Baignades lumineuses dans un lac de rêve. Je voudrais m’étendre sur la chaise longue au fond du jardin, observer tranquillement le vol des oiseaux, le mouvement voluptueux des nuages sur les crêtes du Jura, me laisser bercer par le bourdonnement des guêpes, écouter le bruit du village, ses travaux et ses jours.
Pourtant non ! Je me mets au clavier, parce que le temps nous est compté, parce que ce serait trop simple de s’enfermer dans un petit jardin aussi agréable soit-il, alors que le Covid guette. Les nouvelles ne sont pas bonnes.
Non pas qu’il soit tellement mortel. On a vu pire avec les grandes pestes du Moyen-âge qui ont décimé les deux tiers de la population de l’époque. Mais notre monde est devenu si fragile ! Tout y est lié depuis le paysan de chez nous, d’Afrique ou d’Amérique, jusqu’à l’ouvrier des cinq continents. Si l’un tousse, l’autre a la grippe, si l’un manque de graines, l’autre ne mangera pas, si l’un n’a plus d’outils, l’autre se trouvera sans toit. Et le Covid détraque tout. Le chômage se répand, bien que la récession s’annonce moins forte que prévue. On arrive dans l’inconnu. Durant l’été, on a pu se préserver grâce aux gestes barrière, on a pu se rencontrer à l’air libre en gardant les distances. Quand l’hiver surviendra, tout sera différent ! Il faudra se chauffer et fermer les fenêtres. Au travail et dans les magasins on continuera de porter des masques, mais à la maison, en famille ?… Bien sûr qu’on ne s’y pliera pas et comment recevoir nos amis ? Un reconfinement équivaudrait à un effondrement de l’économie mondiale. Il faudra donc accepter le risque de contagion. Les personnes de notre âge en seront les premières victimes. On peut seulement espérer que le virus va s’atténuer avec le temps et que nous seront assez solides pour résister. Pourquoi pas ?
En attendant, nous profitons de ces derniers jours de beau temps. Nous passons nos journées dans le jardin et nous bavardons, nous faisons provision d’amitié. On évoque dans le détail comment chacun s’y prend. On peut encore se sourire, se parler sans élever la voix. On voudrait bien se serrer dans les bras, mais tant pis, ce sera pour plus tard !
Le virus se propage de plus en plus vite. Le port du masque est désormais obligatoire dans les grandes villes, dans les écoles et les universités. Et pourtant des groupes s’y opposent, parfois violents, recouvrant des sentiments variés et contradictoires. La logique n’a plus cours. Seul un vaccin restaurerait un semblant de confiance, mais il n’est pas programmé avant longtemps.
Aujourd’hui, 30 degrés. nous cueillons le jour dans l’ombre fraîche des vieux murs de la maison avec nos amis Henriette et Lionel. Et c’est bon !
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