Domaine national du Palais Royal - Office de tourisme Paris

Quelle différence y a-t-il entre ces chroniques et des notes personnelles ? Vous, bien sûr ! La liberté et le mystère qui nous unissent de semaine en semaine m’enchantent.

Il est parfois difficile de démarrer. Je pense n’avoir rien à écrire. Mais je sais que chaque mardi, certains d’entre vous comptent sur moi, une fidélité s’attache à nos rencontres et je ressens le besoin de ne pas la trahir. Je n’y peux rien, c’est comme ça !

Aujourd’hui justement, je me demande s’il est judicieux de vous évoquer ces deux dernières journées. Des journées familiales. En quoi pourraient-elles vous concerner, vous qui avez vos propres événements familiaux ?

Cependant ces évocations peuvent nous rapprocher un instant, nous y reconnaître ou nous en étonner, à la fois seuls et unis par le mystère de l’écriture et de la lecture.

Et puis, laisser pour l’avenir des traces, même et peut-être plus encore si ce qui a été vécu n’a rien d’exceptionnel offre à chacun d’entre nous une importance à la fois illusoire et essentielle, celle de notre existence.

Thomas (14 ans) est venu coucher chez nous. Quel plaisir de l’entendre raconter sa vie de collégien ! Il parle un peu vite comme tous les jeunes d’aujourd’hui, on dirait qu’ils craignent d’être interrompus. Mais avec des efforts de part et d’autre, ça finit par aller. Les livres qu’il aime, ses cours de théâtre, le bois de Vincennes, les bords de la Marne qu’il arpente avec ses copains en discutant du monde. Il nous offre un peu de sa vie. Merci Thomas.

Il avait apporté Citizen Kane en DVD. Avec l’aide de Gilles, à plat ventre sur le tapis il est parvenu à installer le lecteur sur la télévision, puis à brancher les fils audio, enfin à rétablir le format ancien pour éviter que l’image soit aplatie. Une génération qui vous farfouille le smartphone, vous installe des applications comme s’ils étaient nés avec un ordinateur dans le ventre. On a commenté le film en notant combien la volonté de superpuissance des décideurs actuels, Elon Musk, Trump, Poutine, etc. ressemble à celle de Charles Foster Kane.

Ce fut une belle soirée, à se remuer les neurones en toute affection. Par rapport à notre génération, la parole est beaucoup plus libre. On peut parler de tout. Autrefois, le sexe était banni, la politique très problématique.

Le lendemain, il est reparti vers 11 heures pour un pique-nique avec ses amis de Nogent. Une heure après, Frédérique et sa petite fille Léonie (8 ans) sonnaient à la porte du bas. Nous avons discuté paisiblement trois quarts d’heure en attendant sa jumelle Caroline, son mari et leur petite fille Gabrielle (1 an). Comme le temps a passé ! J’ai l’impression que c’était hier quand les jumelles étaient bébés à Pontoise, puis enfants au bord du Léman à Nernier, jeunes filles skiant dans le Jura à Tougin. Les images sont restées intactes. Les voilà aujourd’hui grand-mères ! Heureuses grand-mères, émerveillées.  À juste titre !

La petite Léonie, la fille de sa fille Laura qui fut mon modèle à l’atelier et dont j’ai peut-être parlé dans ces lignes (le lien entre un peintre et son modèle laisse des traces ineffaçables) s’est exprimée avec une facilité déconcertante. Frisée, le regard curieux, elle posait de jolies questions et répondait aux miennes sans réticences. Elle joue de la harpe avec passion.

Jean-Michel et Caroline arrivaient de Saint-Valéry-sur-Somme. Leur fille Mathilde est venue leur confier Gabrielle pour aller déjeuner avec des amis à côté de chez nous dans un restaurant devant la Banque de France. La petite fille ne marche pas encore, mais galope à quatre pattes, elle fixe chacun l’un après l’autre de ses yeux bleus d’aigue-marine avec une attention grave avant d’accorder un généreux sourire. On s’attendait à des hurlements au départ de sa mère. Il n’en fut rien. Sa grand-mère parvint même à l’endormir pour une sieste d’une heure. Quel plaisir ce petit monde qui agrémenta le repas ! Les conversations portèrent beaucoup sur nos souvenirs et les nouvelles de chacun.

Vers 4 heures, elles partirent se promener au Palais-Royal. Elles en revinrent enchantées avec des photos amusantes, toutes les quatre perchées sur les colonnes de Buren.

Hélas, au retour, le doudou de Gabrielle avait disparu ! Caroline a sans succès refait le trajet. J’ai téléphoné à la permanence du Palais-Royal. La gardienne est allée voir à son tour. Rien !

La petite a cherché son doudou avec un peu d’inquiétude jusqu’à ce que sa mère revienne et lui mette un doudou de réserve dans les bras, ce qu’elle semble avoir accepté avec philosophie.

Mathilde est partie la première pour prendre son train pour Marseille. Heureusement, Frédérique et Léonie ont pu l’accompagner. Imaginez la poussette, la petite fille et le gros sac à dos dans les escaliers du métro ! Un spectacle fréquent les soirs de week-end !

Après le dîner, Jean-Michel est parti dormir dans son hôtel à côté d’Orsay, pour être à pied d’œuvre le lendemain matin. Sa vie de cadre dans l’acheminement des colis est terriblement agitée et stressante.

Caroline est restée dormir chez nous. On s’est affalés devant un film espagnol. Le lendemain matin, quand je me suis réveillée, elle était partie pour rentrer chez elle, à Grenoble.

Le vide qui suit ce genre d’aventures est un peu comblé par les restes qui garnissent le frigidaire. Plus de repas à faire pendant un ou deux jours !