• Semaine du 29 mai au 5 juin 2018. Expo Kiras, Byron et Stendhal.

    Semaine du 29 mai au 5 juin 2018

    Exposition Kiras à Troyes.

    Retour sur l’exposition de mon ami Jean Kiras au musée des Beaux-Arts de Troyes : une série sur les vols de grues qui  chaque année passent par centaines au dessus de son atelier. Techniques variées, grands et petits formats pour exprimer la puissance et la détermination de l’oiseau. Dans une vaste salle de sculptures du Moyen-Age, toiles pendues au plafond, elles semblent survoler la ville à travers le temps. Une ode à la liberté.

     

    Réunion de la société d’études byroniennes dans le salon de la bibliothèque de l’Arsenal.

    A deux pas de la Bastille mise en émoi par une manifestation, une myriade de camions de police s’entassent sur le boulevard Sully-Morland, fermé par des banderoles. Une odeur de crottin s’élève dans la chaleur par-dessus les toits de la caserne de la Garde Républicaine.

    Conférence passionnante et amusante de Paraskevi Nastou sur les liens entre Stendhal et Byron. En 1816, le jeune et obscur écrivain français ne se sent plus d’aise de discuter avec le célébrissime Byron dans les coursives de la Scala de Milan. Il doit cet honneur au fait d’être un des rares survivants de la campagne de Russie et surtout d’avoir approché Napoléon.  Jalousie ? Amertume ? Par la suite, Stendhal jettera le flamboyant aristocrate aux orties pour défendre une réalité nettement plus prosaïque, provoquant les sarcasmes par texte interposé de Gabriel Matzneff, pilier et dandy de la Byron society, qui ironise sur la médiocrité du personnage de Julien Sorel.


  • Musée de l’homme. L’Homme de Néandertal (suite et fin)

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    Je me suis demandé pourquoi les Néandertaliens étaient toujours représentés hirsutes, alors qu’ils portaient des bijoux décorés avec finesse, qu’ils montraient des activités rivalisant d’inventivité avec les homo sapiens, nos ancêtres, leurs contemporains, et que même les animaux savent se peigner.

    Ils avaient pratiqué des rites funéraires, ce qui contredit l’hypothèse de leur bestialité. On les avait découverts cannibales, mais il n’y pas si longtemps les Indiens d’Amazonie l’étaient aussi dans la noble intention de s’approprier les qualités de leurs adversaires. Pourquoi s’étaient-ils éteints ? Y avaient-ils eu des unions avec les homos sapiens ? Il semble que oui. Nous avons 4 pour 100 de gènes néandertaliens. Mais beaucoup de questions restent encore sans réponses, ce qui offre un avenir des plus passionnants aux paléontologues.

    Je me suis souvenu d’un reportage sur un Jurassien au physique caractéristique se découvrant des gènes à 60 pour 100 néandertaliens. On avait recherché et trouvé les traces de ses ancêtres dans une grotte de Georgie. Reportage diffusé un 1er avril. J’y avais presque cru.

    Cette exposition montrait l’image plus ou moins fausse et barbare véhiculée au cours des siècles. Le mythe de la massue abondamment utilisée dans les bandes dessinées se révélait une aimable fantaisie. On ne pouvait s’empêcher de penser que la civilisation d’aujourd’hui et son stress, les guerres et leurs horreurs à grande échelle dans beaucoup de régions du monde ne représentaient pas un progrès notoire.

     


  • Musée de l’homme. L’homme de Néandertal

    Le trajet du 72 est certainement le plus beau de Paris. Nous sommes sortis devant la Tour Eiffel, au débouché du pont d’Iéna. Nous sommes montés dans les jardins du Trocadéro au milieu d’une nuée de touristes. L’un d’eux se photographiait avec un selfie, bras tendu en équilibre sur un muret, le dos courbé vers le précipice.

    L’esplanade était très encombrée. Nous avions réservé notre entrée au Musée de l’Homme dans l’aile ouest du Palais du Trocadéro. En fait, nous nous sommes retrouvés assez seuls dans les escaliers monumentaux qui conduisent à l’exposition sur l’homme de Néandertal.

    Nous avons perdu de vue les deux Marius (11ans) dès le passage du tourniquet et les avons retrouvés à la sortie, enchantés d’avoir comparé l’exposition à ce qu’ils avaient appris de leur maîtresse en CM2. C’est en connaisseurs qu’ils avaient déposé une appréciation sur le livre d’or électronique.

    J’attendais des petits hommes malingres et dégénérés, je vis un squelette complet mesurant presque deux mètres, des mâchoires aux dents impeccables, des reconstitutions qui montraient des géants sympathiques dont le gros nez et les arcades un peu proéminentes s’apparentaient plus à des joueurs de rugby, qu’à de pauvres êtres humains réduits à leur survie. J’ai trouvé à celui-là des petits airs d’Éric Cantonna. Il y avait bien une toute petite femme au gros ventre et aux jambes gringalettes, mais son regard de verre étincelait d’une vie plus que convenable.

    (à suivre)


  • Retour à Paris.

    À Genève, la voiture n’est pas la bienvenue. Compter une demi-heure pour cent mètres. Parkings efficaces à la condition d’y parvenir.  Présélection généralisée. On doit savoir où aller, comment y aller. Vous êtes rappelés à l’ordre à la moindre hésitation.

    Parkings aussi impeccables que des halls de palace. Pas un grain de poussière, pas une trace de cambouis ou de pneu. Comment font-ils ? Les issues vous projettent sur un trottoir qui semble n’avoir jamais vu un bout de papier ou un mégot de cigarette. Passants à l’unisson. Costumes sombres, cravates, brushing discrets. Robes de bon ton, cheveux qui coulent avec élégance sur des épaules sportives.

    La semaine dernière au Salon du livre de Genève, Frédéric Beigbeder ex noctambule-chroniqueur parisien était interviewé devant un public jeune, sérieux et attentif. Il était venu présenter son dernier livre, un hymne aux vertus apaisantes de Genève où il s’est installé avec sa famille pour la naissance de son troisième enfant. Le médiateur l’avait lancé sur Marc Lévy. Pourquoi ? Peut-être pour comparer leurs notoriétés. L’autre avait répondu :

    — Je ne veux pas être méchant, mais pour moi, il y a deux sortes de littérature. Celle qui finit bien et celle qui finit mal. Je fais partie de la deuxième catégorie, celle du Jeune Werther de Goethe. Je serais ravi qu’après avoir fermé la dernière page, un de mes lecteurs se suicide.

    Affalé sur la table, cheveux en déroute qui lui mangeaient la moitié de la figure, regard un peu perdu, je me suis dit qu’il n’allait pas faire long feu dans cette bonne ville de Genève.

    Lorsqu’hier, Lyria, le TGV suisse m’a débarquée sur le quai de la gare de Lyon et que j’ai déboulé place de la Bastille où s’achevait une énième manifestation, j’ai cru atterrir sur une autre planète. Des CRS bloquaient les avenues, des détritus jonchaient le sol, des amoureux s’embrassaient, des familles en grappes venues de province et de banlieue se lançaient des blagues.

    J’aime Genève à laquelle je dois beaucoup, mais je dois dire que ce foutoir m’a fait du bien.

     


  • Les Pertes de La Valserine, suite et fin

    Aujourd’hui, que les années ont passé, je regarde avec un regard neuf (!) le travail du temps. Je m’émerveille enfin de ces millions de lustres qui ont permis au torrent de creuser la montagne. Je pense à ces jours innombrables d’où l’homme était absent, à cette lenteur quasi éternelle pulvérisée aujourd’hui par la précipitation, par le remue ménage des hommes qui bousculent la planète jusqu’à la mettre en péril.

    La Valserine disparaît dans la roche calcaire, elle s’y perd dans des crevasses sculptées de marmites du diable. On l’entend gronder sous nos pieds. On devine que la nature ne se laissera pas détruire sans protester. On devine que le changement climatique peut s’accompagner de phénomènes incontrôlables, combien est illusoire la maîtrise de l’homme sur la terre. Fini le romantisme qui attirait les touristes de la Belle Époque, place au réalisme, … s’il en est encore temps.

    Fin.

     


  • Les pertes de la Valserine

    Semaine du 24 avril au 1 mai 2018

    Les Pertes de la Valserine.

    Au début du siècle dernier, on venait de l’Europe entière admirer les Pertes de la Valserine. Enfants, nous passions chaque année sur la route qui serpentait au-dessus de la rivière cachée par des arbres. Bourrée à craquer, la voiture roulait à vive allure vers Nernier, le village de nos vacances sur le bord du Léman. Je m’en étais vanté et notre professeur de géographie n’en revenait pas d’avoir dans sa classe une élève aussi chanceuse.

    Je n’avais pas osé lui avouer que nous ne nous étions jamais arrêtés sur le petit parking et que nous  n’avions jamais descendu le raidillon qui y menait, trop impatients d’arriver ou trop préoccupés par le retour. Une fois arrivés, les baignades et les navigations nous intéressaient bien davantage que n’importe quelle merveille géologique. Depuis lors, mère et grand-mère, je passe désormais plusieurs mois par an non loin de là, sans y avoir encore mis les pieds. Peut-être afin de préserver l’impression provoquée par l’hyperbolique description de ma professeure.

    Mais voilà qu’avant-hier,  Emmanuel a eu la bonne idée de proposer cette promenade, cinq kilomètres depuis la ville de Bellegarde, à l’insatiable énergie de nos petits-enfants qui remplissent la maison pour les vacances de Pâques. Je ne fus certes pas déçue !

    (à suivre)

     

     

     


  • Printemps à Tougin

    Paris-Tougin, le 16 avril 2018

    Grève intermittente de la SNCF. Foutoir. Par chance, notre TGV n’a pas été annulé et nous voilà à Tougin, au calme et au soleil.

    Tom lit Harry Potter, Gilles remet en route la maison et la voiture, moi, l’ordinateur qui me conduit vers vous..

    Cet après-midi, nous irons dire un petit bonjour au Léman de votre part.

     


  • Touristes à Paris.

    Les touristes dans Paris se reconnaissent de loin. A leur comportement hésitant, flâneur ou encore programmé. On les voit arriver avec d’énormes valises, puis déambuler dans les quartiers historiques, vêtus de jeans et de tee shirts avachis.

    Dans l’ensemble, la cohabitation ne pose pas trop de problème. Pourquoi ne pas partager avec des gens venus du bout du monde cette ville où nous aimons tant vivre ? Ils nous offrent parfois de curieux  spectacles comme ces Mexicaines paradant à midi sur le Pont Saint Michel ou encore ces enfants nichés sur la grosse tête de Saint eustache.

    Mais il est désolant de les voir accumuler les selfies, tourner le dos à La Joconde, à Notre-Dame réduites à des faire-valoir de leurs petites personnes. Le passage des siècles pulvérisé par la perche à selfie. Espérons qu’au retour, Paris saura trouver une place dans leur cerveau mis en compote par la frénésie des tours opérateurs.

     


  • Les Dionysies, mars 2018

     

    Semaine des Dionysies. Spéciale Eschyle.

    J’étais trop fatiguée pour aller voir le Prométhée enchaîné. Je dois dire que je ne le regrettais pas vraiment, ayant le souvenir d’une pièce bavarde et statique. Le malheureux Prométhée ne bouge pas durant plus de deux heures, puni et enchaîné qu’il est pour avoir volé le feu aux Dieux et l’avoir livré aux hommes. Il est vrai que ces derniers n’en ont pas toujours fait un bon usage et que de nombreuses guerres en ont résulté. On m’a dit que la représentation fut un succès.

    Les Suppliantes furent moins bien accueillies. Le chœur n’était pas au point, rouage essentiel puisque c’est la parole des Égyptiennes qui supplient la ville d’Argos de leur accorder l’hospitalité, ancêtres des actuels demandeurs d’asile. Ayant pu assister à la table ronde de la BNF, j’ai appris que ces pauvres femmes menacées du pire dans leur pays n’étaient peut-être pas celles qu’elles prétendaient. Elles auraient accumulé roublardises et mensonges pour finalement contribuer à la chute d’Argos. Question d’interprétation ? Avec les Grecs anciens (et peur-être modernes) rien n’est jamais simple.

    Nous avons participé à la lecture du Café homérique du chant 22 de l’Odyssée. C’est l’histoire d’Ulysse et de ses compagnons aux prises avec les monstres Charybde et Scylla. Histoire horrifique et très amusante à déclamer. À la fin, le public fut convié à se joindre à nous. Ils ne laissèrent pas leur part aux chiens…

    Puis j’ai vu Les Perses pour la quatrième fois. La défaite mémorable des Perses dans leur tentative d’envahir la Grèce. Eschyle se fait un malin plaisir de louanger les vaincus pour mieux honorer les vainqueurs. Comment ne pas aimer la litanie des noms des guerriers, puis des morts qui ne reviendront jamais ?

    Le chœur :

    Où sont tes amis si nombreux d’autrefois ? où sont ceux qui combattaient à tes côtés, oui, Pharandacès, Susas, Pélagon, Datâmes, Agdabatès, Psammis, et ce Susicanès qui, pour te suivre, avait quitté Ecbatane ?

    Xerxès:

    Ils ont péri…


  • Hôpital Saint Louis, février 2018

     

    Visites à l’hôpital Saint-Louis sous la pluie, sous la neige, puis R.V. pour intervention. Deux heures d’attente pour enregistrement.

    Encore quatre heures d’attente le matin même, parce que le chirurgien opérait une urgence.

    Enfin mon front est entaillé et je ressors complètement groggy. Je reviens huit jours plus tard. Encore de l’attente. Je dois retourner vendredi prochain. Je m’attends à attendre… La vie est une longue patience !

    Je n’ignore plus rien du dernier interview sur le Point de Bernard Tapie, des bobos des uns et des autres, du danger de se mettre au soleil, de se faire tatouer, des conséquences désastreuses de certains piercings, des casseroles d’eau bouillante et des retours de flammes de barbecues…