Comme c’est bizarre ! Un mois de janvier sous le signe de retrouvailles avec des amies de 2 à 85 ans.

Gabrielle, Gaïa, Aimie, Muse, Annabelle, Claire, Sara, Xiaoli, Susie, Camille, Olivia, Virginie, Barbara, Micheline…

Quel plaisir de les voir ! Des destins si différents, qui s’achèvent, qui débutent, comme la vie est étrange !

Fini le temps où l’avenir d’une femme était réglé à la naissance.

L’une, après des années à naviguer sur l’Atlantique s’est fixée à Florès aux Açores avec son compagnon et ses quatre enfants. Par les bateaux en escale, ils ont des amis dans le monde entier et sont bourrés de projets en France et en Afrique.

Gaïa, leur fille, 8 ans, voyage en France avec ses parents pour trois mois. École tous les matins. Ses sœurs sont à Grenoble, l’une en prépa, l’autre, après un diplôme d’ingénieur, démarre un travail ayant un lien avec l’écologie.

Une autre, Claire, dessinatrice, élève seule avec amour sa petite fille, vive et indépendante.

Une autre a quitté la Chine. Naturalisée française, elle a épousé un Américain, monté son école de chinois et fait des traductions pour LVMH.

Susie, que j’ai aussi dessinée et peinte, après une année sabbatique mène en parallèle une thèse sur les masques grecs et son professorat de français en lycée.

Une autre, à 18 ans, se lance dans des études d’histoire de l’art, décidée à ne pas choisir un métier qui lui déplairait. Je l’ai logé ce week-end dans mon atelier avec une amie du même âge, Justine, laquelle s’ennuie dans une école de commerce. Elle va rejoindre l’équipe de son frère, déjà bien lancé à Annecy dans la musique de concert, rock ou quelque chose comme ça. Elle fait du piano depuis l’âge de 6 ans.

Une autre encore est partie caméra en main pendant deux mois, dont plusieurs semaines à Avignon, pour interroger des directeurs de théâtre et des comédiens sur leur vie pendant le confinement. Elle a travaillé comme journaliste pour Connaissance des arts, puis s’est arrêtée pour réfléchir et écrire un mémoire de master sur Huysmans, critique d’art.

Barbara, américaine,  est retournée chez elle, à Ferrare en Italie, après un séjour chez son frère à San Francisco. Elle y a retrouvé sa fille qui y vit avec sa compagne grecque et leur petit garçon Ulysse.

Les filles d’Olivia et Virginie volent désormais presque toutes de leurs propres ailes. Commerce d’entreprise, droit, fleuriste, gestion d’hôtellerie de luxe, aide à la personne. Varié…

Varia, dont la famille vit en Iran, après des diplômes en pagaille et une thèse brillante à l’ENS sur l’influence de l’autoportrait sur des écrivains dont Annie Ernaux, cherche du travail.

Micheline finit ses jours, dans un Ehpad, très entourée.

Et j’oubliais Annabelle qui avait disparu des années, voyageant dans le monde sans laisser d’adresse. Elle est maintenant installée à Marseille.

Comment ne pas nommer Flavie ? Trop occupée par de brillantes études à Sciences Po pour qu’on ait pu se revoir après son retour des vacances chez ses parents à Genève.

Comme les temps changent…

Plusieurs de mes nièces, après des études d’ingénieurs puis deux ou trois ans de travail en entreprise, se sont lancées dans de nouveaux métiers pour la sauvegarde de la nature. L’une d’elles travaille pour l’assainissement des réseaux hydrauliques de la Bretagne.

Réalistes, aux destins pas toujours faciles, ces femmes sont indépendantes financièrement, peu exigeantes quant aux salaires, courageuses et ambitieuses.

Elles me touchent et j’espère que l’avenir leur sera favorable. Mais je ne serai pas là pour le savoir.