• Dégâts des eaux, décès de Catherine

    Détecter les fuites d'eau dans les murs : méthodes et solutions

    Une fois de plus, de l’eau coule à grosses gouttes depuis l’appartement du dessus. Régulièrement, des fuites imbibent murs et plafond, décollent peinture et faux plafond. Après rendez-vous d’expertise, il faut attendre au minimum six mois pour que ça sèche. Ce n’est pas très grave, mais tout ceux qui l’ont vécu savent que c’est une sorte d’atteinte à son intégrité. Devis, travaux, achat du papier peint et j’en passe. Les ennuis du logement collectif ! À la campagne, les arbres des voisins et les chiens. En ville, les fuites d’eau, la sono et les fêtards.

    Heureusement, nous avons rapidement pu joindre les propriétaires. Nous avons élevé la voix pour que les travaux d’étanchéité soient correctement faits. Cet appartement en loft, la réunion de quatre chambres de bonnes, se loue très cher à des étrangers fortunés, attirés par les velux et la vue sur Montmartre et le Sacré-Cœur. Souvent, des fils ou filles de famille habitués à n’en faire qu’à leur tête.

    L’occupante actuelle est suisse, genevoise, une jeune fille d’une vingtaine d’années hyper maquillée, arborant le visage figé des mannequins, dont la principale occupation consiste à s’habiller et se déshabiller dans un va-et-vient incessant depuis la chambre du fond jusqu’au miroir de l’entrée. Nous avions fini par obtenir qu’elle mette des chaussons. De retour des vacances de Noël, elle a repris ses talonnades.

    À cette occasion, nous avons appris qu’elle avait donné son préavis de départ. Espérons que le locataire suivant sera plus agréable.

    Cette semaine, j’ai été secouée par le décès de ma cousine Catherine. Ça faisait un moment qu’elle ne sortait plus et ne mangeait plus grand-chose. Elle est partie en quatre heures d’un infarctus intestinal, un douloureux dysfonctionnement du système veineux. Elle a été transportée sous sédation à l’hôpital où ils n’ont rien pu faire. A-t-elle pu dire adieu à son mari et à ses enfants ? Nous ne savons pas. Nous devions finir l’année avec eux le 31 décembre chez Florence, elle n’avait pas pu se déplacer. Nous avions six mois de différence. J’ai parlé de mes vacances d’enfants chez ses parents au Moulinet. Sa sœur Claudine vient d’entrer en soins palliatifs à Cognac-Jay. Triste mois de janvier.

    Les pompes funèbres sont engorgées par l’épidémie de grippe et les obsèques auront lieu à la fin du mois. Crémation au Père-Lachaise. Le faire-part dans le Figaro est plus que rudimentaire. Elle s’en va sur la pointe des pieds, comme elle a vécu.

    L’investiture de Donald Trump est précédée d’annonces inquiétantes.

    Des décrets ont déjà été signés concernant la grâce de 1500 assaillants du Capitole ainsi que le retrait de l’OMS et des Accords de Paris sur le climat.

    Un cessez-le-feu est entré en vigueur hier entre Israël et le Hamas. Trois otages israéliennes ont été libérées, contre six cents prisonniers palestiniens. Travail de Biden ou menaces de Trump ? Une paix fragile ! On a un peu l’impression d’être dans l’œil du cyclone.

    Poutine doit se frotter les mains, n’étant pas loin d’obtenir l’aval de L’Amérique pour l’annexion des territoires occupés d’Ukraine. Trump veut arrêter cette guerre à tout prix.

    Les bonnes nouvelles ? Nos petits-enfants démarrent l’année avec dynamisme, des idées plein la tête. Ils se dirigent vers l’informatique et déjà Romain travaille sur des applications pour l’université. Pour ma part, je n’y connais rien. Je fais même des cauchemars récurrents. Je suis perdue dans une ville inconnue et j’essaie d’appeler depuis mon mobile pour qu’on vienne me chercher. J’appuie sur les touches, mais je n’y arrive pas. Le téléphone se décharge. Je demande de l’aide, mais personne ne peut m’aider.


  • Epidémie de grippe

    Thionville. La vaccination de la grippe dans l'ombre de celle du Covid-19

    J’ai la grippe et pourtant j’étais vaccinée !

    Toux, la tête en bouillie. L’année prochaine, je porterai plus souvent mon masque.

    Á la semaine prochaine…


  • 1ère semaine de janvier

    Comment se porte le marché de l'informatique ?

    La tempête souffle.

    Le travail d’étanchéité sur notre toiture qui a duré des mois l’année dernière porte ses fruits.

    Je pense à ceux qui ont acheté de vieilles maisons en province après le Covid. Cet hiver-là avait été clément, tempéré et ensoleillé. Ils ont trouvé moins cher que dans les grandes villes, plus vaste, avec des pièces séparées adaptées au télétravail. Ils ont profité l’été suivant de leurs jardins, de la nature et des petits oiseaux (ce qu’il en reste !).

    Par la suite, les travaux pour l’isolation des murs et des toitures se sont révélés indispensables, l’hiver a précipité une solitude pesante, l’éloignement a contraint à plus de voitures par foyer. Conduite des enfants à l’école, médecins rares, les éternels inconvénients du retour à la nature. Mais aujourd’hui, les entreprises demandent à leurs employés de revenir dans les bureaux, le rendement aurait chuté.

    Pour autant, l’expérience demeure intéressante. Avec de la patience, on semble en tirer des leçons, par exemple l’alternance du télétravail et du bureau. Ce sont surtout les villes moyennes qui en ont profité. Par ailleurs les citadins retraités transfuges des grandes villes paraissent s’adapter à la campagne profonde et même y recréer de la vie avec des groupes culturels fonctionnant été comme hiver. On est loin de post mai 68 où les hippies s’installaient au fond du Larzac dans des bergeries pour élever des chèvres.

    Pour ma part, l’hiver à la ville me convient (autant que l’été à Tougin). Je reconnais que le métro est bondé, les déplacements souvent pénibles, mais il suffit de descendre l’escalier pour trouver de l’animation, rencontrer un voisin, échanger trois mots. Je me sens privilégiée. Un luxe que les générations suivantes auront peut-être du mal à assurer, tant d’un point de vue économique qu’écologique. J’éprouve de l’admiration pour ceux qui cherchent des solutions afin d’économiser la planète. Une longue histoire qui a débuté dans ma jeunesse, du temps des hippies. Il faudra bien s’y atteler, s’il n’est pas déjà trop tard. Mais personne ne veut en payer le prix.

    Le frère de Laure habite avec sa famille à Madrid. Par souci d’écologie, il vient en train à Paris et ne prend jamais l’avion, quelle que soit sa destination en Europe. Sans aller jusque là, nous évitons les voyages lointains. Il est vrai que nous en avons largement profité autrefois. A contrario, la famille du frère de Gilles, enfants et petits-enfants, une vingtaine en tout, s’est réunie ces jours-ci pour les cérémonies de Noël à Saint Pierre de Rome. La note carbone a dû être salée, mais peut-être moins que les innombrables transhumances vers les plages des tropiques qui ont repris depuis le Covid. Comme il est difficile de faire la part des choses entre sobriété et austérité ! Hier, une amie écolo me disait combien elle se réjouissait de partir pour 10 jours à la Martinique, après une année surchargée de travail et de soucis.

    Gilles me trouve pessimiste. Peut-être. Mais ce matin encore un article scientifique annonce que les courants atlantiques montrent des signes inquiétants. S’ils changent de trajets, les sécheresses vont succéder aux inondations en Europe avec des tempêtes à la clé.

    Pourtant, j’aurai lieu d’être optimiste. De nombreux petits événements m’y encouragent.

    Dimanche, Thomas est venu continuer la mise au point de ce site. Ce furent des heures d’un travail fructueux. À 16 ans, il manie les touches du clavier avec dextérité, s’adapte avec le sourire à mes demandes, propose d’heureuses modifications, des simplifications et de nouvelles possibilités. Comme je lui disais que je le trouvais patient. Il me répondit ;

    — Patient, moi ? Non, c’est de la passion !

    Une après-midi de confiance et de plaisir partagé. Sa jeunesse me vivifiait et je me suis dit qu’il posséderait plus tard cet outil du futur qui me manque, un langage qui lui permettra d’agir en temps voulu.

    L’informatique serait seulement un outil. Peut-être. Mais elle guide le monde. Elon Musk, son roi, qui prétend pouvoir coloniser Mars, s’ingère dans les décisions gouvernementales du monde entier. La Russie par le biais d’internet interfère dans les élections. Mes plaisirs leur sont étrangers : ces petits riens que sont un rayon de soleil, un rire soudain, un regard, des souvenirs heureux qui remontent, la satisfaction d’un effort récompensé, l’estime réciproque, le contact d’une peau complice.

    Mais voilà, c’est bien l’informatique qui m’offre aujourd’hui le plaisir d’être avec vous, en compagnie de mon petit-fils Thomas.


  • Noël, Madeleine

    File:Panneau Station Madeleine Métro Paris Ligne 8 - Paris VIII (FR75) -  2022-07-02 - 2.jpg - Wikimedia Commons

    ous avons fêté Noël, la veille au soir, tous réunis. Comme chaque année, enfants et petits-enfants sont ensuite partis dans les belles-familles.

    Chaque Noël a son ton particulier. Les petits enfants grandissent, leurs personnalités évoluent, se précisent. On les voit prendre davantage de liberté vis-à-vis des familles. Certains caractères s’affirment. À leur âge, de 15 à 22 ans, rien n’est figé et je trouve ces retrouvailles passionnantes.

    Nous nous sommes bien amusés dans la cuisine. Noé a préparé une bûche sophistiquée (il avait apporté son moule de Grenoble), Thomas a joué au marmiton (oui chef !), Julien a présenté son foie gras végétarien (par pitié pour les oies, mais moins bon), Marius a exprimé ses habituelles assertions, difficiles à comprendre, j’ai épluché et coupé les pommes de terre en rondelles (pour un gratin dauphinois à la saucisse franc-comtoise) et j’en passe…

    Les cadeaux ? Une pompe à bouteille de vin, un rasoir à bouloche, un chalet japonais pour les oiseaux, le livre de Jacques Schmitt (un ami de Gilles) sur l’histoire des inventions pour chacun des petits-enfants, des livres, des places de théâtre, des papillotes lyonnaises et j’en oublie, bien sûr…

    La tablée était tranquille et bienveillante. Le repas a déroulé ses plaisanteries, son humour, ses anecdotes. On a peu parlé politique comme s’il n’y avait plus rien à en dire. Le temps a paru court. On a ensuite tous ensemble débarrassé la table et rangé la cuisine.

    Installés dans le salon, je crois qu’ils se sont raconté leurs histoires de chercheurs. J’étais allée me reposer dans ma chambre. Ils sont venus me chercher pour la photo, puis Julien et sa famille sont rentrés chez eux. Noël classique !

    Pour ma part, je sens qu’une année de plus pèse sur mes épaules et enraidit mes jambes. C’est la vie ! comme dit Maria, la gardienne de l’immeuble qui est partie samedi dernier avec son mari José faire la connaissance de leur petite-fille Alexandra, née en Espagne jeudi dernier.

    Le lendemain, jour de Noël donc, nous étions seuls. Nous avons lavé des tonnes de drap, rangé l’appartement et surtout savouré le calme revenu, avec autant de plaisir que l’agitation des jours précédents. Qui a dit : L’ennui naquit un jour de l’uniformité ?

    Le surlendemain, Daria est venue déjeuner. Pablo était parti fêter Noël en famille au Pérou. J’aime l’entendre parler de sa famille, raconter son Iran raffiné et cultivé. Si différent de celui présenté à la TV. Nous avons évoqué le livre de sa sœur et sa thèse à l’ENS sur l’identité, sujet qui lui tient à cœur.

    Je voudrais vous raconter une petite scène de métro comme un cadeau de Noël

    Entre Noël et le jour de l’an, le métro transporte des familles en vacances venues du monde entier. Surtout de France et d’Europe. Les rames étant moins fréquentes, on s’entasse plus encore que d’habitude. Mais cette après-midi-là, la foule est descendue à la station Opéra et mon regard a été attiré par une petite fille d’une dizaine d’années qui tenait la barre centrale. Debout, grande pour son âge, un peu à l’écart de ses parents, regard songeur. Blonds cendrés, ses cheveux glissaient jusqu’à sa ceinture en tresses lâches qui laissaient échapper quelques mèches. Ses vêtements un peu trop larges lui donnaient une allure d’adolescente en devenir. Le métro s’est arrêté à la station suivante, Madeleine. Son regard s’est fixé sur le quai avec un intérêt que j’ai reconnu, celui qui guide ces lignes.

    Quand la sonnerie de fermeture des portes a retenti, elle a levé une main, l’a fait pivoter avec grâce et elle a dit :

    — Au revoir Madeleine !

    Elle a égrené les syllabes. Ma-de-lei-ne ! Un prénom qui ne se donne plus, mais dont le charme a soudain resurgi dans le métro parisien à côté des valises Airbnb. Ai-je pensé à la comtesse de Ségur, à la Madeleine de Tougin, à la madeleine de Proust ? Je ne sais pas, mais nos regards se sont croisés et j’ai souri. Elle a souri à son tour. La musicalité du mot m’est entrée dans le corps à la façon d’une mélodie de Fauré, son sourire s’est inscrit dans mon âme comme un espoir. Française ? Rien n’indiquait sa nationalité. Cette petite fille avait aboli les frontières, ouvert les portes de la poésie, celle qui passe la plupart du temps inaperçue.

    Cette nuit, un million de personnes se répandront sur les Champs-Élysées, beaucoup de jeunes. Tous vont crier et s’embrasser à minuit. Mais, c’est une autre histoire, celle de la nécessité de ne pas se sentir seul, de partager une émotion XXL avant le démarrage d’une année dont on ne sait vraiment pas ce qu’elle nous réserve dans le fragile contexte d’aujourd’hui.


  • Demain, Noël

    Noël demain. Juste quelques mots.

    La plupart du temps, un détail, une réaction imprévue, un geste soudain, une nouvelle cueillie dans les medias guident mon écriture. Je me sens alors vivante, en votre compagnie.

    Nous avons un gouvernement, le quatrième en un an !

    Hier, La Claque, au théâtre de la Gaité-Montmarnasse. vif et très bien joué. On s’est bien amusé.

    Les enfants sont arrivés.


  • François Bayrou. Ouragan à Mayotte. Miss France

    Miss Martinique 2024, Angelique Angarni-Filopon a été sacrée Miss France 2025 à l'Arena Futuroscope de Poitiers. L'émission était présentée par Jean-Pierre Foucault et Sylvie Vartan était la présidente du jury.

    Encore un premier ministre.

    Une motion de censure contre le budget de l’année prochaine ayant été déposée par le RN, Michel Barnier (centre droit) a démissionné. Vendredi, François Bayrou (un peu plus à gauche) a été nommé Premier ministre. On se retrouve à peu de chose près dans la même situation qu’auparavant. Comment éviter la censure du budget par les partis extrémistes ? Problème commun aux démocraties actuelles.

    Quatre Premiers ministres en un an, un record ! Pendant ce temps, l’agence de notation internationale Moody’s qui juge de l’état d’endettement des états a baissé la note de la France. Si le budget n’est pas voté au plus vite, les intérêts de la dette vont s’envoler et les finances de l’état risquent d’être en très mauvaise posture. Il est indispensable de contenir la dette pour éviter la tutelle du Fonds Monétaire International. Comme ce sont les familles à budget serré qui trinquent, le risque de flambée sociale est important. La marge de manœuvre est très étroite, certains disent même inexistante. Mission impossible ?

    La France, bien que championne d’Europe en matière de dette, n’est pas seule dans cette situation, l’Allemagne jadis moteur économique de l’Europe, également. On se demande ce que l’avenir nous réserve !

    Un cyclone a soufflé sur Mayotte, rasant tout sur son passage. Le plus terrible depuis des décennies. Le bilan humain ne peut pas encore être évalué sous les décombres. Le préfet parle de centaines ou de milliers de morts. Plus d’eau, plus d’électricité. Cet archipel, département français, est en grande partie recouvert de bidonvilles bricolés par des émigrants venus des Comores. Ces abris de fortune ne sont plus que tôles pliées et débris. Leur fragilité en fait pourtant la force. On les voit déjà se redresser.

    Pendant ce temps, le pape, qui a refusé d’assister à l’inauguration de Notre-Dame, est en visite en Corse. Encore un événement de foule ! On dirait que les gens ont plus que jamais besoin de se retrouver dans des rituels festifs.

    À ce propos et sans faire de comparaisons oiseuses, je me suis amusée après La main au collet d’Hitchcock à regarder durant une heure l’élection de miss France. J’y ai observé quelque chose de bizarre par rapport aux autres années. Je me suis reproché de les trouver un peu moins jolies, un peu moins dynamiques. Serait-ce qu’en vieillissant un fond d’amertume m’éloignait de leur jeunesse solaire ? Il est vrai que ce genre d’événement qui tient des comices agricoles ou des concours canins pouvait agacer, mais pourquoi davantage cette année ? Les lauréates sont pourtant de plus en plus des jeunes femmes cultivées et décidées, des femmes modernes. Leur année de royauté leur autorise une visibilité assumée.

    Le lendemain, j’ai appris que la jolie Miss Pas-de-Calais ayant mes faveurs n’était que Première demoiselle d’honneur. Miss Martinique, âgée de 34 ans, pas très jolie, paupières tombantes, sourire figé, avait été élue. J’ai mis son succès sur le compte du jury, exclusivement féminin, composé de stars vieillissantes, Sylvie Vartan, présidente.  J’y ai vu une volonté louable de dépasser le cliché de la jolie fille de vingt ans (que j’ai tout de même un peu regretté).

    Pour en avoir le cœur net, j’ai regardé en début d’après-midi un long reportage à TF1. J’ai vu des centaines de personnes tourner pendant des mois autour des trente jeunes femmes sélectionnées dans toute la France. À prix d’or ! Voyages, robes, apprentissages divers. Une sorte de troupe du Lido. Elles se laissaient faire comme des poupées Barbie. Visages parfois boudeurs, toujours volontaires. Le reportage datant de deux ans suivait un parcours assez traditionnel.

    C’est alors que j’ai découvert sur Internet le changement des règles.  Désormais les mères de famille, les femmes trans et les prétendantes tatouées, par exemple, sont désormais autorisées à présenter leur candidature. Et la limite d’âge, auparavant fixée à 24 ans, a été supprimée. Waouh ! Les temps changent !

    Cela voudrait-il dire qu’on peut s’attendre à ce que l’élection tourne à la Gay pride ? En tous cas la Belgique a décidé d’abandonner son concours de beauté.

    Dimanche, j’ai retrouvé Pierre au bistro de Saint Eustache. Je lui ai fait part de mes observations, mais le sujet ne l’a pas passionné. Nous sommes passés à autre chose…


  • Réouverture de Notre-Dame de Paris. Deux scènes quotidiennes.

    DIRECT. Revivez la cérémonie de réouverture de Notre-Dame de Paris

    Samedi et dimanche, les cérémonies pour la réouverture de Notre-Dame ont animé Paris.

    Je me souviens du jour où elle a brulé. J’étais dans la voiture entre Annecy et Genève lorsque j’ai vu la flèche en flamme osciller dans la nuit. J’avais éteint mon portable, incapable d’en regarder davantage. Une désolation semblait s’être abattue sur l’univers.

    Aujourd’hui, cinq ans plus tard, elle renaît grâce à des dons venus du monde entier, grâce au travail d’innombrables artisans. Symbole à la fois puissant et fragile, majestueux et quotidien. Témoin de tant d’événements tristes et heureux au fil des siècles, rescapée de la ruine au 19 ième siècle, grâce à la littérature, à Victor Hugo.

    Aujourd’hui, les vitraux et l’orgue chantent à nouveau.

    Samedi, je devais aller quai des Grands Augustins. L’île de la Cité était interdite aux piétons. Foule et barrières de sécurité.

    Le lundi, le quotidien a repris son cours.

    Ça fait plusieurs semaines que je ne trouve pas le temps d’acheter de la crème Nivea. Très bon marché, elle me convient à merveille. Au Franprix, personne dans le magasin. J’ai encore perdu mon petit porte-monnaie, je l’oublie régulièrement sur les comptoirs de magasins ou sur les tables de cafés. Encombrée par mon parapluie, je fouille dans mon portefeuille. J’en sors péniblement un billet. Je tire sur la fermeture éclair pour y glisser les quelques pièces rendues par le caissier renfrogné. Quand je lève le nez, derrière moi, un homme de haute taille me regarde d’un air amusé. Vêtu d’une parka un peu débraillée sur un pull élégant, cheveux poivre et sel, soixante-dix ans environ, il m’évoque un baroudeur en escale. Devant ma confusion, il lève sa casquette et me dit :

    — Prenez votre temps, je ne suis pas pressé ! 

    Je lui réponds en blaguant :

    — Comme moi ! On peut dire qu’on a de la chance tous les deux.

    Ça le fait rire :

    — On a du pot !

    Le caissier, en habitué, anticipe ma distraction. Il me tend le pot de crème enroulé dans le ticket de caisse, le visage soudain illuminé d’un sourire :

    Au moment de passer la porte, je lance d’une voix forte, comme si j’allais oublier :

    — Bonne journée !

    J’entends derrière moi, deux voix tout aussi sonores :

    — Bonne journée !

    En sortant j’évite les flaques d’eau et toujours encombrée de mon parapluie, je cours à la pharmacie. Je suis en retard pour le vaccin contre la grippe saisonnière.

    Véronique, l’assistante, me dit qu’elle n’a pas le droit de piquer, mais que la pharmacienne ne va pas tarder. En attendant, la jeune femme m’offre une écharpe en cadeau commercial. Le temps que je me dise que j’aurais préféré ne pas être une bonne cliente, sa patronne arrive.

    Papiers d’usage, piqûre derrière le rideau dans le cagibi en dessous de l’escalier. Pendant que je me rhabille, j’entends une voix d’homme demander à être vacciné contre le Covid.

    Dose indisponible. Prise de RV. Et contre la grippe saisonnière ? Oui. Papiers.

    En sortant, je le regarde et je lui lance : « Au suivant ! ».

    L’homme est étrange. La soixantaine, mince, des petites lunettes rondes, un visage sévère. Il m’évoque certains professeurs de ma jeunesse. Je m’attends à ce qu’il m’invite à me mêler de ce qui me regarde. Il me dit :

    — Vous venez d’être vaccinée de la grippe saisonnière ?

    Il avait entendu notre conversation et ajoute, pince-sans-rire :

    — Je ne vous ai pas entendu crier !

    Je vais rétorquer que je suis une personne courageuse, mais quelque chose me fait lui répondre :

    — Je ne l’ai même pas senti !, ce qui n’était pas tout à fait vrai. 

    La pharmacienne met son grain de sel :

    — Ne vous en faites pas, je ne suis pas du genre à me venger de la vie sur les patients.

    In petto, je me suis souvenu qu’à l’époque des premières vaccinations contre le Covid, elle n’avait pas ménagé une femme ayant laissé sa petite fille jouer avec le présentoir de rouge à lèvres.

    L’homme se dirige vers le rideau en disant :

    — Moi, je vais crier !

    Je suis sortie en faisant semblant de m’enfuir, toute contente de ma matinée.


  • Le temps qui passe

    Le mois de novembre est terminé. Les semaines défilent. Á peine terminée la précédente chronique, je me retrouve devant mon clavier. Je sais que la mort arrive, mais je ne m’en rends pas vraiment compte. Certes, je perds la mémoire immédiate, j’oublie où j’ai posé mes lunettes et mon portable, les noms propres s’envolent au moment où je les prononce. Souvent, je me sens rouillée quand je me lève. Pourtant, deux mois de nage quotidienne m’ont permis cet été de retrouver un peu de cette souplesse que je croyais perdue et cela m’encourage.

    Quand je me regarde dans le miroir, mes rides me sautent aux yeux et je les compare, songeuse, au teint de pêche des jeunes filles dans le métro. Des hauts et des bas se succèdent, la vie ne m’épargne pas plus que tout un chacun. L’usure est là, les malheurs aussi, mais dans l’ensemble la vie continue et je pense à mon frère Marc, revenant cet automne d’un séjour ensoleillé à la montagne. Il m’a dit après une seconde d’hésitation, comme s’il devait s’en excuser :

    —… Ça vaut la peine de continuer !

    Oui, les malheurs sont là. Les bonheurs aussi. Ces bonheurs intenses qui arrivent à l’improviste.

    Toute ma vie, des sourires cueillis au gré des vents m’ont permis d’avancer. Voyez-vous, l’âge les multiplie. Voilà qui vaut la peine de se battre au jour le jour, de résister à l’adversité, de prendre, de rendre ces petits instants contenant ce que l’humanité a de meilleur, par une sorte de miracle qui vous transporte à l’écart de la gloire et du pouvoir, de la misère et de la richesse, de l’oppression et de la soumission.

    Pourtant, je sais que tout va s’arrêter. Comme lorsqu’on s’endort ? Un effacement subit ? Je laisserai quelques traces, lesquelles s’effaceront vite. Nous sommes des milliards et des milliards à parcourir, à avoir parcouru cette aventure. Pourquoi, pour qui ?

    Le mois de novembre est terminé, je retrouve ma jeunesse dans des souvenirs vivaces. Je pense à tous ceux qui sont partis, que j’ai aimé, qui m’ont aimée. Ils ne sont pas tout à fait disparus tant que mon corps tressaille à la vue d’un paysage, d’une situation, d’une rencontre, d’une peau, les évoquant. D’une fleur qu’ils ont regardée. Que nous avons regardé ensemble.

    Je peux alors me tourner vers l’avenir avec une confiance renouvelée dont ils ont leur part.


  • Fermeture de Tougin, street art, la banane

    Mais qui a pu acheter une banane pour 6,2 millions de dollars à New York ?

    Un saut de trois jours à Tougin pour la pose d’un revêtement dans notre chambre et la fermeture de la maison. Comme toujours, le contraste entre la vivacité des rues parisiennes et le calme du hameau nous a pris de court.

    Mon piano m’aide à faire la transition. J’aime gigoter des doigts, me battre avec une mémoire défaillante, écouter chaque note, l’améliorer. Quand je crois une mélodie définitivement perdue, elle resurgit mystérieusement. Malgré ma maladresse, j’ai l’impression de renouer avec l’âme du village. Parfois les oiseaux me répondent.

    Et j’aime les promenades le long de l’ancienne voie ferrée. En arrivant le Jura était poudré, puis la neige est tombée à gros flocons. En partant les crêtes dévoilaient de blanches et lumineuses rondeurs.

    Une délicieuse tartiflette savoyarde gratinée nous a réunis chez Denis et Jacqueline avec Marcel et l’autre Jacqueline. Ah, ces conversations, toujours agrémentées de souvenirs savoureux, enracinées dans le travail de la terre, le bricolage, les nouvelles de chacun, le temps qui passe, la familiarité avec la nature ! Denis et Marcel ont été élevés dans des fermes. Elles peuvent durer des heures. Mais il fallait finir de vidanger le chauffe-eau. Aperçu Nick et son chien Jarvis. Deux mots avec Angiane. Un long téléphone avec Henriette (pas le temps d’aller à Genève, surtout avec les plaques de neige sur la route). Une bière avec Agnès. On s’est souhaité de bonnes fêtes de fin d’année. Et nous sommes repartis.

    Foule à la gare de Bellegarde. Des cars déposaient ou prenaient des voyageurs naufragés en raison de la fermeture de la gare de Genève. Et foule à Paris. Banlieusards et touristes du week-end, manifestations (et on n’a pas fini !). Heureusement, l’appartement est tranquille.

    Dimanche, nous avons été avec Julien et Thomas voir l’exposition de street art qui se terminait à la Grande Poste du Louvre. Une queue de cinquante mètres nous a dissuadés d’y entrer. Nous nous sommes contentés de regarder les grands panneaux installés dans la cour. Des graffeurs entourés de bombes et de seaux s’agitaient devant l’un d’eux. Du «  live ».

    Une fois de plus, j’ai été frappée d’un manque d’imagination. Toujours les mêmes têtes de lions, les mêmes monstres, les mêmes femmes érotiques et fantasmées, les mêmes couleurs criardes. Une disparition de la sensation au profit du sensationnel. Il faut crier pour se faire entendre. Le buzz avant tout. Et pourtant, j’ai trouvé quelque chose de touchant, dans cette volonté farouche et désespérée de laisser des traces dans notre monde industrialisé, numérisé, déshumanisé.

    Et lundi, j’étais contente de retrouver mon atelier.

    Hier soir, en bas de la cage d’escalier, j’ai rencontré Céleste, ma petite voisine du troisième

    Elle m’a dit qu’elle venait de finir l’ENSBA, l’École nationale des Beaux-Arts de Paris et qu’elle avait désormais un atelier à Ivry. Nous avons discuté longuement. Sur son site, j’avais vu et apprécié son installation dans la montagne, une sculpture en bois haute et légère, exprimant la fragilité de la nature. J’en avais aimé les frémissements, une liberté vivifiante. Elle avait passé une année en Corée dans le cadre d’échanges culturels.

    Je connais Céleste depuis sa naissance. Enfant unique, fêtée par des parents originaux qu’on voyait s’élancer, blottis l’un contre l’autre sur une grosse moto silencieuse pour le plaisir d’arpenter la ville. Elle fut une enfant rieuse, au visage arrondi encadré de boucles blondes, céleste. À la retraite, ses parents se sont installés dans le Vercors et elle vit dorénavant dans l’appartement familial. Elle me donne des nouvelles quand nous nous rencontrons dans l’escalier et naturellement nous parlons de nos travaux et de l’avenir de l’art.

    Gagner sa vie dans ce domaine n’est pas facile, elle se trouve à un moment délicat de son existence. M’avouant n’avoir pas trop la bosse de l’enseignement, elle me dit :

    — On participe à des concours et nos projets peuvent être retenus par des galeries. Beaucoup d’appelés, peu d’élus !

    Comme je lui demandais si elle avait le sens des affaires, elle me répondit négativement.

    — C’est pourtant le critère principal pour réussir ! Savoir se vendre. On ne vous apprend pas ça à l’école, aujourd’hui ?

    Elle hocha la tête, sans plus.

    J’ai insisté :

    — C’est pourtant la définition de l’art donnée par « la banane ».

    Elle me jeta un regard triste :

    — Je n’aime pas la banane ! dit-elle, à voix basse, sur un ton de confidence.  

    Une banane scotchée sur un panneau blanc vient d’être vendue chez Sotheby’s pour 6 200 000 $.


  • Élections américaines (suite), Nô

    Le package de 50 milliards de dollars d'Elon Musk soumis aux actionnaires  de Tesla

    Le résultat des élections laisse les États-Unis et le monde entier dans un questionnement inédit jusqu’à aujourd’hui.

    Le Donald Trump de 2020, on le connaissait plus ou moins. On avait craint le pire, mais l’administration américaine avait résisté à son précédent mandat, la justice se frayait vaille que vaille un chemin vers la vérité au sujet de l’attaque du Capitole. On pensait le mensonge malvenu en politique, aux États-Unis. Qu’on se rappelle l’affaire Lévinsky.

    Désormais c’est différent. Depuis les années 2010, les réseaux sociaux ont fait basculer le monde entier dans le complotisme. On ne distingue plus l’écran de la vraie vie. Il suffit de cliquer. N’importe qui se fait sa vérité, chacun comme il le sent, comme ça l’arrange. Il en résulte une confusion des idées dont certains profitent. Ils savent appuyer là où il faut, mentir si nécessaire, et en recueillir le fruit. Dans un discours, Trump avait fait croire que les gens de Porto Rico mangeaient les chiens de leurs voisins. Relayée des millions de fois, même après que l’information a été démentie, les intentions de vote en sa faveur ont grimpé en flèche.

    Aux dernières élections, Trump s’est associé avec Elon Musk, entrepreneur de génie (Tesla, SpaceX, etc.) et propriétaire de X, ex Twitter. Cet ancien chercheur de la Silicon Valley a pour ultime ambition d’aller mettre le pied sur la planète Mars et même d’y installer une colonie de terriens. Le nom de ses derniers enfants : Après X Æ A-Xii (3 ans) et Exa Dark Sideræl (1 an et demi), enfin Techno Mechanicus. Le monde lui sourit.

    Avec l’objectif non caché de se débarrasser des institutions ou des règles susceptibles de nuire à ses intérêts, il a sauté sur l’occasion et participé à la campagne de Trump, soudain devenu son ami. Pour le remercier, Trump a déclaré qu’il lui donnera en janvier le poste de « Ministre de l’efficacité gouvernementale ». Bingo !

    Il a déjà lancé des propositions dans le genre : licencier  tous les agents d’Etats, fermer l’United States Department of Education. Ce matin, il demandait des bénévoles sur son réseau X pour les remplacer.

    Humour ? Véritables projets ? De quoi brouiller les idées, puis imposer l’inadmissible ? Wladimir Poutine connaît la technique. Il suffit de faire admettre que 2+2 font 5, comme l’écrivait Orwell.

    Une seule réalité s’impose. Les caractères de ces deux fous sont incompatibles. Or, c’est Trump qui a été élu.

    Nous sommes rapidement passés au vernissage de Pierre Christin à la galerie Nichido, à côté de l’Élysée. Un grand et beau tableau représentant le Bouillon Chartier. Globes se reflétant dans les miroirs. De nombreux Évianais s’étaient déplacés. Nous y avons retrouvé Marie et Jean-Marc. Nous avons tous les quatre rapidement bu un verre dans la sympathique brasserie de la rue Miromesnil. Enfin, Gilles et moi avons continué sur le Musée Guimet pour un spectacle de nô, une savante et universitaire Médée de Sénèque à la sauce japonaise. Étrange, dépaysante.

    Le lendemain, un concert à la salle Gaveau, où Chantal avait réservé trois rangées de fauteuils à prix d’amis. Elle avait prêtée sa salle pour son rodage quelque temps auparavant. De la musique contemporaine, voix (contre ténor), violon, piano et violoncelle, dont une création mondiale. Les compositeurs étaient présents. J’ai aimé le Salve Regina de Jean Philippe Goude. Pourquoi es-tu triste, mon Ame ?

    Ces jours-ci, je me bats avec des éléments de céramique à ajuster. De tout temps, j’ai été fâchée avec la colle.

    Dimanche, Julien et Thomas. Nous avons continué l’évolution de ce site, en particulier sa section galerie.

    Mardi, nous partons fermer Tougin pour l’hiver. La météo annonce de la neige. Marcel a déjà mis le chauffage en route. Enricke sera aux Pays-Bas. Quel dommage, nous avons tant de plaisir à nous voir et à parler céramique ! Je rapporterai le hérisson et l’escargot au printemps.