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Elève brillante, elle avait commencé une licence de mathématiques. Reçue première de la région, elle avait annoncé à ses parents qu’elle voulait arrêter et faire des études d’infirmière. Dotée d’un fort tempérament, elle avait eu gain de cause. Après une ou deux années de pratique, elle était entrée au Carmel du Reposoir.
– Tu ne te souviens pas que nous faisions du patin à roulette à côté de chez toi ?
Les patins à roulettes ont laissé remonter des impressions, car elle me répondit, songeuse :
– Parfois la chimiothérapie détruit les bons neurones.
Je lui demandais si ses études d’infirmière lui servaient à quelque chose, elle me répondit comme si la question était accessoire :
– Nous soignons les plus âgées, ce qui prend beaucoup de temps, mais ne demande pas de connaissances particulières. Quand on m’a appelée, j’étais en train de faire la toilette d’une sœur alitée. D’ailleurs, il faut que j’y retourne.
Je l’ai un peu retenue, peut-être pour percer l’énigme de la voir si heureuse d’un sort pour le moins austère :
– Tu as été prieure ?
– Oh non ! Ce n’est pas du tout mon genre !
Revenant au présent, elle s’informa un petit rien de curiosité dans la voix :
– Et le Carmel de Pontoise ? On dit qu’elles vont en partir.
– Mon frère Marc fait partie de son conseil d’administration, il m’a dit qu’elles veulent partir. La ville est devenue très bruyante!
Elle eut un sourire simple et heureux. Elle étendit les bras vers les montagnes.
– Ici, on est bien ! On est près de Dieu !
Et la cloche a retenti.
– On t’appelle ! ai-je dit en plaisantant.
Elle a répondu sérieusement, avant de se lever :
– Non, mais il faut que je termine la toilette. Ensuite, je vais chanter !
D’évidence, cette dernière phrase exprimait l’essentiel de sa vie, sa raison d’exister.
Je l’ai quittée en la remerciant, peut-être un peu trop, car elle n’avait pas demandé de mes nouvelles et ne m’avait pas remerciée de ma présence. Je l’ai vue s’éloigner en clopinant sur sa canne, comme si notre rencontre n’avait été qu’une parenthèse sans grand intérêt.
(à suivre)
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Etrange ! Ses parents habitaient près de chez nous et nous allions dans la même école. Nous avions passé de nombreux moments les uns chez les autres. Afin de lui permettre de me situer, après avoir évoqué sa sœur jumelle, je lui demandai des nouvelles de sa famille. Elle me parla longuement des uns et des autres avec précision. Elle n’avait donc pas perdu la tête ! J’essayai d’évoquer la mienne.
La sœur tourière et moi avons gravi toutes les deux un escalier de pierre, en haut duquel nous avons franchi une vaste porte de chêne fermée à clé. Encore quelques couloirs et elle m’introduisit dans une petite pièce dont le fond était fermé par une grille en fer forgé. Derrière la clôture je vis arriver ma cousine clopin clopant vêtue d’une robe de bure noire. Encadrant un visage émacié, quelques rares cheveux blancs dépassaient de sa coiffe de nonne. J’avais quitté une jeune fille athlétique et blonde, je retrouvais une vieille femme chenue.
Nous nous sommes donc dirigés vers le Mont Blanc. Son prisme grandiose semblait nous montrer le chemin. Après un café au soleil dans le village du Reposoir, et quelques virages dans la forêt, nous avons découvert le Carmel, solidement implanté au pied de la muraille des Aravis. Comme aspirés par l’étrangeté du lieu, nous avons commencé la visite du monastère, du moins celle du cloitre et de la chapelle, lieux austères sublimés par la prière et la méditation. Sur le côté du chœur, une grille séparait les laïcs des nonnes. En sortant, nous nous sommes arrêtés dans la boutique tenue par une sœur tourière.
Bernard et Nelly nous avaient proposé une visite du Carmel du Reposoir, à deux pas du col de la Colombière étape incontournable du Tour de France. Ils ne pouvaient pas savoir qu’une de mes cousines en avait définitivement franchi la porte plus de cinquante ans auparavant. A l’époque, nous étions assez proches. Je ne l’avais pas revue depuis. Elle vivait donc à 1500 m d’altitude, cloîtrée, à peu près sans contact avec le monde. Il y a longtemps déjà, sa sœur jumelle, m’avait raconté qu’elle avait frappé à la porte du Carmel, mais que la religieuse avait refusé de la voir du fait qu’elles s’étaient déjà rencontrées l’année précédente.