• Voyage en République Démocratique Allemande 70 (suite 13)

    Le Mur de BerlinL’impression dominante était de déjeuner sur un gigantesque récepteur d’ondes destiné à capter un maximum d’informations sur l’Occident. Informations naturellement tenues secrètes pour le commun des mortels. Il semblait tout aussi évident que cette tour de 360 m de hauteur émettait à grande distance, et s’avérait un efficace outil de propagande politique. Une sensation de gêne parcourait le groupe et nous attendions la suite des événements : la visite annoncée du Mur, suivie d’une réunion autour de membres du gouvernement de la RDA.

    Nous entrions dans le vif du sujet. Nos guides nous conduisirent d’une main ferme à l’envers du mur que je connaissais du côté occidental par les photos et les reportages. On nous montra des immeubles inhabités, assez semblables aux immeubles haussmanniens de Paris, vides d’occupants et murés à l’ouest. Sorte de métaphore sur la pauvreté d’une RDA qui ne pouvait se permettre de voir partir sa main d’œuvre.

    Vision très éloignée des photos que nous connaissions, montrant des no man’s land où les fuyards étaient tirés comme des lapins. Savaient-ils que ces immeubles aux murs sombres et mystérieux aux escaliers vides nous évoquaient surtout l’angoisse de la dictature, de la police du petit matin ? Ils fourmillaient de fantômes en pleurs, familles cherchant à se reconstituer, d’espoirs détruits. Oui, le mur était sinistre ! À l’est, comme à l’ouest.

    (à suivre)


  • Voyage en République Démocratique Allemande (suite 12)

    tour-television-berlinOn continua vers la Tour de la Télévision. Comme l’ascenseur nous propulsait vers le restaurant situé au sommet, je ressentis que la montée tenait de l’aspiration chirurgicale. À l’arrivée, je m’éclipsais et je constatai une perte qui ne laissait aucun doute sur l’évacuation de l’embryon. Je n’avais pas encore eu le temps de prendre conscience de mon état, je me sentis juste soulagée de constater qu’aucune hémorragie ne menaçait, comme si un bourgeon mal accroché s’était tout naturellement détaché. Ce fut cependant dans un état un peu second que je rejoignis mes compagnons pour déjeuner sur la partie mobile qui surplombait Berlin.

    Durant la rotation du restaurant, nous avons eu tout le loisir d’observer Berlin du sud au nord et d’est en ouest. Je fus d’emblée surprise par l’abondance de verdure, de jardins et de lacs qui bordaient la ville, à croire qu’elle était posée sur un immense parc de conception à la fois savante et libre, une sorte de parc de Bagatelle à grande échelle. J’avais vu des images de capitale à forte densité, que ce soit les bâtiments opulents d’avant la guerre, les chicots de mur laissés par les bombes, ou l’intense reconstruction d’alors et je n’imaginais pas la somptuosité d’un tel écrin de verdure. Qu’en est-il aujourd’hui ? Les Français expatriés vantent la vie à Berlin et  je suppose que ses parcs y sont pour beaucoup.

    (à suivre)


  • Voyage en République Démocratique Allemande (suite 11)

    La TraviataEt ce fut une découverte ! Les crinolines et les costumes d’époque étaient assez indigestes, mais, le remue-ménage sur scène, la classe de Violetta, sa mort bien qu’interminable et son long chant d’amour désespéré me firent changer d’avis. Depuis,  je suis souvent retournée à l’opéra dans des registres variés, anciens, modernes et contemporains. Je remercie mon camarade, qui connaissait l’excellence de l’Opéra de Berlin, de m’en avoir ouvert les portes. Je ne suis cependant jamais devenue fanatique comme certains. Trop compliqué à mon goût ! Un ami chef d’orchestre m’a dit un jour que cela s’apparentait à l’art de gérer les catastrophes. Depuis, j’imagine les cordes qui cassent, les décors qui coincent, les gorges qui s’enrouent, les violons qui déraillent, le metteur en scène qui se ronge les ongles, et le pompier qui ronfle au fond de la salle, risques qui en font certainement la beauté.

    Le lendemain, on nous conduisit sur l’immense Alexander-Platz pour visiter le Palais du Peuple, dont nos guides firent grand cas, comme une des plus importantes réussites de la politique socialiste.  Je n’en ai pas beaucoup de souvenirs, si ce n’est qu’il s’agissait d’un bâtiment assez froid, fonctionnel, pouvant réunir des foules importantes. Il me sembla assez fragile, déjà usé par les groupes disciplinés qui en foulaient le sol et en grimpait les escaliers à longueur d’année, au nom de la culture marxiste.

    (à suivre)


  • Voyage en République Démocratique Allemande (suite 10)

    bois de bouleauEt nous sommes partis pour Berlin en car. Nous avons roulé sur une autoroute au revêtement antédiluvien, mais en bon état. Le trajet me parut long. Venant de Suisse, je fus déconcertée par cette interminable plaine, ces marécages et ces bois de bouleaux émergeant çà et là d’une brume sporadique. J’attendais la plaine grasse du nord, riche en loess s’étalant de la France jusqu’à la Chine, décrite dans mes manuels scolaires. Il n’en était rien. Il émanait de ces bouleaux argentés, de ces bois marécageux, un je ne sais quoi de mystérieux, quelque chose de primitif et de fascinant.

    Le car nous a laissés dans un hôtel du centre-ville, lequel, plus kitch, tablettes en bois simili acajou, radio incorporée n’avait rien à envier à celui de Dresde, robinet d’eau chaude en panne et papier peint en zigzag. Je me suis demandé si la radio captait les ondes de Berlin-Ouest, mais le curseur n’autorisait qu’une seule station. Et je suis descendue rejoindre mes compagnons.

    La guide nous proposa le programme à venir : une soirée cabaret ou la Traviata. J’allais choisir la première avec l’espoir d’en savoir davantage sur la RDA, mais mon camarade de la MJC m’en dissuada. Vibrant d’enthousiasme, il m’incita à m’inscrire pour la Traviata. Je n’étais encore jamais allée à l’opéra, réticente sur un genre qu’à la radio je trouvais long, ennuyeux, factice et grandiloquent.

    (à suivre)


  • Voyage en République Démocratique Allemande (suite 9)

    Siaska à l'oeilletJe me suis retrouvée dans une caverne d’Ali Baba, devant une flopée de chefs d’œuvre anciens, renaissance italienne, flamands, allemands, espagnols, français, que la guerre avait isolés du monde occidental. Et j’ai déambulé des heures, me nourrissant de ce que le passé européen pouvait m’offrir de plus admirable, de plus puissant, pensive devant une œuvre, interrogative devant une autre. Je me suis arrêtée longuement devant la Saskia à l’œillet de Rembrandt, bouleversée par son humanité, par cet œillet fragile tendu par la jeune femme vers le peintre, comme si je puisais à la source de mon existence.

    Je suis rentrée à l’hôtel en même temps que mes compagnons et je fus contrainte de leur expliquer mon absence. La réaction des plus âgés m’étonna,  ils pensaient que j’avais avorté volontairement. Aujourd’hui je comprends mieux leur attitude car contrairement à la France, dont la législation, à l’époque, punissait de prison les interruptions volontaires de grossesse, la RDA les pratiquait officiellement dans les hôpitaux d’état. Ils semblèrent surpris d’apprendre que j’étais mariée. En ce temps-là, une jeune femme voyageait rarement seule.

    Je dus faire la quête. J’avais changé mes francs en monnaie locale, laquelle ne valait rien en occident. Or les médecins m’avaient conseillée de retourner à Paris en avion depuis Berlin, le risque d’hémorragie ne me permettant pas un long voyage en train. Mes compagnons eurent la gentillesse d’échanger leurs francs contre mes marks. Après les avoir remerciés,  j’ajoutais que cette mésaventure avait eu l’avantage de me permettre de passer toute l’après-midi au musée. Je surpris dans leur regard une pointe de perplexité.


  • Voyage en République Démocratique Allemande (suite 8)

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    Le lendemain, dès le petit déjeuner, j’ai fait part de mon inquiétude à une de nos guides. Elle m’emmena aussitôt à l’hôpital. Je fus vite examinée par une gynécologue qui diagnostiqua un avortement spontané. Je ne pus qu’apprécier la qualité de la médecine de Dresde, la propreté de l’hôpital, son efficacité, la disponibilité du personnel soignant, entièrement féminin, du médecin au brancardier, sorte d’illustration de l’égalité des sexes dans la vision marxiste de la RDA. La guide m’informa d’ailleurs de la gratuité totale des soins après avoir rempli les papiers nécessaires et me reconduisit à l’hôtel. Pendant ce temps, le groupe avait continué sa visite officielle. C’est ainsi qu’une nouvelle fois, je fus livrée à moi-même, à l’écart du programme.

    Je commençai par déambuler dans la ville. Places et rues trop étendues, désertes. Le long d’une avenue trop large,  je comptai de nombreuses librairies dont les vitrines affichaient des ouvrages de taille et d’épaisseur variées, mais d’une commune rigueur janséniste. Sur tous sans exception on pouvait lire : léninismus, marxismus. Et je me demandais ce que ces deux mots qui ne me disaient pas grand-chose pouvaient évoquer aux Allemands de l’est.

    Le groupe m’avait vanté la Gemäldegalerie Alte Meister (Galerie de Peinture des Vieux Maîtres). J’ai donc profité de ma liberté pour me diriger vers le Palais Zwinger.  J’adore me promener dans les musées au gré de mes pas, m’arrêter devant un tableau comme on  hume l’arôme et la saveur d’une fleur dans un jardin, sans qu’on me dise ce que je dois voir.

    (à suivre)

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  • Voyage en République démocratique allemande, 1970 (suite 7)

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    Il s’y mêlait le sentiment étrange que cette armée soviétique sans contact avec la population la protégeait des remous de l’existence. Elle contribuait à un bien-être socialiste dont l’absence d’initiative semblait appréciée par nos interprètes et le personnel du restaurant, par les professeurs de l’école et les responsables qui guidaient nos pas. Qu’en était-il des Allemands de base ? Devant la fenêtre de l’hôtel, j’avais observé le manège des ouvriers sur le chantier d’un immeuble en construction. Un simple plateau en bois montait les matériaux par l’intermédiaire d’une poulie datant de Mathusalem. Des planches servaient de plateformes branlantes à des va-et-vient dont la lenteur et la nonchalance avaient quelque chose de surréaliste. J’aurais pu y découvrir le paradis des travailleurs, si je n’avais remarqué que rien ne fonctionnait dans ma chambre d’hôtel, ni la robinetterie, ni l’électricité et que le papier peint était posé à la va-comme-j’te-pousse.
    Le soir, nous avons assisté à une sorte de café-théâtre dont je n’ai aucun souvenir, si ce n’est que les blagues concourraient à recouvrir d’un rideau de fumée les problèmes de l’existence. À croire qu’en RDA, tout marchait comme sur des roulettes.
    Je me savais enceinte depuis un peu plus d’une semaine. Je me suis couchée alertée par un petit saignement. Comme il était tard, j’ai préféré ne déranger personne et je me suis endormie.

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  • Voyage en République démocratique allemande, 1970 (suite 6)

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    armée rouge 21-02-2017Comme toujours à la traîne par rapport au groupe, je me sentis tirée par la veste. Un étudiant m’incita à me glisser derrière la porte que nous franchissions. Entre deux casiers, il tira un carton à dessin. Comme s’il dévoilait le diable ou le saint sacrement, il me montra des fusains sur papier léger. Ils étaient inspirés de l’expressionnisme allemand de Beckmann. Je n’eus que quelques secondes pour les regarder, l’étudiant referma vivement le carton et me fit signe de rejoindre le groupe. J’avais pensé qu’il me demandait des magazines occidentaux. Il n’en était rien. Le jeune homme au visage tourmenté revendiquait son identité allemande, sa liberté de s’exprimer librement. Avec le recul, je devine qu’on lui aurait pardonné de détenir les fameuses revues, mais qu’il risquait beaucoup plus à revendiquer sa résistance à l’idéologie soviétique. À cette époque, la Stasi, de triste mémoire, enfermait, torturait et éliminait pour moins que ça. Il m’arrive de repenser à mon inconscience quant aux déterminations de la RDA et au courage de ce garçon. Je demeure cependant assez fière de lui avoir ouvert, par mon regard et sans le vouloir, une petite fenêtre dans l’univers quasi carcéral de son école. Aujourd’hui que le rideau de fer est tombé, que les deux Allemagne sont réunies, se souvient-il de cette rencontre ?
    Comment ne pas évoquer la présence permanente de l’armée russe, ses défilés  constants de camions dans les rues ? Ils faisaient davantage penser à une armée d’occupation qu’à une coopération militaire librement consentie. Le regard des passants niait les uniformes, me rappelant notre propre attitude à l’égard de l’armée allemande pendant la guerre. Pourtant la volonté soviétique me semblait plus lourdement déterminée, la menace moins discernable et peut-être plus incontournable.
    (à suivre)

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  • Yoga

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    MDR-blog-20170214-yogaHier, jeudi, Je suis allée au yoga. Le cours de Michelle (photo !) une américaine, ancienne danseuse de Brodway est ouvert à tous, quelque soit son âge.

    Depuis le printemps dernier, deux femmes m’intriguent, deux sœurs, petites et minces, visages ridés, dont l’ancienne beauté se lit encore dans de superbes yeux bleu clair. L’une d’elle se plaint régulièrement d’une santé défaillante. Absente durant quelques séances, sa sœur l’avait dite immobilisée chez elle sans désir de vivre. Nous avons été contents de la voir revenir, soucieuse mais le sourire aux lèvres. C’est véritablement merveille de les voir complices et aussi souples. Elles tiennent sur un pied dans la posture de l’arbre, font la chandelle mieux que les jeunes filles présentes, campées sur leurs épaules, les jambes en l’air. Je pensais qu’elles avaient abusé du soleil, ce qui avait prématurément flétri leur peau.

    Mais hier, dans le vestiaire, observant ses bras marqués par la vieillesse, j’ai osé demander son âge à l’une d’elle

    – Quatre-vingt-quatre ans.

    Elle s’est excusée :

    – Nous avons toujours été souples.

    – Vous avez fait beaucoup de sport ?

    – Non, non, seulement un peu de ski.

    Nous ne sommes pas égaux devant la vieillesse !

    (La suite du voyage en RDA, la semaine prochaine…)

     

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  • Voyage en République démocratique allemande, 1970 (suite 5)

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    MDR-blog-20170207-dresde-12294584Dominant l’Elbe, la vue sur Dresde était superbe. J’aurais dû apprécier sa courageuse reconstruction, mais je détournais le regard d’une ville qui se remettait tant bien que mal de son saccage par les bombes au phosphore des Alliés à la fin de la guerre. Barres alignées sans charme, places trop étendues et désertes. Quelques palais baroques, en partie restaurés témoignaient tragiquement de son ancienne beauté.

    Attablés autour d’un goulasch simple, mais savoureux, la conversation était surtout menée par les huiles de notre groupe. James Pichette attirait le regard, brun de peau, nez courbé, yeux perçants sous des sourcils de jais. Devant l’étonnement des jeunes, il jeta, comme on lance une obole :

    – J’ai du sang sioux dans les veines, qui vient de ma grand-mère.

    Il blaguait en écoutant ses compagnons évoquer des anecdotes cocasses sur leurs précédents voyages à l’est. À mon retour, j’entendis son nom dans la bouche de plusieurs de mes amis de Réalités Nouvelles, salon d’inspiration abstraite. Ayant commencé à peindre pendant la guerre dans les maquis savoyards, il avait en 47 travaillé sur les décors de Cinecitta avant de rejoindre des groupes de peinture-jazz à New York. Il tranchait sur ses compagnons. Assurance US, associée à cette liberté d’allure particulière aux polyglottes et aux bourlingueurs. Que faisait-il en RDA, à une époque où malgré le triomphe des premiers pas sur la lune, l’Amérique, empêtrée dans la guerre du Vietnam, marquait le pas par rapport à l’URSS de l’ère Brejnev ?

    On nous conduisit l’après-midi à l’École des Beaux-Arts de Dresde. On nous fit visiter des ateliers où des étudiants apprenaient à peindre et à sculpter des modèles musclés dans un confort inconnu des Beaux-Arts de Paris. On nous fit l’éloge d’une sélection commencée dès l’âge tendre donnant ses chances aux talents sélectionnés jusque dans le moindre village. Les dortoirs et la cantine proches des ateliers évoquaient un monastère ou un pensionnat militaire. Les professeurs nous accueillaient avec une extrême courtoisie et les élèves penchés en silence sur leur travail nous jetaient des regards furtifs. On m’avait prévenue. La censure y était reine. Dans le but de recueillir quelques confidences, certains d’entre nous s’étaient munis de revues du genre Paris-Match, dont les Allemands de l’Est étaient très friands et qu’ils lisaient clandestinement.

    (à suivre)

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