Emmanuel Macron est élu avec 58,5 % des voix. Ouf ! Mais, près de 42 % des électeurs se sont portés sur l’extrême droite et le même pourcentage des voix de Macron s’est contenté de faire barrage à Marine Le Pen. Même si c’est la première fois qu’un président de la République est réélu, hors cohabitation, il n’y a pas de quoi pavoiser ! Les Français qui ne parviennent pas à boucler leurs fins de mois ont exprimé leur mécontentement, ils sont de plus en plus nombreux. Les législatives vont suivre dans deux mois. Elles réservent des surprises.
L’Europe souffle. De cette élection dépendait son unité face aux volontés guerrières de Wladimir Poutine, dictateur soutenu par un peuple trompé par une propagande héritée de l’ex Union soviétique et qui, peinant aussi dans la Russie profonde, se cherche des ennemis.
Le monde entier croyait que l’armée russe serait à Kiev en deux jours, elle s’est révélée moins puissante et surtout moins organisée qu’annoncée. L’armée ukrainienne entraînée, armée par les Occidentaux résiste depuis des semaines. Retirés de la banlieue de Kiev, les Russes déversent désormais des milliers de missiles (on ne dit plus « bombes »…) sur le sud et l’est de l’Ukraine. Les survivants de Marioupol, femmes et enfants, sont terrés et affamés dans les caves depuis un mois. Et on croyait la guerre finie pour toujours en Europe !
Dans le TGV de retour.
Sitôt installés, nous avons déballé les sandwiches préparés par Gilles, une habitude. Ils sont bien meilleurs, plus frais que tout ce qui nous est proposé à la gare et dans le train. Nous sommes encore passés par Seyssel. L’éboulement sur la voie de Nantua semble sérieux ! Nous avons roulé dans la vallée austère et encaissée, creusée durant des millions d’années par la petite rivière qui serpente entre des murailles percées de marmites du diable, l’ancien trajet, avant de quitter le Jura.
À cette saison, le train accompagne le coucher du soleil de la Bresse jusqu’aux collines du Beaujolais en se glissant dans une symphonie de bleus, de verts, d’orangés, de rouges.
À partir de Mâcon, le train circule à grande vitesse et le crépuscule aidant, les passagers se replient sur eux-mêmes. Bercés par son ronronnement puissant, ils somnolent ou regardent leurs écrans.
À ce sujet, je veux décrire le comportement de notre voisine de devant. Un spectacle trop fréquent dans nos nombreux trajets pour ne pas être un phénomène de société.
Depuis Bellegarde jusqu’à Paris, elle a regardé un feuilleton américain sur l’écran de son ordinateur. Episode après épisode, j’ai vu défiler quantité de beaux jeunes gens, la trentaine, surtout des femmes, presque toujours filmés en lumière artificielle. Maquillage sophistiqué même au lit, robes élégantes et costumes-cravate. Dans des bureaux, dans des soirées cocktails, dans des appartements soigneusement décorés. Lèvres et yeux brillants. Ils parlaient. On voyait leurs lèvres bouger, bouger, sans s’arrêter. Impossible de savoir ce qu’ils se disaient, le casque étant heureusement désormais obligatoire. Des lèvres trop rouges ou des sourcils trop noirs, quelques grimaces laissaient deviner quand on avait affaire à de mauvaises personnes. Ils se ressemblaient tous, seules la couleur des cheveux et quelques mèches plus ou moins frisées ou relevées les distinguaient les uns des autres.
Pour avoir entendu leurs propos avant l’obligation du casque, je savais qu’il s’agissait de rivalités de bureau et d’intrigues amoureuses. Toujours les mêmes. La femme devant son écran avait le même âge, un peu plus avancé, la quarantaine, le même maquillage, la même tenue élégante et décontractée, un étroit foulard de soie sur des mèches étudiées. Aucun sentiment ne troublait son visage fixé sur l’écran. Je me demandais comment elle pouvait survivre à tant d’ennui, lorsque je la vis sortir son Smartphone. De ses doigts aux ongles vernissés, elle tapota le reste du voyage sur un jeu de taquin, tout en continuant de regarder de temps en temps l’ordinateur.
Je me souviens d’avoir autrefois été scotchée devant le feuilleton californien Santa Barbara, un défilé semblable de personnages jeunes et beaux. Mais ce qui me frappe dans le TGV, c’est que plus les années passent et plus les hommes regardent ces séries (en versions masculines) avec peut-être encore plus d’intérêt, comme s’ils cherchaient un mode d’emploi, une clé pour leur réussite personnelle, des modèles incontournables. Cela se devine à leur visage tendu, leurs coupes au rasoir, à leurs costumes-cravates, à leurs chaussures cirées. Quelles peuvent en être les conséquences sur la société ? Quelle que soit la réponse, les premiers gagnants en sont à coup sûr les producteurs : tournage bon marché, large diffusion.
Pendant ce temps-là, nous avons peiné sur le mot croisé du Canard enchaîné. Définition : Un monde de brut. Réponse : OPEP.
Le Festival du livre dans le Palais Éphémère du Champ de Mars.
Amélie Nothomb évoquait son père devant un amphithéâtre bourré à craquer. Sa voix semblait se briser à chaque mot. Pourquoi ai-je eu l’impression qu’elle était dévorée par son public ?
Samedi soir, nous avons revu le film de Jacques Demy : Les Demoiselles de Rochefort. Un hommage à la suite du décès de Jacques Perrin. Poétique et dérangeant. Un très beau film.
Et puis, je veux vous dire que Caroline est venue avec un bouquet de muguet de sa terrasse et que demain, nous allons recevoir les trois générations. La dernière, Gabrielle, arrive sur ses deux mois.
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