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Le vent de côté était favorable à un départ tranquille, sans changement de bord devant la ligne.
De catégorie en catégorie, on vit s’élancer les plus grands voiliers. Les équipages assis côte à côte, jambes pendantes à l’extérieur pour faire contrepoids comme des hirondelles sur leur fil. Il est vrai que le vent avait forci et que nous commencions à balancer sérieusement. Les bateaux ressemblaient maintenant à de grands fauves se ruant vers le large dans des gerbes d’embruns qui brillaient au soleil. Quand nous avons quitté le golfe, notre vedette s’est cabrée et nous avons essuyé un paquet de mer qui nous fit refluer, trempés vers l’arrière.
— Évitez de charger l’avant, nous conseilla le guide
Il nous montra la bouée du large que les premiers avaient déjà contournée et nous donna encore quelques leçons de stratégie, un voilier ayant essayé de déventer celui qui le précédait. Nous serions restés des heures à regarder, à l’écouter, à méditer devant les éléments, mais sans prévenir la vedette fit demi-tour. Il était temps de rentrer, le départ avait tardé, elle était attendue pour ses navettes habituelles. Le guide, de cette voix de navigateur un peu traînante, s’excusa du calme de la course.
— J’espère que cette ballade vous aura fait plaisir et que nous nous reverrons l’année prochaine.
Aux réactions de l’entourage, nous avons compris que la plupart des passagers avaient quelques liens avec la régate, certains y avaient autrefois participé et ce pèlerinage leur tenait à cœur. Ils seraient au rendez-vous !
La vedette nous a lâchés sur le quai de Saint-Tropez. Quand nous avons retraversé la baie vers Port Grimaud les voiliers n’étaient plus que des petites virgules au large. Nous avons trouvé un restaurant de plage et c’est au soleil que nous avons déjeuné en oubliant le temps moins clément de Paris.
Merci à toi Philippe pour cette belle journée !
Fin
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Des grappes de costauds tiraient sur les drisses. Chaque équipage avait sa couleur, vert émeraude, bleu outremer, rouge vermillon, couleurs qui mettaient en valeur leur cohésion.
Nous avons attendu la vedette devant les terrasses clairsemées de Port-Grimaud, la foule s’étant concentrée à Saint-Tropez. Le soleil chassait peu à peu la fraîcheur de la nuit et cette journée d’automne s’annonçait magnifique.
J’ai eu quelques difficultés à retrouver mon chemin dans les interminables couloirs. Gilles et mes amis m’attendaient sur les marches du portail d’entrée, manifestement impatients de recueillir mes impressions.
Elève brillante, elle avait commencé une licence de mathématiques. Reçue première de la région, elle avait annoncé à ses parents qu’elle voulait arrêter et faire des études d’infirmière. Dotée d’un fort tempérament, elle avait eu gain de cause. Après une ou deux années de pratique, elle était entrée au Carmel du Reposoir.
Etrange ! Ses parents habitaient près de chez nous et nous allions dans la même école. Nous avions passé de nombreux moments les uns chez les autres. Afin de lui permettre de me situer, après avoir évoqué sa sœur jumelle, je lui demandai des nouvelles de sa famille. Elle me parla longuement des uns et des autres avec précision. Elle n’avait donc pas perdu la tête ! J’essayai d’évoquer la mienne.
La sœur tourière et moi avons gravi toutes les deux un escalier de pierre, en haut duquel nous avons franchi une vaste porte de chêne fermée à clé. Encore quelques couloirs et elle m’introduisit dans une petite pièce dont le fond était fermé par une grille en fer forgé. Derrière la clôture je vis arriver ma cousine clopin clopant vêtue d’une robe de bure noire. Encadrant un visage émacié, quelques rares cheveux blancs dépassaient de sa coiffe de nonne. J’avais quitté une jeune fille athlétique et blonde, je retrouvais une vieille femme chenue.
Nous nous sommes donc dirigés vers le Mont Blanc. Son prisme grandiose semblait nous montrer le chemin. Après un café au soleil dans le village du Reposoir, et quelques virages dans la forêt, nous avons découvert le Carmel, solidement implanté au pied de la muraille des Aravis. Comme aspirés par l’étrangeté du lieu, nous avons commencé la visite du monastère, du moins celle du cloitre et de la chapelle, lieux austères sublimés par la prière et la méditation. Sur le côté du chœur, une grille séparait les laïcs des nonnes. En sortant, nous nous sommes arrêtés dans la boutique tenue par une sœur tourière.
Bernard et Nelly nous avaient proposé une visite du Carmel du Reposoir, à deux pas du col de la Colombière étape incontournable du Tour de France. Ils ne pouvaient pas savoir qu’une de mes cousines en avait définitivement franchi la porte plus de cinquante ans auparavant. A l’époque, nous étions assez proches. Je ne l’avais pas revue depuis. Elle vivait donc à 1500 m d’altitude, cloîtrée, à peu près sans contact avec le monde. Il y a longtemps déjà, sa sœur jumelle, m’avait raconté qu’elle avait frappé à la porte du Carmel, mais que la religieuse avait refusé de la voir du fait qu’elles s’étaient déjà rencontrées l’année précédente.