Comme j’aimerais ne pas avoir à écrire sur un tel sujet ! Pourquoi faut-il que les hommes aiment la guerre ? Que connaissent-ils de l’amour, de la liberté ? Je voudrais contre toute réalité qu’un fond d’espoir subsiste.

Un convoi de soixante kilomètres de chars et de munitions s’avance vers Kiev. Un fou, le doigt sur le bouton nucléaire, dit se battre contre un gouvernement néonazi. On avait mis les morts à table, dit le poète.

L’actuel gouvernement ukrainien est issu d’une série télévisée qui a mis en scène une résistance contre la corruption, visant ainsi celle du précédent gouvernement inféodé à la Russie. À la surprise générale, le président fictif qui s’était présenté aux dernières élections a été élu en 2019, à une forte majorité. Malgré son inexpérience et après des débuts chaotiques, Volodymir Zelensky s’est peu à peu imposé dans son pays comme sur le plan international. Qui aurait pu imaginer une telle situation !

C’est la volonté de son gouvernement d’entrer dans l’OTAN, Alliance politico-militaire des pays d’Europe et d’Amérique du Nord qui semble avoir mis le feu aux poudres. Le président russe, Wladimir Poutine formé dans l’ancien KGB (service de renseignement pour la Sécurité de l’Etat), nostalgique des anciennes frontières soviétiques et de l’Empire russe y a vu une intrusion intolérable. L’Ukraine, riche en ressources minières, grenier à blé de l’Europe, une large façade sur la mer Noire ne pouvait à ses yeux s’émanciper de la Russie. Il s’est construit un scénario historique où Kiev serait le berceau de la Grande Russie. Il s’est montré à la télévision prêt au nucléaire pour chasser Zelensky et le remplacer par un président et un gouvernement sous son autorité.

À la tête de la Russie depuis vingt-deux ans sous différentes formes, il a changé la constitution pour pouvoir y rester jusqu’en 2036. Bien qu’il ait noyauté les informations, bridé les libertés, avantagé les oligarques, les grandes fortunes, et bien que le pays ne décolle pas sur le plan économique, il bénéficie d’une forte cote de popularité dans la Russie profonde. Tout est réuni pour une guerre sans merci !

Après une période de rapprochement avec l’Occident, Poutine montrait les dents depuis longtemps, pour ne pas dire plus. L’annexion de la Crimée, d’une partie de la Georgie, le renforcement de son armée, tout indiquait qu’il avait l’intention d’aller plus loin.

Naïveté ? L’Occident a laissé sans broncher 200 000 soldats russes s’entasser aux frontières de l’Ukraine. Lorsque les premiers mouvements ont démarré, on n’a pas cru à une invasion aux conséquences dépassant l’entendement. Notre président Macron s’est pendu au téléphone pour persuader Poutine d’arrêter, ce qui ne l’a pas empêché de lancer des troupes sur Kiev pour une guerre éclair, tout en disant qu’il était prêt à négocier.

Mais les Ukrainiens se sont défendus suscitant une admiration générale. Zelenski a fédéré son peuple et son armée contre l’inéluctable, les Russes ne sont pas parvenus à prendre l’aéroport aussi vite qu’ils l’espéraient.

Poutine ne veut pas bombarder Kiev, qu’il considère comme appartenant à la culture russe. Il lance quelques missiles pour faire fuir les habitants et encourage la population à se réfugier en Pologne.

Aujourd’hui, près de cinq cent mille Ukrainiens ont franchi la frontière, souvent avec de simples balluchons, parfois à pied. Quelle misère ! Imaginez la terreur des femmes et des enfants laissant derrière eux les hommes défendre leur pays.

Le monde entier s’est uni pour isoler la Russie par des sanctions économiques et financières, au risque de devoir se serrer la ceinture. Des semblants de négociations ont réuni les belligérants dans la Biélorussie voisine. Nous en sommes là, sans oublier les villages rasés dans les deux territoires russophones de l’est, dont on n’a pas de nouvelles.

L’Occident arme l’Ukraine, mais que faire devant soixante kilomètres d’armement en route vers Kiev. 

Et pendant ce temps, ici à Paris, nous savourons quelques jours de soleil, une promesse de printemps. La paix est un bien précieux dont il faut goûter chaque seconde, à ne pas gaspiller, à préserver autant que faire ce peut. Le plus grand des trésors.