• Jean qui rit et Jean qui pleure

    Un rayon de soleil et nous avons filé à Vevey pour aller au musée Jenisch voir une exposition sur les arbres.

    La Riviera suisse nous a sidérés. Dans la sérénité du lac, le frou frou des aubes du gros bateau, la lumière de septembre, les démarches nonchalantes des touristes fortunés sur fond de montagnes tamisées par une légère brume, tout n’était que luxe, calme et volupté.

    Nous avons déjeuné sur la place du port dans un restaurant familial entourés de vieilles dames discrètement papoteuses, de jeunes discutant en complets-veston et cravates. Sur la terrasse, une femme bronzée et sportive, chirurgie esthétique, cheveux blonds cendrés coulant sur la nuque, élégante, lunettes de soleil de prix rejetées sur le crâne travaillait sous les arbres en vidéo-conférence.

    Par contraste, les tatouages sur les bras du serveur m’ont intriguée, un crucifix le long du cou. Je lui ai demandé s’il était Suisse, il m’a répondu gentiment :

    — Je suis Français, ici tous les serveurs sont français, les Suisses ne veulent pas faire ce travail.

    — Vous êtes d’où ? a demandé Gilles.

    — De Nice.

    — C’est un peu la même chose, la Riviera.

    Il fit la moue, puis comme Gilles insistait, il a dit d’un air ravi :

    — Ici c’est beaucoup mieux, … et puis ici les clients sont éduqués !

    Après un instant d’hésitation, avec la crainte d’être indiscret, il a demandé :

    — Et vous ?

    — Nous habitons Paris.

    Il a littéralement sauté sur place :

    — Je ne pourrais jamais habiter Paris, j’en mourrai !

    Je lui ai répondu en riant :

    — Paris, c’est vivant ! Il y a des émeutes !

    À une table de nous un homme d’une soixantaine d’années, cheveux blanc coupe un peu longue, intellectuelle feuilletait le Canard Enchaîné. Il a imperceptiblement manifesté qu’il avait entendu, mais réserve helvétique oblige, il n’a pas levé les yeux.

    Le lendemain, nous avons sauté dans le car, puis le TGV, enfin dans le 29 et nous nous sommes retrouvés vers 23 heures dans l’appartement de Paris que nous avions quitté deux mois auparavant.

    Les obsèques de Nicky avaient lieu le lendemain mardi à dix heures dans l’église Saint-Charles-de-Monceau.

    L’église était bien remplie pour une fin de vacances. Nicky laissait quatre enfants et une quinzaine de petits-enfants qui tous s’exprimèrent sur leur père et grand-père dans des termes admiratifs et affectueux, évoquant son goût de la marche en montagne, de l’escalade à Fontainebleau, ses repas gastronomiques. Nous avons cru qu’il n’y aurait pas de messe, le prêtre étant invisible et l’autel dégarni. Rien d’étonnant, Nicky n’ayant jamais manifesté de penchant particulier pour la religion. Mais le prêtre s’est avancé. Il a récité la lettre de Paul aux Corinthiens : S’il me manque l’amour… et a embrayé sur l’homélie.

    En vieil habitué, il a gentiment remis les pendules à l’heure, tempérant les louanges précédentes par la difficulté pour chacun de vivre et de mourir.

    Les hommes de la famille ont tendu des sébiles dans les rangées, gros billets jusqu’au bord. On était dans le quartier de Monceau ! Et la messe s’est poursuivie. La plupart des fidèles ont communié. Puis nous avons été conviés à la bénédiction du corps.

    Ce fut un choc. Son chapeau était posé sur le cercueil. Un chapeau aux larges bords, en cuir roux, qu’on lui avait toujours vu sur la tête. Les larmes me sont montées aux yeux.

    On s’est ensuite retrouvés dans son appartement avec toute la famille, ces enfants que nous avions connus tout petits, puis parents et maintenant presque grands-parents. Que la vie est courte ! Que les destins sont étranges ! Réussites, échecs ? Les circonstances portaient à la modestie.

    J’ai dit à Anne, l’ainée :

    — Comme c’est étrange ! Nous ne reviendrons jamais dans cet appartement !

    Et j’ai ajouté :

    — Il est probable que je ne te reverrai jamais !

    Elle m’a jeté un regard un peu désespéré. En effet, nos chemins divergeaient…

    Le lendemain, nous sommes revenus à Tougin où la fête du quartier nous attendait sous les grands arbres du square. Contraste. Un savoureux bonheur que je ne vous décrirai pas par crainte d’être trop longue.


  • Semaine du 29 août au 4 septembre 2023

    Mort d'Evgueni Prigojine : le pilote personnel du patron de Wagner suspecté  par les autorités russes - ladepeche.fr

    Mort de Prigojine.

    Julien, Thomas, Gaël.

    L’Anatomie d’une chute. Très beau film


  • Canicule

    Très grosses chaleurs sur plus de la moitié de la France. Phénomène d’autant plus inquiétant qu’à la fin du mois d’août on voit survenir d’habitude plusieurs jours de froid et de pluie avant le retour d’un soleil plus doux en septembre.

    La Vierge d’août ne laisse pas le temps comme elle l’a pris. En effet !

    À Lyon et à Grenoble des pointes à plus de 40°. Les roses du jardin fanent à peine ouvertes avant même d’avoir eu le temps de répandre leur parfum. J’ai dû protéger les géraniums avec un écran de papier. Les oiseaux ne chantent plus. On ne voit plus que des moineaux. Où sont donc passés les merles, les rouges-queues, les mésanges ? Même les pies ont disparu. Morts de faim et de soif ? Ont-ils émigré en altitude ?

    La sécheresse persiste depuis plusieurs années malgré un printemps pluvieux et les arbres meurent.

    Dimanche, nous sommes allés déjeuner au sommet du téléphérique de Crozet avec la famille d’Ève venue passer quelques jours à Tougin. La terrasse était bondée. Il y faisait bon, un petit air frais caressait les visages. La vallée et le Léman s’étalaient à nos pieds, on devinait les Alpes au loin, mais le mont Blanc était invisible, fondu dans la brume de chaleur. Je n’étais pas montée à Crozet depuis de nombreuses années et les gracieuses prairies sur lesquelles autrefois les enfants faisaient de la luge s’étaient couvertes de maisons, de lotissements et même d’immeubles. À notre arrivée le pays de Gex comptait moins de 30 000 habitants, cette année sa population a atteint les 100 000.

    Nous avions commandé le repas quand derrière nous un petit orchestre balkanique a retenti bientôt accompagné d’une chanteuse poussant la goualante. La sono anéantissait le calme et la sérénité de la montagne déjà mis à mal par le bruit des conversations amplifié par les tentes-parasols. On a tenu environ un quart d’heure, puis on s’est réfugié à l’autre bout de la terrasse après avoir prévenu les serveuses.

    La Javanaise, Champs-Elysées, Que Sera Sera, etc. se sont succédés, répertoire destiné aux Ehpad, et aux personnes un peu dures d’oreille. À la fin de chaque chanson, les applaudissements fusaient avec enthousiasme. Une jeune fille s’est approchée de notre table :

    — Je suis chargée de vous demander si vous avez aimé la musique qui vous est offerte par le syndicat des communes du pays de Gex.

    — Nous avons dû nous écarter, c’était un peu fort !

    — Oui, c’est vrai, mais il faut bien que tout le monde entende ! répondit-elle sans se démonter.

    Une heure et demie plus tard, malgré les propos rassurants des serveuses nous n’étions toujours pas servis. Emmanuel a fini par élever la voix. Une demie heure encore et la patronne est arrivée avec les assiettes à bout de bras.

    — On ne vous avait pas oubliés, mais votre commande est passée à une autre table. Toutes nos excuses !

    Durant l’attente, les serveurs étaient pourtant passés et repassés devant notre table vide. Nous avions bousculé la routine, ils n’avaient pas su improviser. Il est vrai qu’il y avait du monde !

    Ce fut très bon, mais aussi un soulagement quand nous sommes sortis. Les jeunes démarraient une courte balade malgré la chaleur et nous allions regagner les télécabines. Il fallait monter un petit raidillon. J’y suis allée un peu fort et mon cœur s’est emballé. J’ai craint de voir se répéter l’aventure du début d’août, mais son rythme s’est assagi dans la benne.

    Une leçon pour notre future balade sur l’Etna.


  • Travail. Henriette et Lionel

    Le beau temps est revenu, la canicule s’annonce.

    De retour, Gilles m’a raconté les événements qui ont jalonné son séjour à Lasalle, la vie de troupe, la représentation des Suppliantes devant un public clairsemé mais fervent. J’ai eu des nouvelles de Suzy, de Xiaoli, d’Hubert, d’Anne-Iris, de Diane-Iris, etc. Un plaisir d’autant plus apprécié que je n’ai pas eu besoin de prendre le train ou la voiture, de dormir dans un lit inconnu, d’attendre durant des heures entre deux repas, entre deux répétitions.

    Un peu regretté les promenades dans les paysages cévenols, mais je conserve bien au chaud dans ma mémoire notre périple au mont Aigoual avec les enfants du temps où ils ouvraient les yeux sur le monde. Ressurgissent sans leurs petits tracas les épopées qui entouraient nos trajets, les bivouacs homériques en camping-car et cela me suffit.

    Le repas avec Henriette et Lionel combla une solitude devenue un peu pesante. Des propos passionnants sur nos existences respectives, un passé, des amitiés communes. Lionel nous offrit un concert sur mon modeste piano, en particulier une sonate de Brahms qu’il laissa s’envoler comme une bulle de liberté. Lionel perd la vue. Il doit utiliser désormais un agrandisseur et apprendre ses partitions par cœur, ce qu’il évitait de faire jusque là. Mais rien ne l’arrête.

    — Diable d’homme, dit Henriette.

    Nous avons eu la surprise de l’entendre évoquer sans nostalgie ses tournées internationales. Il nous a raconté une arrivée à San Francisco après 12 heures de vol, le concert sur un orgue minable, les soirées solitaires dans les hôtels après les ovations :

    — Les Japonais, oui. Ils savaient recevoir !

    Et c’est ainsi que le beau temps revenu, les journées se sont succédé sans surprise. Le matin, nage à Versoix dans un lac de rêve, modelage, déjeuner dans le jardin, après-midi corrections des chroniques de l’année en vue de publication, marche le long de l’ancienne voie ferrée au pied des crêtes, cueillette de noisettes, dîner dehors, scrabble et concerts de la Roque d’Anthéron sur France musique. Piano en intermède, la mise au point de l’adagio de Bach-Marcello, supervisé par Nick, lequel me dit :

    — Compte et savoure !

    Gilles travaille sa rythmique du vers homérique. Il fait la cuisine, les courses et je tiens la maison en ordre. Une existence des plus rangées qui a fini par me poser quelques questions.

    N’est-ce pas passer à côté de l’essentiel ? On me dit qu’il faut bouger, voir des tas de gens, organiser des activités, participer à des événements. À Tougin, je perds peut-être mon existence, sans compter le risque de l’oubli. C’est vite fait de ne plus faire partie de la communauté humaine, d’être relégué dans les marges ou même dans la catégorie de ceux dont on ne sait pas s’ils sont vivants ou morts.

    Et pourtant, je ressens profondément le besoin de ces instants de méditations, de repli, de recherches solitaires, d’observations tranquilles, de liberté. Ils me comblent d’une joie mystérieuse. Pas si facile que ça à assumer dans un monde qui s’en fiche.

     Mais je n’ai pas le choix, j’ai toujours avancé au présent, sans penser aux conséquences de mes actes. Ce n’est pas maintenant que je changerai.

    Tant pis pour moi ! Et pourquoi pas tant mieux ?


  • Solitude.

    Une semaine de solitude. Gilles était allé dans le Gard pour jouer Les Suppliantes.

    Solitude totale dans le froid, la pluie, le vent. Village désert, pas de bains dans le lac, peu de promenades, pas de repas dans le jardin. Voilà qui vous oblige à réfléchir, d’autant plus que j’ai dû gérer un problème cardiaque.

    Forte de mon expérience du début du mois de la traversée de Paris en taxi vers l’hôpital Saint-Joseph, j’ai tenté d’éviter ce genre d’aventure. Pour atteindre l’hôpital le plus proche d’ici, il faut se rendre en Haute-Savoie et donc traverser par la rocade le canton de Genève. L’attente aux urgences peut atteindre plusieurs heures. J’avais entendu dire grand bien d’un service médical dans l’Ephad de Tougin, mais il fallait appeler le 15 et je risquais de me retrouver dans une ambulance sans autre forme de procès. À pied, le cœur en chamade, je suis allée m’informer sur place. La secrétaire m’a expliqué que le médecin était en train de tourner, qu’il y avait un électrocardiogramme et ce qu’il fallait sur place. Elle ajouta :

    — Si vous voulez, une infirmière peut vous examiner. Il se trouve qu’elle est libre.

    J’ai décliné :

    — Je n’ai rien sur moi, ni papier d’identité, ni carte vitale.

    — À vous de voir, me dit-elle, un peu inquiète.

    — Je me connais, ça va aller. Je sais que je peux être prise en charge, c’est le principal.

    Je savais mon cœur un peu fatigué, mais pas plus que ça et j’étais protégée par un traitement au long cours. Je devais seulement patienter. Pas facile quand on est seule. Il retrouva son rythme au bout de 24 heures. En attendant, le moindre geste me parut insurmontable et le temps bien long, surtout dans cette atmosphère lugubre. Pas bien méchant, mais rien de tel pour vous faire réfléchir à la vie passée, à l’avenir qui se raccourcit, à ce qu’on va laisser derrière soi.

    La solitude provisoire a ceci d’étrange qu’elle vous fait passer par des états d’esprit successifs intéressants : sentiment de liberté, exploration de situations inhabituelles, recherches de solutions, sentiment d’abandon, espoirs au son du portable, le travail comme salut, la radio durant les repas, la voiture comme une possibilité et j’en passe… Au bout d’une semaine, l’habitude avait pris le dessus, d’autant plus que le temps s’arrange un peu.

    Heureuse de retrouver Gilles, je sais qu’il me faudra de nouveau partager l’espace, accepter toutes ces petites concessions qui font la vie à deux. Il a vécu des moments de rencontres, de convivialité qu’il me racontera. Semaine fructueuse.

    Je suis allée au cinéma dans le froid et la pluie. Nous étions cinq dans la salle, dont trois femmes seules. Le mouvement des images, un excès de gros plans, une sono trop forte m’ont fatiguée. J’ai été contente de retrouver le silence du village et de la maison.

    Nick et sa famille sont revenus de leurs vacances à Valence en Espagne. Au départ, 38 degrés, à l’arrivée 17. Leur chien Jarvis avait l’air assez sonné.

    Hier, à la caisse du Carrefour Market. J’ai un mouvement de recul devant le caddy archi plein de la cliente devant moi, une femme corpulente pour ne pas dire obèse. Son petit garçon me regarde avec une certaine hostilité, huit-dix ans, maigre, des yeux qui mangent une figure en mauvaise santé.   

    Machinalement je regarde défiler ses achats. Il n’y a là que de la nourriture néfaste, beaucoup de gâteaux, de produits ultra transformés, pas de légumes, pas de fruits. Mon esprit critique commence à se mettre en route quand je réalise qu’ils sont presque tous en promotion. Le garçon sur la défensive suit mon regard, la femme me lance un sourire, je retiens la beauté de ses yeux d’améthyste. Le caissier lance le total d’un ton neutre après avoir fait des calculs de ristournes sur nombre d’articles.

    Quand ce fut à mon tour de payer, mes six ou sept articles coûtèrent à peine moins que son caddy rempli à rabord. Je n’avais pourtant acheté que du quotidien…


  • Hermance. Tamié. Les Filles d’Olfa.

    Pas trop envie d’écrire. Farniente ?

    Pour cause de froidure et de pluie éventuelle, nous avons dû repousser notre navigation sur le lac et le repas à la Comète avec Jenni. J’en parlerai plus tard. Il m’a envoyé un drôle de petit livre qui raconte une croisière en voilier dans les années 50, à la manière de Trois hommes dans un bateau, écrite pour les amoureux du Léman dont il fait partie.

    Pas trop de difficulté à passer le pont du Mont Blanc. Déjeuner à Hermance au bord du lac. Vent du sud, vent « blanc » Ah, le chant des vagues sur la glissière et le mur du quai ! Retrouvailles et conversations confiantes avec Nelly, Bernard et Laurette. Alain trop fatigué n’avait pas pu se joindre à nous. Le temps passe, mais l’amitié ne vieillit pas.  Délicieux filets de perches « du lac».

    La veille, beau temps. Une rencontre au col de Tamié avec Jean-Claude, Ève, Emmanuel et Noé au restaurant, dans un chalet à l’ancienne. Une sorte de musée des intérieurs savoyards du début du 20e siècle. Tartiflettes, jambon de pays, vacherin, tout était délicieux, servi par une patronne qui avait largement dépassé l’âge de cette retraite qui a tant remué la France le mois dernier. Noé nous a offert des macarons qu’il avait confectionnés lui-même. Même Hermé n’en fait pas de plus jolis ni de plus raffinés. Incroyable ! Il arrive sur vingt ans… À cet âge et encore maintenant, je n’ai fait et ne fais que de la cuisine basique.

    Je demande à Jean-Claude des nouvelles de Madagascar où il a été missionnaire durant 50 ans, il répond :

    – J’ai surtout des nouvelles par les religieuses. Elles font du bon travail.

    Je le taquine :

    – Les femmes ne sont pas si mal que ça !

    – Elles sont épatantes. Elles sont même tellement bien que je n’ai jamais pu en choisir une, réplique-t-il avec un sourire.

    Ce qui a fait rire Noé, assez peu au courant en ce qui concerne l’Église catholique.

    Une autre fois, Jean-Claude avait dit :

    – À entendre les gens en confession, je suis bien content de ne pas m’être marié !

    Nous étions arrivés en retard, immobilisés pendant une heure devant l’aéroport de Genève. Quand la file s’est ébranlée, nous n’avons vu aucune trace de l’accident sur l’autoroute. Il a dit sur un ton tranquille :

    – C’est bien suisse. On nettoie et c’est comme s’il ne s’était rien passé !

    Nous bénéficions à Gex d’un cinéma qui passe des films d’art et d’essai, souvent juste après leur sortie. C’est ainsi que nous avons vu Les filles d’Olfa, un documentaire-fiction sur une famille tunisienne dont deux filles ont rejoint l’Etat islamique. L’affaire avait fait grand bruit à l’époque. Pris sur le vif, un très beau film qui montre sur quel terreau  peut s’installer le fanatisme et quels rouages sont utilisés par ses prédateurs. Manque de structures, absence des pères, pauvreté, maladresses, mais aussi  beaucoup d’amour et d’humour. Une scène où elles rejouent la première fois qu’elles enfilent un hidjab.

    – Rabats ton voile, tu es beaucoup trop belle, dit l’une d’elle à sa sœur, se moquant du puritanisme de DAESH.  

    Les deux filles restées en Tunisie disent avoir été sauvées par un centre de rééducation. Les deux autres sont en prison en Libye pour encore de nombreuses années.

    Le spectacle d’Émilie, Rentrée 42  a reçu la Palme du meilleur spectacle Off d’Avignon. Nous sommes tous très fiers d’elle et les félicitations fusent sur WhatSapp.


  • Maison vide et village désert

    Il arrive à Paris, et c’est rare, qu’une semaine s’écoule sans événement particulier. Soir après soir nous nous retrouvons devant la télévision sans avoir rencontré grand monde et la routine peut devenir pesante. Cependant, sitôt sortis sur le palier, sur le trottoir, dans l’autobus ou dans le métro une vie nous est offerte qui ne fait jamais défaut.

    Ici, la nature nous ouvre les bras, surtout ces derniers temps où le soleil brille tous les jours, de temps en temps éclipsé par des orages furtifs à peine accompagnés de quelques gouttes d’eau.

    Le village cette semaine était désert, pas âme qui vive, nul mouvement. Un chat noir au soleil dans le jardin, un autre, roux, en cavale, des moineaux piailleurs, des promenades le long de l’ancienne voie ferrée, au bout d’un certain temps cela devient un peu monotone. Les noisettes mettent du temps à murir. Le soleil tape un peu fort sur la tête.

    Je me disais que nos voisins étaient peut-être partis ou malades, mais hier je vois le garage de Marcel ouvert. Je vais y jeter un coup d’œil et j’entends du fond de la maison :

    — Ah, Martine ! On te croyait malade !

    Jacqueline surgit de son escalier :

    — On était inquiet. On ne te voyait plus !

    Je réponds :

    — Nous aussi on se demandait si vous n’aviez pas des problèmes.

    Olivier et son ami rappliquent, un piège grillagé au bout du bras

    — On a trouvé un des bébés !

    Je mets un certain temps avant de comprendre qu’il s’agit d’un des chatons nouveaux-nés. Homosexuels, des armoires à glace, en maillots sans manches, biceps tatoués, des anneaux dorés dans les oreilles, ce sont des tendres.

    Et nous voilà à discuter d’un peu tout, du temps, des orages à venir, de la fête du hameau qui pourrait avoir lieu début septembre avant notre départ.

    Ils se sont éloignés pour continuer la recherche de l’autre chaton qu’ils ne veulent pas laisser dans la nature.

    — On doit aussi retrouver la chatte pour la faire stériliser.

    Jacqueline me dit alors :

    — On t’entendait jouer du piano. On se disait que tu décompressais.

    Une allusion à notre vie parisienne.

    — J’espère que je ne vous casse pas les oreilles.

    — Non, pas du tout ! Tu peux même jouer plus fort, on aime bien t’entendre et même tu peux jouer le soir et la nuit, si tu veux !

    Nous sommes partis visiter leur jardin à la recherche d’une marmite à pendre à la potence de notre façade pour y planter des fleurs. Les tomates sont rebondies, mais les haricots, les pommes de terre, les framboises inexistantes, pas assez de pluie. La sécheresse sévit comme partout. Même les plantations de la commune pourtant abondamment arrosées se flétrissent. De plus en plus inquiétant !

    Je suis rentrée toute ragaillardie à la maison. Non, le village n’est pas un lieu vide et sans âme. Il s’y passe des événements lesquels pour n’être pas extraordinaires n’en sont pas moins réconfortants.

    Le soir même, en écoutant Le Masque et la plume à la radio évoquer le festival d’Avignon, je me suis dit que notre village leur paraîtrait bien terne. Les critiques ont minutieusement décrit un spectacle qu’ils avaient jugé intéressant : l’actrice-auteur était endormie sur la scène et une caméra projetait en direct sur un écran l’intérieur de son vagin. Le lendemain, j’ai lu dans Le Monde qu’une franco-africaine « queer » y faisait une performance. Nue pendant trois heures dans des positions suggestives, elle évoquait les horreurs de la colonisation, du racisme noir, de l’antiféministe. Des photos exhibaient ses cent kilos et plus, dénudés, entourés d’autres Africaines revendiquant leur présence d’ostracisées. Pas dans la dentelle ! Les deux spectacles recueillaient les suffrages des journalistes, lesquels louaient leur courage et leur lucidité.

    Je dois dire que rétrospectivement je fus heureuse d’avoir vu quelques jours auparavant le film de Nani Moretti, Vers un avenir radieux. Loufoque, libre, moqueur de lui-même et des autres. Une respiration !

    Comme je téléphonais à Claudine :

    — Nous sommes tous les deux, tous seuls, comme des vieux couillons.

    Elle m’a répondu avec sagesse :

    — Ça fait du bien de temps en temps. Ça fait réfléchir !


  • Maison pleine.

    le Grand Capricorne du chêne (Cerambyx cerdo), biologie et développement;

    Vide ou pleine, ce n’est pas la même maison.

    Certaines pièces deviennent inaccessibles, des chaussures jonchent le sol de la cuisine à côté de la porte d’entrée, papiers d’identité, porte-feuilles, smartphones, clés de voiture encombrent les meubles. Deux fois par jour, la cuisine tourne au chantier avec épluchages, plats et casseroles dans l’évier.

    Heureusement, en été la plupart du temps et c’était le cas cette semaine, nous prenons nos repas dans le jardin. Mais le problème, c’est le parasol. Il y a toujours une tête au soleil. On se pousse on s’arrange. De bons moments, on discute, on raconte des anecdotes, on plaisante, contents de se retrouver. Le soir, le salon paraît soudain trop petit.

    Puis, un jour, en général après le café, les coffres bourrés, on s’embrasse et les voitures s’éloignent avec de grands gestes d’adieux. C’est alors que la maison change du tout au tout. Le silence la recouvre à nouveau. Une fois les draps dans la salle de bains, les lits refaits, les portes et les fenêtres s’ouvrent, l’espace s’agrandit.

    Les enfants nous disent :

    — Après notre départ, ça doit faire un vide !

    S’ils savaient ! On entend de nouveau respirer la maison, souffler le vent dans les velux, gratouiller les petites bêtes dans le jardin. Tout un petit monde qui retrouve sa place, nous consolant de les voir partir.

    D’ailleurs, hier soir, vers 23 h, une nuée de fourmis volantes a soudain envahi le salon. Par centaines elles se sont accrochées aux rideaux, ont obscurci les fenêtres. On s’est battu pour les chasser. Le matin, elles avaient toutes disparu. Il faut croire que la reine était partie et qu’elles sont allées établir leur colonie chez les voisins.

    Non, l’aventure ne se termine pas avec le départ des enfants. Ce matin, un énorme insecte de près de dix centimètres avec des antennes plus longues encore longeait le mur près du portail.

    — Un capricorne ! s’est écrié Gilles.

    Les capricornes, la terreur des vieilles maisons ! Ils grignotent les poutres même les plus grosses en un rien de temps transformant l’intérieur en une sorte de gruyère fragile rempli de farine de bois.

    Le voilà qui grimpe sur le mur en direction du toit. Gilles le prend de vitesse, le rejette au sol. Le temps que je ferme les yeux, il l’avait écrasé sans état d’âme.

    Nous nous sommes précipités sur Wikipédia. Oui, un des plus gros insectes d’Europe ! C’était bien un capricorne, mais un capricorne des chênes, totalement inoffensif, une espèce particulièrement rare et protégée. Imaginez nos regrets. Dorénavant, nous n’écraserons plus les petites bêtes que le Bon Dieu nous a offertes, sans une enquête préalable.

    À propos de smartphone, durant son séjour notre petit-fils Marius, 16 ans, n’eut de cesse de nous convaincre de l’immense progrès que cet instrument de communication représente pour l’humanité. Il se heurtait de mon côté à un scepticisme qui l’indignait.

    Or il se trouve que le 14 juillet il nous a entraînés sur le Jura pour aller admirer les feux d’artifice dans la plaine. La montée dans la nuit et les nombreux feux au pied de la montagne, la couronne lumineuse le long de la partie savoyarde du Léman sont un spectacle assez étonnant. Nous les avons laissés grimper jusqu’à la lisière de la forêt et nous avons attendu allongés dans l’herbe. Les foins ondulaient dans le vent comme des vagues, avec un léger et doux murmure comme une respiration. On entendait au loin les cloches des vaches et les claquements du feu de Divonne. Le scintillement des étoiles traversait un ciel un peu voilé ajoutant au mystère de la nuit.

    Après nous avoir retrouvés, ravis du spectacle, ils sont redescendus à toute vitesse. Quand nous les avons rejoints à la voiture, Marius paraissait catastrophé.

    Il avait posé son smartphone sur le bord du coffre. En refermant celui-ci dans l’obscurité, il l’avait écrasé, « éclaté », comme il nous le dit sur un ton navré, tempéré par la volonté d’affronter la situation.

    Impossible d’imaginer Marius sans son smartphone ! Nous avons compati. Il l’avait payé fort cher et les circonstances l’empêchaient de transférer la carte Sim dans un vieux téléphone.

    Je dois avouer que je n’étais pas fâchée de le voir contraint de s’en priver pour un moment, mais naturellement, je n’eus pas la cruauté de le manifester.

    La privation fut de courte durée. Dès le lendemain matin, un réparateur du centre commercial voisin l’avait remis à neuf. Pour une somme non négligeable ! Seule la couleur du liseré extérieur avait changé. Elle était passée du gris au rouge clair, comme me le montra son propriétaire.

    Ouf !


  • Tougin.

    Grosse chaleur. En ouvrant les fenêtres durant la nuit, protégée par ses murs épais, la maison reste fraîche..

    J’ai eu du mal à partir cette année. Il se produit tellement de petits et grands événements à Paris, je craignais de m’ennuyer dans le calme de Tougin. J’ai eu du mal à quitter mon atelier, un grand tableau en cours, des céramiques prêtes à être émaillées. Cependant les activités parisiennes s’arrêtaient et le temps s’étirait comme s’il fallait passer à autre chose.

    Un dernier déjeuner avec les amis du café homérique de Gilles. Une jolie rencontre avec Claire et sa petite fille, Gabrielle. J’aurais voulu participer au dernier Par Cœur du Palais-Royal, entendre Jacques distiller avec son étrange tendresse un nouvel épisode des amours de Watt et de la patronne de l’auberge. Au quatrième épisode, ils en étaient arrivés à s’effleurer le coin de la bouche…

    À notre arrivée, du fait de la sécheresse, le jardin n’était pas trop envahi par les herbes, mais bien peu fleuri.

    Nous avons soulevé le toit du nichoir. Le nid des mésanges semble intact comme inutilisé, une sorte d’épaisse ouate mousseuse en tapisse le fond comme si aucun oisillon n’y avait jamais mis les pattes. Et pourtant, il y a un mois, nous avons vu les parents s’y introduire avec des petits vers dans le bec.

    Après les salutations d’usage et les nouvelles de la santé des uns et des autres, nous avons préféré ne pas épiloguer sur les violences de la semaine dernière peut-être parce qu’elles n’ont pas épargné les villes voisines contrairement aux précédents épisodes parisiens des « gilets jaunes ». D’ailleurs, personne n’a d’explications simples, il s’agirait d’une accumulation de facteurs.. Plus le temps passe, plus l’option de la sévérité à l’égard de la jeunesse semble réclamée par l’opinion. Le grand gagnant de l’affaire semble être le RN, la droitisation du LR et le financement accru de la protection policière. Tonneau des Danaïdes et sujet brûlant.

    En prévision d’un repli dans les maisons en raison de la chaleur, je suis allée à la bibliothèque de la ville. Je n’y étais pas retournée depuis le Covid. Ce fut un plaisir d’y retrouver Christophe, le responsable, sauf que nous sommes restés muets sans savoir quoi nous dire. Nous nous rattraperons quand je rendrai les livres.

    Désormais, je suis plongée dans des romans, un genre que je pratique très peu depuis plusieurs années. Le suspense me fatigue, trop haletant. Il ne me permet pas de tourner les pages et de les savourer pour le seul plaisir de la lecture et pour la joie simple de poser le livre et de le reprendre comme un ami patient et fidèle.

    J’ai baigné toute une journée dans l’univers cruel de la nounou de Chanson douce, prix Goncourt 1918. Maintenant j’erre avec Yacine dans les douars de l’Algérie du début du 20e siècle, dans l’enfer de Verdun, la tyrannie colonialiste et la misère de l’Algérie d’entre les deux guerres. Auteur à fort tirage et innombrables traductions, cet Algérien a étrangement pris le nom de son épouse, Yasmina Khadra. Dans l’armée pendant 25 ans, il n’avait pas eu le droit de signer de son vrai nom. Je me disais bien que ce n’était pas l’œuvre d’une femme. « Mon épouse m’a soutenu et m’a permis de surmonter toutes les épreuves qui ont jalonné ma vie… Sans elle, j’aurais abandonné » explique-t-il. Recherche historique indispensable, mais terrible ! Dans un interview, il déclare « Le malheur déploie sa patrie où la femme est bafouée « . En effet !

    Je me promène dans ces univers importés, comme si nous n’étions pas tout à fait au pied du Jura à nous installer, à débarrasser la maison de ses toiles d’araignées, à préparer le jardin pour l’arrivée des enfants.

    Pourtant, hier soir à la fraîche, je suis sortie dans la nuit. Les crêtes sombres se découpaient sur un ciel encore lumineux, un merle m’observait en trottinant sur le toit de la remise, les habitants du village somnolaient devant la télévision ou tapotaient leur ordinateur. J’ai aperçu Denis qui arrosait les géraniums de sa voisine.

    Appuyés au muret de madame Péaquin, nous avons discuté à voix basse dans la sérénité de la nuit pendant qu’une chauve-souris nous frôlait de sa ronde incessante.

    C’est ainsi que j’ai su que les tomates de son potager grossissaient gentiment, que la partie ancienne en pisé de sa maison était plus fraîche que la nouvelle en parpaing pourtant bien isolée, et que la chatte jaune de Boule et Bill avait fait des petits dans un buisson de la maison du fond, ce qui était bien ennuyeux, car en grandissant, ils allaient devenir sauvages et dévorer les oiseaux.

    — Et Gilles, il va bien ?

    — Ça va, mais on vieillit doucement.

    — On en est tous là, a-t-il gentiment minimisé.  

    Puis on s’est quitté en se glissant dans le silence à peine troué par des rires venus des Ovalies.

    — À bientôt.

    — À bientôt.


  • Violences urbaines

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    Le lendemain, on apprenait que dans la France entière des jeunes s’étaient mis en colère. Des mairies, des commissariats, des écoles, des centres culturels, des centres commerciaux, des boutiques avaient été attaqués et incendiés à coup de voitures béliers et de mortiers d’artifice. Des centaines de voitures avaient brulé dans les cités. Des dégâts considérables, des centaines de blessés, des centaines d’arrestations. Aux Halles, à deux pas de chez nous, des boutiques avaient été incendiées et pillées. Nous, on a l’habitude !

    On a su que dans la matinée aux portes de Paris derrière le quartier de la Défense un policier avait tiré et tué après un refus d’obtempérer un jeune de 17 ans qui roulait sans permis. La vidéo avait été diffusée sur les réseaux sociaux. La famille s’est indignée, les policiers ont été accusés de violence systématique, de racisme. Même M’Bappé, notre footballeur national qualifiant le jeune de cher ange a lancé un message : J’ai mal à ma France. Omar Sy l’acteur des Misérables, un film évoquant les difficultés entre la police et les jeunes de Montfermeil avait déclaré à son tour : Qu’une justice digne de ce nom honore la mémoire de cet enfant.

    Et chaque soir, ça recommence sous les yeux médusés du monde entier. Depuis quatre jours, on compte chaque matin les blessés et les interpellations (3200 jusqu’à présent). La moyenne d’âge des manifestants tourne autour de 17 ans. À Pontoise : la maire a entendu une bande de jeunes crier : On va s’la faire ! Elle s’est enfuie dans sa voiture. À L’Haÿ-les-Roses un autre maire a pu sortir de sa maison en flamme en passant par derrière avec son épouse et ses deux jeunes enfants.

    Cependant, de jour en jour, de dégradation en dégradation, le discours commence à changer. La police n’est plus systématiquement accusée, on commence à se poser des questions sur la jeunesse et ses rapports avec la société. Manque d’autorité parentale ? Désespérance ? Mal-être ?

    Ce sont vos biens que vous détruisez ! a fini par dire M’Bappé.

    Ce matin, la grand-mère du jeune homme décédé a pu déclarer que la police était nécessaire.

    Comme on est loin de la Russie où deux hommes en civil sonnent à votre porte pour vous envoyer sur une simple parole et sans autre procès pour des années en Sibérie ! Certains comme l’extrême droite ou l’extrême gauche essaient de nous faire croire que démocratie et dictature c’est la même chose.

    La nuance n’est pas la règle. On est dans le tout ou rien. On dit oui ou non, comme les clics du numérique, un peu aussi comme les réponses de QCM. On coche des cases. Les jeunes sont comme ci, les vieux sont comme ça, les pauvres comme ci, les riches comme ça, la province comme ci, la ville comme ça, pareil pour le changement climatique. Et on traîne à inventer des solutions de bon sens aux problèmes soulevés.

    Pas étonnant que les jeunes ne se sentent pas considérés, eux qui sont dans l’âge de la complexité, plus tout à fait des enfants pas encore adultes. On les attire avec des richesses auxquelles ils n’ont pas accès. Dans leurs ghettos, ils ne perçoivent pas de valeurs vivables et réelles. Ils se sentent rejetés, dévalorisés, discriminés, d’autant plus que le quotidien de leur vie est jalonné de contrôles d’identité, de poursuites, comme un perpétuel jeu du chat et de la souris avec la police, laquelle, souvent issue des mêmes quartiers se fustige peut-être ainsi de ses propres origines et de sa couleur de peau.  

    Heureusement que les forces de vie ont des ressources insoupçonnées, et qu’un nombre non négligeable de ces jeunes issus de l’émigration sortent des cités et accèdent à la classe moyenne. Il ne faut cependant pas trop tirer sur la corde… Le monde est devenu si fragile, à la merci de la technologie, d’un incident nucléaire, d’une manipulation informatique et j’en passe. Les profiteurs sont à l’affut pour s’emparer de tout ce qui peut leur tomber sous la main. Profiteurs de pouvoir, profiteurs de richesses. Tous prêts à tirer profit du mécontentement, de la détresse et de la peur provoqués par ces agissements.

    Les jeunes ont-ils vraiment l’opportunité de faire leur apprentissage alors qu’ils restent de plus en plus longtemps dans l’enfance, s’isolent dans leurs quartiers ? Pour nombre d’entre eux, ils ont des moyens d’adultes et des comportements immatures. Il en résulte ces mouvements très certainement attisés par les mafias de la drogue, ces destructions qui coûtent des sommes faramineuses à la nation et qui réduisent à néant les efforts d’éducation, de soin de tant de personnes de bonne volonté.

    Sarkozy a dramatiquement supprimé la police de proximité qui cherchait à établir un lien avec la population, les institutions associatives et les municipalités. Il a aussi contraint la police des stupéfiants à faire du chiffre, réduisant à néant la traque patiente des gros bonnets de la drogue. On le paie aujourd’hui très cher.

    Il faudra pourtant bien repartir en tirant des leçons de ces événements pour éviter qu’ils se reproduisent. Qui a dit que la vie est un éternel recommencement ?