Antoine est sorti du coma. Quand la sonnerie a retenti et que j’ai lu le nom de son père sur l’écran de mon portable, mon cœur s’est serré. Mon doigt pesait des tonnes lorsque j’ai appuyé sur la pastille rouge. Au premier mot, j’ai deviné la bonne nouvelle et mon cœur a bondi. Antoine n’est pas encore debout, mais il est vivant ! Il a échappé à la Kère, comme disaient les Grecs dans l’Antiquité. La voix de son père vibrait d’un soulagement inexprimable. Le variant britannique, beaucoup plus virulent que le précédent, n’épargne plus les malades de l’âge d’Antoine et les médecins ne voulaient pas s’engager sur son pronostic vital. Partir à l’âge de quatre-vingts ans est dans la nature des choses, mais mourir à moins de cinquante ans, en laissant femme et enfant — je le sais par expérience — remplit d’effroi et de chagrin une famille et un entourage marqués pour toujours. Maintenant, on peut espérer qu’il n’aura pas de séquelles et que sa convalescence ne sera pas trop longue, qu’il pourra bientôt rentrer chez lui et retrouver l’affection des siens.

 Quand j’entends minimiser l’épidémie, refuser les gestes barrières, et mettre ainsi en danger sa santé et celle des autres, je ne comprends pas. Comment peut-on être à ce point borné ? Mystère ! Je connais un de ces négationnistes, enfermé dans son entêtement, infecté par le coronavirus, accuser les antibiotiques et la cortisone de sa difficulté à respirer.

Le froid persiste. Le gel de la semaine dernière après une montée des températures jusqu’à 25° a déjà produit des dégâts énormes sur les vergers, sur les vignes de la France entière. On n’avait pas besoin de ça ! Le soutien de l’état sera indispensable à la plupart des cultivateurs. La dette de la nation était déjà faramineuse avant l’épidémie, comment pourra-t-on la rembourser ? On peut comparer cette hémorragie aux milliards dépensés en munitions et en morts d’hommes, de civils, d’infrastructures pendant les guerres. On peut aussi se dire que les agriculteurs ont tout de même de bonnes années derrière eux et que les vignerons possèdent des stocks excédentaires dus au confinement. Mais la crise économique actuelle ne peut qu’en être aggravée.

Quand il s’agit du changement climatique, on peut essayer d’inventer des solutions contre les dérives du monde contemporain, mais qui peut se vanter de baisser la température de son chauffage, de diminuer sa consommation de produits dangereux pour la planète, de prendre le moins possible sa voiture ? On est tous dans le même bain.

Les vacances scolaires ont encore vidé Paris d’une grande partie de sa population partie se confiner ou poursuivre son télétravail à la campagne. Hier, dimanche, sous la pluie, les trottoirs étaient désertés, une tristesse morose s’appesantissait sur la ville. Au jardin des Halles, peu d’enfants, mais les jeunes, beaucoup venus de proche banlieue faisaient contre mauvaise fortune bon cœur. Je suis toujours surprise de leur vitalité. Certains déambulaient un sandwich dans une main, un gobelet dans l’autre, la capuche sur la tête, le sourire et la plaisanterie aux lèvres. D’autres, masqués, discutaient entre deux averses, assis sur les banquettes qui bordent les allées.

Les vaccins vont bon train, on a hâte d’en finir avec la pandémie. En attendant, on aimerait voir arriver un vrai printemps, ni trop chaud, ni trop froid, ni trop pluvieux, ni trop sec. Mais il ne faut pas rêver !