Noël approche

Laissant Gilles et Yves monter à Livilliers, je suis allée avec Marc au pot de départ de Christophe Duvivier organisé par la Ville de Pontoise. Christophe a travaillé durant toute sa carrière dans les deux musées de la ville. Au démarrage chapeauté par Edda Maillet, une amie de Dina Vierny, il en a fait une référence au-delà de la commune et même du pays. Il est maintenant spécialiste-expert de Pissaro, lequel a peint de nombreuses années à Pontoise et dans ses environs. Discours qui m’a ouvert les yeux sur les dessous de la politique culturelle nationale comme locale : politique, argent, liens amoureux. Difficile après ça de situer la qualité des œuvres d’art pour elles-mêmes !

L’ancien maire et député, Philippe Houillon était présent. Il ne s’est pas représenté aux dernières élections.

— J’ai préféré m’arrêter quand on voulait encore de moi ! m’a-t-il dit avec humour.

Avocat, il a été rapporteur de la commission d’enquête de la douloureuse affaire d’Outreau. Il a participé au rétablissement de la vérité. Il a repris son métier à plein temps.

En regagnant son bureau à pied, Marc m’a fait les honneurs de sa ville. Comme elle a changé depuis mon enfance ! Pendant la guerre, de nombreuses maisons ayant été bombardées nous montions à l’école en passant par-dessus les gravats, entre des façades noires et lépreuses. Aujourd’hui, charmante ville historique autour de sa cathédrale, places mises en valeur, façades restaurées, c’est un lieu de rencontre. Un grand parking au-dessous du jardin de la ville a permis le retour des commerces et des restaurants. Marc, conseiller municipal à la culture durant des décennies, a participé à cette réhabilitation. Une histoire d’amour entre lui et sa ville.

Nous avons retrouvé à Livilliers les trois autres qui nous attendaient autour d’un verre de champagne. Catherine avait préparé un repas succulent. Quel plaisir ce fut de nous retrouver dans la cuisine pour cause de chaleur, entre frères, sœur, beau-frère, belle-sœur ! Des histoires de famille ont fusé sans vergogne, des histoires de métiers, des souvenirs, des évocations, des anecdotes amusantes, parfois de la gravité évoquée avec le respect dû aux aléas de la vie. À nos âges, on a intérêt à en profiter.

Au dernier moment, Hervé et Véronique n’avaient pas pu se joindre à nous pour cause de Covid. Au dessert et au téléphone, nous avons fixé un autre rendez-vous pour la mi-janvier.

— La répétition générale est réussie. On ne changera rien, a dit Marc.

— Je ferai le même poulet au citron, a dit Catherine.

— On apportera le même champagne, ont dit Yves et Gilles.

Café et retour sur Paris en train pour Yves, Gilles et moi. Vite fait, bien fait. Il faut dire que pour le moment et espérons encore pour aussi longtemps que possible, nous sommes tous très occupés.

Samedi, à l’ENS, Séminaire sur les correspondances. Une fois de plus, j’ai été admirative de la rigueur et la passion qui président à ces communications suivies de publication. Il s’agissait de la correspondance de Beaumarchais, plusieurs milliers de lettres. À cette époque et jusqu’au milieu du vingtième siècle (l’arrivée de la voiture et du téléphone ?), écrire des lettres était un art. Grâce à l’Item, je m’émerveille de voir surgir derrière l’écrivain, un personnage plus intime, plus familier, dont les préoccupations, les sentiments éclairent l’œuvre.

Dans mon enfance, alors que nous passions les vacances à Nernier sur les bords du Léman, mon père restait travailler durant le mois de juillet à Pontoise. Ma mère lui écrivait tous les jours. Marc a pieusement conservé cette touchante correspondance. On y retrouve les faits et gestes des uns comme des autres, les incidents, les bonnes nouvelles, les demandes, les marques d’affection. C’est peut-être ce souvenir qui me motive, alors que je dois me pousser à chaque fois, tant l’ENS est mal desservie par les transports en commun.

Julien et son fils Thomas au débotté après une visite à la BNF recommandée par une professeure.

Froid. On jongle avec les radiateurs sur recommandation du gouvernement. Comment ne pas penser aux Ukrainiens dont les fournitures d’énergie sont systématiquement détruites par la Russie de Poutine ?