Philomuses, déc 17. jpg.

Et j’attends. À l’heure comme d’habitude, Chantal prend la parole. Elle annonce le concert, nomme ses interprètes. Puis elle présente l’artiste dont les tableaux sont accrochés aux murs. Les œuvres ont été peintes spécialement pour l’occasion. Un travail considérable compte tenu des dimensions, de la recherche de matière. Semi-figuratifs, on y voit un cheval (son arrière-train), la Callas (plus grande que nature), des acrobates suspendus à des portées de partition, beaucoup de notes de musique. Le thème est adapté aux circonstances. L’artiste évoque le sens de son travail. Je ne comprends pas l’anglais, et fais partie de ceux qui estiment que l’œuvre peinte n’a pas besoin d’explications. Chantal  pose quelques questions bienveillantes dans le genre : pourquoi le cheval est-il coupé en deux ? Je ne comprends pas la réponse, mais de toute évidence elle est imparable. La femme bourrée de vitalité s’exprime avec fougue et certitude.

Elle qui a travaillé d’arrache-pied pour cette exposition, peut-être encore bousculée par le décalage horaire, se doute-t-elle de la quasi-indifférence de ce public restreint, réuni en grande partie pour assister au concert ? C’est possible ! Mais la Chine et Paris la même année ça meuble un curriculum vitae et elle s’y donne à fond. Un feuillet déposé à côté du livre d’or donne le ton de son discours. Impossible de savoir si elle est inconsciente, courageuse ou encore si elle trace un véritable chemin vers la célébrité.  Son sourire me semble inoxydable lorsqu’elle cède la place aux musiciennes.  Mais je ne peux m’empêcher de ressentir à son égard un brin de pitié, mêlé d’estime et d’irritation.

(à suivre)