Le thermomètre ne dépasse pas les 20°, les nuits sont très fraîches et le Léman carrément froid. Hervé et Véro sont venus passer deux jours chez nous. Nous avons fêté avec Agnès et Raoul  leurs cinquante ans de mariage. Autrefois quand on arrivait jusque là, la fête réunissait autour de deux vieillards des enfants grisonnants dont les attentions inquiètes laissaient présager une fin prochaine, et des petits-enfants plus ou moins éberlués, les distances géographiques et un respect peut-être un peu excessif les ayant souvent coupés de leurs grands-parents.

Aujourd’hui, fringant bien que parfois arrière-grand parent, ne se sentant pas encore menacé par la maison de retraite et la perte d’autonomie, à 75 ans et plus, on profite de la vie. Nous avons fait sauter un bouchon de champagne, la guirlande lumineuse a brillé sous la pluie. La lanterne solaire a trouvé un peu d’énergie pour souligner l’événement. Et nous nous sommes amusés à philosopher et à dire toutes les bêtises possibles sur les mérites comparés de la Suisse et de la France. Agnès, notre nièce, devenue suisse, avait pris le parti de sa nouvelle patrie à l’occasion du fameux match de la Coupe du monde de foot. L’horreur !

Je me souviens du mariage d’Hervé et Véro comme si c’était hier. Après la cérémonie dans la petite église du village de Nernier, nous avions tous embarqué sur un grand bateau à roues de la CGN, « Le Montreux ». Dîner et danses sur un lac miroitant. Le temps était de la fête contrairement à ces jours-ci.

Après avoir visité le château de Voltaire avec une petite jeune fille catapultée guide qui n’y connaissait rien, après une partie de scrabble sur tablette électronique (!) et quantités de conversations sur le passé et le présent de notre famille pléthorique, ils sont repartis tout à l’heure vers les hauts du lac du Bourget chez le frère de Véro, bien décidés à fêter de nouveau cet anniversaire en attendant la grande réunion de famille que mijotent leurs enfants et petits-enfants après les vacances. En ces temps de Covid, ne pas négliger les occasions, on ne sait pas ce que l’avenir nous réserve !

En effet, le Covid flambe plus que jamais. Notre région se trouve en alerte plus que rouge. Dans le midi et sur les côtes atlantiques, le taux de reproduction atteint des chiffres faramineux, les préfectures ont parfois rétabli des mesures drastiques. Pourtant, environ cent mille antivaxs ont manifesté dans toute la France samedi dernier contre l’atteinte aux libertés individuelles. À peu près 20 % de la population ne croit pas au virus ou en nie le danger, alors que chaque mutation a été due à des flambées incontrôlées, que ce soit au Brésil ou en Inde, et à chaque fois avec un taux de transmission multiplié par deux.

Il est vrai qu’on est fatigué de toutes ces mesures barrières. Nous avons tendance à ne plus porter nos masques, à rire et à nous parler de près. Les vaccinés se pensent à l’abri, alors que le virus circule aussi parmi eux et qu’ils sont transmetteurs. Nous ne ferons pas de formes graves, cependant le risque de se retrouver dans un lit d’hôpital est loin d’être négligeable.

Un phénomène bizarre se produit en Angleterre. La courbe des contaminations par Covid delta (Inde) après avoir battu des records s’effondre alors que le gouvernement a supprimé toutes les mesures de précautions. Impossible pour le moment d’en tirer des conclusions.

Jusqu’à présent, notre vie n’a jamais vraiment été bousculée par l’épidémie, nous avons toujours pu nous adapter. Mais on apprend avec retard les conséquences parfois dramatiques du grand confinement de l’année dernière, comme l’éclatement des familles, le mal-être des adolescents. On a sous-estimé le nombre de morts dans les pays en développement. Elles se comptent par millions, des morts terribles, par étouffement, ce que dans nos pays nous avons pu éviter grâce aux moyens de ventilation de nos hôpitaux.

L’optimiste n’est donc toujours pas de rigueur. D’ailleurs, nous avons déjà entamé le mois d’août et l’été n’est toujours pas arrivé !