Bernard et Nelly nous avaient proposé une visite du Carmel du Reposoir, à deux pas du col de la Colombière étape incontournable du Tour de France. Ils ne pouvaient pas savoir qu’une de mes cousines en avait définitivement franchi la porte plus de cinquante ans auparavant. A l’époque, nous étions assez proches. Je ne l’avais pas revue depuis. Elle vivait donc à 1500 m d’altitude, cloîtrée, à peu près sans contact avec le monde. Il y a longtemps déjà, sa sœur jumelle, m’avait raconté qu’elle avait frappé à la porte du Carmel, mais que la religieuse avait refusé de la voir du fait qu’elles s’étaient déjà rencontrées l’année précédente.
Bernard est un passionné de chartreuses. Ces monastères fondés par Saint Bruno vers 1200, ont essaimé dans toute l’Europe. La plupart sont devenues des propriétés privées, suspendues en terrasse ou blotties dans des vallons encore sauvages. Les moines n’en sortaient que pour aller prier à la chapelle et pour se promener une fois par semaine dans la nature en compagnie d’un ou deux autres moines, seul moment où la parole était autorisée. Chacun d’eux disposait d’un jardinet entouré de murs pour faire pousser des légumes. Ils finissaient leurs jours enterrés au centre du cloître.
Celle du Reposoir fut pillée à la Révolution, les moines chassés. De retour à trois reprises, ils en partirent définitivement à la Séparation de l’Eglise et de l’Etat en 1905. Des carmélites s’y installèrent en 1932. Elles y sont restées. Cloitrées, elles occupent ce splendide bâtiment dans des conditions climatiques difficiles, à peine chauffées et de moins en moins nombreuses.
(à suivre)
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