Le Mur de BerlinL’impression dominante était de déjeuner sur un gigantesque récepteur d’ondes destiné à capter un maximum d’informations sur l’Occident. Informations naturellement tenues secrètes pour le commun des mortels. Il semblait tout aussi évident que cette tour de 360 m de hauteur émettait à grande distance, et s’avérait un efficace outil de propagande politique. Une sensation de gêne parcourait le groupe et nous attendions la suite des événements : la visite annoncée du Mur, suivie d’une réunion autour de membres du gouvernement de la RDA.

Nous entrions dans le vif du sujet. Nos guides nous conduisirent d’une main ferme à l’envers du mur que je connaissais du côté occidental par les photos et les reportages. On nous montra des immeubles inhabités, assez semblables aux immeubles haussmanniens de Paris, vides d’occupants et murés à l’ouest. Sorte de métaphore sur la pauvreté d’une RDA qui ne pouvait se permettre de voir partir sa main d’œuvre.

Vision très éloignée des photos que nous connaissions, montrant des no man’s land où les fuyards étaient tirés comme des lapins. Savaient-ils que ces immeubles aux murs sombres et mystérieux aux escaliers vides nous évoquaient surtout l’angoisse de la dictature, de la police du petit matin ? Ils fourmillaient de fantômes en pleurs, familles cherchant à se reconstituer, d’espoirs détruits. Oui, le mur était sinistre ! À l’est, comme à l’ouest.

(à suivre)