que leur réserve l’avenir ?
Débriefing de théâtre chez Dany. Elle habite avenue Matignon au coin de l’avenue des Champs Élysée au septième étage. Deux terrasses, l’une avec vue sur la Tour Eiffel, l’autre vers la Concorde et le Louvre.
Nous avons grignoté des mignardises de traiteur en observant l’Opéra, le Louvre, les grand et le petit Palais, Notre-Dame (je l’ai vue brûler, a dit Dany), jusqu’à cet étrange building noir et déglingué qu’on aperçoit lorsqu’on approche de la gare de Lyon en arrivant de Tougin. À nos pieds le jardin et le théâtre Marigny. Je lui ai dit :
— Tu dors quelquefois sur ta terrasse ?
Elle a paru étonnée.
Elle possède une collection de peinture, de sculptures et de meubles précieux. La troupe n’a pas l’habitude d’un tel luxe. Elle sut nous mettre à l’aise :
— J’ai perdu mon mari. Vous êtes ma famille !
Et Émilie a fait le débriefing de la répétition publique du lundi précédent.
— La pièce est très difficile à jouer, vous avez assuré. À la rentrée, vous allez pouvoir vous amuser.
Et nous nous sommes donné rendez-vous à la mi-septembre :
— Surtout, n’oubliez pas vos textes !