Le trajet du 72 est certainement le plus beau de Paris. Nous sommes sortis devant la Tour Eiffel, au débouché du pont d’Iéna. Nous sommes montés dans les jardins du Trocadéro au milieu d’une nuée de touristes. L’un d’eux se photographiait avec un selfie, bras tendu en équilibre sur un muret, le dos courbé vers le précipice.

L’esplanade était très encombrée. Nous avions réservé notre entrée au Musée de l’Homme dans l’aile ouest du Palais du Trocadéro. En fait, nous nous sommes retrouvés assez seuls dans les escaliers monumentaux qui conduisent à l’exposition sur l’homme de Néandertal.

Nous avons perdu de vue les deux Marius (11ans) dès le passage du tourniquet et les avons retrouvés à la sortie, enchantés d’avoir comparé l’exposition à ce qu’ils avaient appris de leur maîtresse en CM2. C’est en connaisseurs qu’ils avaient déposé une appréciation sur le livre d’or électronique.

J’attendais des petits hommes malingres et dégénérés, je vis un squelette complet mesurant presque deux mètres, des mâchoires aux dents impeccables, des reconstitutions qui montraient des géants sympathiques dont le gros nez et les arcades un peu proéminentes s’apparentaient plus à des joueurs de rugby, qu’à de pauvres êtres humains réduits à leur survie. J’ai trouvé à celui-là des petits airs d’Éric Cantonna. Il y avait bien une toute petite femme au gros ventre et aux jambes gringalettes, mais son regard de verre étincelait d’une vie plus que convenable.

(à suivre)