La ville de Marioupole, plus de 400 000 habitants avant la guerre, est rasée. Elle tient encore, contre toute attente. Des millions d’Ukrainiens vivent dans des abris, les femmes, les enfants, les vieillards partent sur les routes traversent les frontières, les hommes se battent jusqu’à la mort ou la victoire. Et les Russes croyaient être accueillis en libérateurs ! Absurdité des fake news sur Internet ?

Et pourtant le printemps est arrivé. Plusieurs jours de douceur et de ciel sans nuages.

Etrange, pour la première fois depuis des années, l’hiver ne m’a paru paru trop long ! Une réaction aux deux précédents plombés par le Covid ? Peut-être ! Le virus moins menaçant, les obligations sanitaires moins impérieuses, j’aurais davantage savouré une liberté qui allait de soi auparavant, chaque instant précieux d’une vie qui redémarre.

Ces jours-ci, je relis et reprends ces chroniques pour les réunir dans des volumes, je m’étonne. Semaine après semaine, je m’attache à noter des faits qui n’ont rien de spectaculaire, mais qui me semblent importants. Dans celles qui concernent la pandémie, les petits événements qui nous réunissent autour d’une table, dans la rue ont disparu. Je m’attarde sur les confinements et les déconfinements, sur le port des masques et sur les vaccins. Le covid prend toute la place. J’en établi une sorte de calendrier, avec des hauts et des bas, citant les anecdotes qui lui sont liées, avec l’intention de laisser quelques traces de nos existences soumises à ses dictats.

Aujourd’hui, je m’interroge. N’était-ce pas une obsession, une soumission ? J’aurais peut-être dû en profiter pour lire davantage, relire mes classiques. J’aurais peut-être pu écrire sur le pourquoi et le comment de l’existence, fouiller dans les états d’âme découlant d’une situation exceptionnelle, riche en questions. J’aurais pu démarrer une amitié sur internet, écrire un roman, contourner la réalité de l’isolement par des mots. Non, j’ai préféré noter les maigres faits qui ont égrené ces deux longues années d’épidémie.

Et je pense aux précédentes pandémies. Sitôt finies, sitôt oubliées. Qui se souvient de la grippe de Hong Kong en 1968 ? La guerre de 14 -18, ses 20 millions de morts a provoqué et suscite encore aujourd’hui un immense travail de mémoire, mais que sait-on de la grippe espagnole (1918-1920) et de ses 40 à 50 millions de morts ? Le sujet manquerait-il d’intérêt ? Est-ce une simple péripétie à travers les âges, ne méritant pas de commentaire particulier. En me relisant, je ne serais pas loin de le penser.

Et pourtant… (à suivre)

L’Odyssée à la Sorbonne. Les chants 3, 4, 20. Déclamations illustrées par de superbes marionnettes. Gilles : Nestor et Télémaque. Suzy Busbaumer : remarquable dans le retour à Ithaque d’Ulysse déguisé en vieux mendiant. Hélas, le tout était un peu trop long. Il a fallu abréger, sous la menace de voir les lumières s’éteindre et de repartir à tâtons vers les issues de secours.

Décès de Serge à la veille de ses 99 ans. Il s’est éteint chez lui durant la nuit entouré de sa femme et son fils. « Nous avons entendu sa respiration s’espacer, puis s’arrêter. » Dernier souffle. Une mort paisible.