La dernière rose de l’année.

Temps de novembre, nuages et impasse déserte. Nous avons été suspendus état par état aux résultats de l’élection américaine. Joé Biden avait été donné gagnant dans les sondages, mais le résultat demeura incertain jusqu’au bout. Aujourd’hui encore, Donald Trump continue de nier la victoire du démocrate et se propose de mettre une armée d’avocats au travail pour le prouver.

Ce fut un déferlement de mensonges de la part de Trump et un déversement de haine pour beaucoup de ses partisans. Naturellement, nous retenions notre respiration en faveur de Biden et lorsque la Pennsylvanie a fait pencher la balance à son profit, nous avons pris un bon bol d’air.

À 80 ans, Joé Biden n’avait rien à prouver. Il s’est farouchement attelé à la tâche de sauver la paix et la démocratie aux États-Unis, comme il l’avait promis sur la tombe de son fils, politicien plein d’avenir, décédé il y a trois ans. Chapeau bas ! Maintenant qu’au fin fond des campagnes, l’Amérique a pris goût aux twits quotidiens et plus qu’épicés de Trump, comment va-t-elle accepter un président moins excitant ? J’ai été élevée dans le souvenir qu’en 1914 les jeunes Français sont partis faire la guerre, la fleur au fusil, avec le seul désir de tromper leur ennui.

Par quel miracle, ce sinistre crétin issu de la téléréalité n’a-t-il pas fait sombrer le parti républicain dans l’indignité et entraîné le pays dans le chaos et la guerre civile ? En ce sens, ce résultat équilibré est une bonne chose ; le parti républicain possède des qualités d’optimisme et de dynamisme qui font parfois défaut à la politique d’aide des démocrates (même si l’avancée économique dont s’est flattée Trump avait démarré sous Obama… )

Ce fut une semaine pesante, sous un ciel gris. Un courrier de l’hôpital Cochin précisant la date de mon rendez-vous ophtalmo a accéléré notre retour. Nous avons fermé la maison pour l’hiver, sans savoir combien de temps durera le confinement. Pour le moment, la pandémie a tendance à s’amplifier, même si quelques signaux sont favorables. On entend des propos optimistes concernant la recherche du vaccin, mais toujours assortis de prudence.

Gilles a ratissé les feuilles de vigne vierge, coupé l’herbe, déposé du chanvre autour des héliotropes, de la cendre au pied des rosiers , taillé la haie.

Il a cueilli cette dernière rose. D’une longévité exceptionnelle, elle nous a enchantés jusqu’au départ. À croire qu’elle voulait délibérément nous inciter à l’espoir.