Jeudi dernier, discours de Jean Castex à la télévision. Le Premier ministre nous annonce un troisième confinement pour une durée d’un mois. Seize départements sont concernés dont l’Ile de France. Etrange ! On s’attendait au pire, il est désormais possible de sortir se promener aussi longtemps qu’on le désire dans la limite de dix kilomètres autour de chez soi. Les écoles restent ouvertes, avec quelques ajustements. Les restaurants et les lieux culturels restent fermés, les commerces « qui ne sont pas de première nécessité » ferment, cependant  les fleuristes, les cordonniers, les coiffeurs et quelques autres dont les chocolatiers restent ouverts. La liste des prescriptions et des attestations remplit deux pages difficiles à lire. En gros, « Dehors, vous ne risquez rien ! »

Le vendredi, les Parisiens sans enfants scolarisés se sont rués vers leurs résidences secondaires. Le samedi , comme les autres week-ends,  une foule tout de même un peu moins dense a envahi les bords de Seine et les jardins restés ouverts. De nouvelles directives nous ont avertis qu’une attestation de domicile ou une carte d’identité suffisait. La liste s’est raccourcie. Dans l’ensemble, on est dans le flou.  

Logiquement, qui dit vaccin, dit immunité. C’est ainsi que, dimanche, nous sommes allés déjeuner chez de jeunes amis. Quelle respiration ! Ce fut une joie de nous retrouver autour d’une table avec des adolescents rieurs !

Hélas, le lendemain voilà qu’on nous annonce : « Même vacciné, il faut rester chez soi, garder son masque et maintenir les distances de sécurité ! » Nous pouvons éventuellement transporter le virus dans le nez, seuls nos poumons seraient immunisés. Aurions-nous été imprudents ? Retour en arrière : nous n’avons vu personne “en présentiel“ durant la semaine précédente, Gilles devant son écran, moi à l’atelier avec mes pinceaux. À l’extérieur, nous portons le masque. Le risque est minime pour ne pas dire inexistant ! C’est tout de même une leçon. Nous continuerons de nous rencontrer et même de déjeuner avec des amis, de notre âge et vaccinés, mais il faut protéger les générations suivantes en attendant de nouvelles études épidémiologiques sur la transmission du virus après vaccination. Pourquoi pas ?

Le soir, nous nous sommes retrouvés en famille, en visio. À Grenoble, pour le moment rien de changé. À Nogent, Julien et Thomas pratiquent le vélo à haute dose, en profitant des “parcours corona“. C’était bien agréable de se voir et s’entendre, de plus en plus détendus face aux écrans. Mais quelle différence avec le repas de midi, avec la saveur du bœuf à la coréenne, le parfum qui se dégage de l’assiette, la spontanéité des conversations, le tintement des cloches de l’église voisine, l’expression des visages, le va-et-vient dans l’appartement ! Espérons qu’en avril nous pourrons voyager.

Hier, nouvelles recommandations du gouvernement. Slogan : « Dedans avec les miens, dehors en citoyen »

« Je ne reçois pas chez moi,

«  Je ne me rends pas chez les autres… »

En Allemagne, Angela Merkel le visage serré annonce “une nouvelle pandémie”, la fermeture de la plupart des commerces et annule les offices religieux pour le week-end de Pâques. Fichtre !

Nous sommes privilégiés, mais comment ne pas penser aux hôpitaux de toute évidence saturés, aux tris dans les urgences ? Le variant britannique est beaucoup plus contagieux, plus virulent, plus mortel que “l’historique”. Le gouvernement oscille entre confinement strict et dégâts collatéraux. En Ile de France, la Seine-Saint-Denis est la plus impactée. Et pourtant, il est impossible de maintenir des familles déjà durement éprouvées dans des petits appartements surpeuplés. De plus, la révolte gronde, des manifestations se multiplient dans toute l’Europe. Le gouvernement fait appel à l’autoresponsabilité de chacun.

Message reçu ? En tous cas, hier, les rues de Paris étaient à peu près désertes.