mdr-blog-20170110A la demande de Laure…
Résumé : Invitée à l’âge de 30 ans par le gouvernement à participer à un voyage culturel, je m’apprête à partir de Genève pour Dresde.
Je fis tout naturellement appel au service des voyages du CERN, le Centre Européen de Recherche Nucléaire où avait travaillé Gilles. On y poussa des hauts cris ! On pouvait me fournir un vol d’avion pour Munich et c’était tout. De là, un train à destination de Lübeck franchissait le rideau de fer. On me donna son heure de départ comme s’il s’agissait d’un convoi pour l’enfer.
Je fis le pari d’acheter mon billet à la gare de Munich. C’est ainsi que sans parler un mot d’allemand, je passai de l’aéroport à la gare et munie d’un ticket tout ce qu’il y a de plus banal,  je montai dans le train de nuit à destination de Lübeck, avec changement à Karlmarxstad pour Dresde.
Très vite seule dans mon compartiment, je me suis allongée sur la banquette et je me suis endormie. Réveillée par l’arrêt du train, j’entendis marcher et parler le long des voies. Comme je levai le rideau,  je vis des miradors éclairer un quai désert recouvert d’une mince couche de neige. La lumière des projecteurs se perdait dans des flocons clairsemés.
C’est alors qu’une femme épaisse, sanglée dans un uniforme vert apparut dans l’encadrement de la porte de mon compartiment. Douane ou police ? Je lui tendis mon passeport (lequel était frappé de visas US… et on n’était pas loin de la guerre froide). Elle me posa des questions auxquelles je ne pus répondre faute de comprendre l’allemand. Elle prit mon passeport et s’éclipsa. Elle revint un grand quart d’heure plus tard accompagnée d’un collègue à casquette et galons qui m’interrogea longuement, sans plus de succès. J’étais sereine,  confiante dans les démarches de la MJC. Après un jeu d’allers et retours, on me rendit mon passeport. Aujourd’hui, je frémis à la pensée que j’aurai pu ne pas le récupérer ! Après plus d’une demi-heure d’arrêt sous la lumière blafarde des miradors, le train s’ébranla dans un bruit de boggies et je me suis rendormie, inconsciente du caractère exceptionnel de ma situation.
(à suivre)