Ukraine. 80 % de la ville de Marioupol est détruite. Les Russes veulent contrôler la mer d’Azov pour y établir une vaste base navale. On ne sait pas grand-chose sur ce qui s’y passe. Il n’y aurait plus d’eau, plus de nourriture, plus d’électricité. Les Russes annoncent des ouvertures de couloirs humanitaires, puis tirent sur les convois. Stratégie de la terreur. Les atrocités de Grozny et d’Alep recommencent, comme le seul fonctionnement pouvant émerger du cerveau de Wladimir Poutine, effroyable répétition, en boucle sur elle-même.

Et pourtant les Ukrainiens résistent, aidés en armement par l’occident. Le Maire de Marioupol refusait encore ce matin de capituler. Kiev résiste. Dix millions de femmes et d’enfants sont partis sur les routes de Moldavie, de Pologne. L’Europe leur a accordé des droits spéciaux, droits au travail, à la santé, une année de droit de séjour, mais les pays frontaliers sont submergés.

Le peuple russe soutient globalement Poutine, désinformé ou indifférent à ce qu’on lui montre à la télévision comme une simple opération de maintien de l’ordre contre des groupuscules nazis,

Et le printemps commence à remplir de promeneurs les jardins publics et les quais de la Seine. Contraste avec la guerre, ses pertes humaines, civiles et militaires, aux portes de l’Europe !

Oui, j’ai fini par attraper le Covid. Il est de bon ton aujourd’hui, malgré l’inédite flambée des contaminations de passer sous silence tout ce qui le concerne. Durant deux ans, ce fut le seul sujet de conversation, il fut scruté sous tous ses angles, on lui attribua tout et son contraire, chacun devenant biologiste, médecin, ou encore économiste. Il fut le sujet de nombreuses fausses informations, d’incessantes récriminations politiques. On lui attribua le genre masculin, puis féminin, de nouveau masculin. Aujourd’hui, il est de bon ton de l’ignorer.

Et le gros méchant loup a fini par me manger. Je n’ai pas étouffé, j’espère avoir conservé ce qui me reste de matière cérébrale, ma gorge a picoté, j’ai beaucoup éternué, un peu toussé, beaucoup dormi, pas eu de fièvre. Presque un rhume, si je n’avais senti que l’ennemi n’était pas si anodin que ça. Une fatigue inhabituelle a paralysé mes membres, un sérieux fond de déprime a gommé ces quelques jours d’isolement.

Tranquille pour deux mois, j’évite pour le moment la quatrième dose. Mais je reste inquiète pour ceux qui ont cru bon de ne pas se faire vacciner. Alors que j’étais dans son cabinet pour une consultation de routine, mon médecin a reçu un coup de téléphone de l’hôpital qui voulait avoir confirmation de la vaccination d’une personne placée en réanimation.

— Beaucoup de faux certificats circulent, a-t-elle commenté.  

Je m’efforce maintenant de bouger et de rencontrer du monde. Vite fait à mon âge, de rester chez soi, de sommeiller la journée et de tourner en rond dans ses souvenirs la nuit ! Il y a mieux à vivre.

Je suis allée écouter Aymeric Munch lire sa traduction de l’Énéide de Virgile dans le cadre des Dyonysies. Cette descente aux Enfers d’Enée m’a paru tellement plus vivante que celle de Dante que j’ai lue récemment et qui m’a fort ennuyée par ses boursouflures et ses jugements inquisitoriaux. Une mauvaise traduction (ou une mauvaise lecture…) ?

Dimanche, j’ai eu le plaisir de prendre un café au bistro avec Pierre. Pas de nouvelles d’Antoine. Nous avons évoqué notre travail et le manque de rencontres durant ses deux années.

— Voir du monde, s’intéresser, c’est notre nourriture ! a-t-il dit.

Mon petit fils Noé nous a envoyé une photo de la tente qu’il a montée dans son jardin de Grenoble, avec la mention :

« … de belles randonnées qui s’annoncent. »