Semaine du 5 au 13 novembre 2024
Inondations en Espagne.
Derniers jours de la campagne électorale américaine.
Déjeuner amical.
Novembre arrive
Novembre, un mois qui a vu au cours des années la perte de plusieurs membres de ma famille. Est-ce une illusion ? J’ai parfois l’impression que certains n’ont pas eu le courage d’affronter l’hiver. Une façon de tirer sa révérence après le flamboiement des arbres, après les dernières chaleurs de l’automne. La mort et le temps des larmes. Il me faut alors le rallongement des jours et le mois de janvier pour renouer avec la vie. À chaque disparition, une partie de moi-même est détruite. Par bonheur, elle est remplacée par une naissance, naissance d’un enfant et aussi par la naissance d’un espoir, par une possibilité qui s’ouvre, un souvenir des disparus, comme s’ils laissaient en partant les graines semées durant leur vie.
Cette année, le mois de novembre s’ouvre sur d’effroyables inondations en Espagne. Une « goutte froide » a dévasté la ville de Valence. La méditerranée chauffe de plus en plus sous l’effet du changement climatique. Lorsque son évaporation rencontre en s’élevant des zônes de froid, elle retombe en pluies. Des torrents se sont déversés sur la ville, emportant voitures et personnes. Des centaines de morts sont déjà recensés. On craint plus encore de disparus sous la boue, surtout dans les parkings des centres commerciaux. Des villes sont complètement isolées. Routes, ponts, des portions d’autoroutes ont été emportés. Les survivants n’ont ni eau ni électricité. Le monde actuel est d’une fragilité dont on ne prend pas conscience.
Les derniers jours avant l’élection américaine ont été marqués par une violence inédite. Du côté républicain des propos insultants, un torrent de mensonges se sont déversés emportant avec eux éthique et démocratie, portés par un Trump aux abois en raison du procès de l’attaque du Capitole. Il a coagulé les rancoeurs d’une civilisation occidentale de plus en plus divisée entre riches et cultivés d’un côté, pauvres et délaissés de l’autre. Par là-dessus, Internet avec X, ex Facebook, inféodé à Eton Musk, entrepreneur de génie, fou et sans scrupule met de l’huile sur le feu. Du coté démocrate, Kamala Harris, femme de couleur, ancienne procureure de Californie peu portée sur la finance fait une campagne assez terne. Trump promet la prospérité et Kamala Harris la probité et la solidarité.
Les sondages penchent vers Trump, mais ils se sont toujours trompés. Les résultats sont donc incertains. Si Kamala Harris gagne, Trump a déjà annoncé qu’il refusera sa défaite. Il a mis en place des fanatiques dans les états agricoles et l’on peut craindre une guerre civile dont les effets seraient dévastateurs pour le monde entier.
Pendant ce temps, la guerre en Ukraine s’éternise, la Russie de Poutine avance en dépit de pertes humaines faramineuses.
Nous nous sommes réunis dimanche dernier entre très vieux amis. J’ai connu Monique à Nernier alors que nous avions 11 ans. Etudiantes, nous avons été colocataires, sa sœur a épousé mon frère Hervé. Après son mariage avec Patrice, ils ont vécu dans la vallée de Chevreuse, non loin de Palaiseau où nous avons passé cinq ans. Régis a travaillé avec Gilles dans un laboratoire de Polytechnique, puis au CERN. Nous nous sommes suivis d’abord dans le Pays de Gex, puis à Palaiseau. Nous avons vécu avec nos enfants de multiples aventures. Les deux couples se connaissent. Régis, Monique et Patrice chantaient dans un ensemble vocal que j’ai parfois évoqué dans ces lignes.
Nous avons eu nos joies, mais aussi nos difficultés, parfois très vives. Et le repas en fut comme un résumé. L’âge autorise des conversations libres, un recul devant les fanfaronnades et la reconnaissance des réussites invisibles. Au soleil, nous avons savouré une choucroute garnie de saucisses jurassiennes, une tarte aux pommes faite maison. Au soleil, Brigitte, ancien professeur de français, a récité L’Albatros, puis une poésie reprise par Patrice avec son humour, son sourire habituel. Des blagues ont corrigé la dureté de l’époque.
Nous avons d’ailleurs plus évoqué l’avenir que le temps passé. À nos âges, on cueille les roses de la vie. Et c’est avec joie que je vois d’heure en heure s’ouvrir les oeillets de Brigitte !
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