• Dans le métro, 5 février 2019

    La rue du Louvre était bouchée par une armada de cars de CRS protégée par des policiers qui dirigeaient les voitures à coups de sifflets vers la place des Victoires. On en a pris l’habitude ! Et c’est vers 14 h 30 que je me suis engouffrée dans le métro.

    À la station Opéra, un groupe de jeunes filles est monté dans le wagon. Je n’y ai guère prêté attention. Maquillage prononcé, cheveux sur les épaules, vêtues de sombre. Somme toute banales. Elles parlaient fort, comme souvent les filles en groupe. La station Madeleine dépassée, elles sont sorties à Concorde en bousculant tout le monde. La sonnerie de fermeture ayant retenti, plusieurs d’entre elles ont dû écarter les portes. C’est alors que la dernière s’est retournée et a craché en direction de deux autres jeunes filles restées dans le métro.

    Stupéfaction des passagers ! Le métro a redémarré. L’une des deux jeunes filles s’est vivement reculée, mais l’autre avançant au centre de la plate forme s’est essuyé  la figure, les vêtements avec une ostentation un peu exagérée. Elles m’avaient semblé hors d’atteinte.

    Difficile de ne pas remarquer le luxe de son sac à main, de son manteau haute couture de ses chaussures à talon, les cinq centimètres de ses ongles vernis de noirs, incompatibles avec tout travail manuel, y compris la pratique du clavier ! Visage de magazine, sourcils, yeux, bouche dessinés, cheveux souples et abondants. Je me disais que les autres filles avaient agi par jalousie, lorsque j’entendis derrière moi, une dame s’exclamer :

    — Des pickpockets ! Je les avais repérées.

    Depuis quelque temps, les jeunes mineures employées par la mafia roumaine pour dépouiller les touristes s’habillent bon chic bon genre afin de mieux passer inaperçues.

    Mais elle ajouta :

    — Elles ont vu que c’était des Allemandes. Avant de cracher, elle a crié : Hitler !

    Une résurgence de l’extermination oubliée des gitans ! Ces jeunes Roumaines auraient pu être les arrière-petites-filles des victimes des nazis… Assise sur mon siège, je suis restée songeuse. Quelles pensées avaient bien pu traverser le crâne des unes comme des autres ? Quelles traces y avaient laissé la guerre et ses horreurs génocidaires ?…


  • La Ménagerie de verre, Tennessee Williams, théâtre de poche, Montparnasse (bis).

    (Bis)

    On s’est retrouvés une deuxième fois chez Claudine, ravis de l’occasion qui nous était ainsi offerte. De retour au Théâtre de poche, nous étions mieux placés que la semaine précédente, l’acteur semblait en forme, la représentation se déroula sans encombre. Mon voisin de droite s’assoupissant sur mon épaule participa à sa façon à la moiteur de l’univers de Tennessee Williams. À la sortie, j’entendis ses amis lui dirent : « Gabriel, merci pour le choix, c’était vraiment magnifique ! ». Son triomphe fut modeste…

    Oui, l’histoire était belle et bien jouée, tragique et heureuse, désolée et poétique, dure et tendre. À quelques mètres des acteurs, c’était comme si nous participions à leurs mouvements, au chant de leur voix. Belle soirée !

    Nous sommes rentrés en métro dans cette atmosphère si particulière de la nuit, du retour des spectacles. Bavardage entre amis, amoureux transis, silence des solitaires. Une femme a sauté dans le wagon, parlant à la cantonade d’une voix bien timbrée. Une femme ? Ses cheveux blancs hirsutes n’avaient pas connu de shampoing depuis des décennies, sa jupe sans couleur et déchirée découvrait des jambes nues parcheminées. Ses chaussettes grises tombaient en accordéon sur les baquets qui lui servaient de chaussures. Elle sentait la poussière et remplissait l’espace de sa présence énergique. Avec conviction, elle tint un discours dont le sens m’échappa et commença sa quête.

    D’habitude, je ne donne pas. D’abord, parce que nous préférons passer par les organisations compétentes, mais surtout, parce que la mendicité me semble souvent une indignité réciproque.

    Elle me tendit une main zébrée de crasse,aux ongles cassés et noirs. Ses petits yeux ronds et noirs comme des billes me fixaient avec un je ne sais quoi de rire, de fierté et même de classe. Elle vit que j’étais ébranlée :

    — Six euros pour un sandwich en arrivant à Mairie d’Issy ! (Nous allions dans l’autre sens…)

    Elle me vit saisir dans mon porte-monnaie deux pièces de deux euros :

    — Allez, six euros, le prix d’un sandwich !

    Je lui mis résolument les quatre euros dans la main en souriant.

    Elle comprit la plaisanterie et dans un rire  secoua la tête pour me remercier. Avant de continuer dans les travées, elle se tourna vers moi et me dit presque sérieusement, comme si elle voulait à son tour me faire l’aumône :

    — J’essaierai de faire un effort pour moins me laisser aller !

    Promesse tellement extravagante, que j’en restais pantoise sur mon siège.

     


  • La Ménagerie de verre, Tennessee Williams, théâtre de poche, Montparnasse

     

    Nous nous étions retrouvés chez Claudine à déguster de délicieuses endives au gratin, entourés des  innombrables trésors de sa vie avec Olivier, une vie plus que remplie.

    Puis nous nous sommes rendus au Théâtre de Poche. Dans le petit vestibule bondé, nous avons attendu que les portes s’ouvrent. Un avocat nous raconta qu’il n’avait plus accès à son cabinet, son immeuble ayant été ébranlé par l’explosion de gaz de la rue de Trévise. « Et vos dossiers ? » Il a esquissé un geste fataliste. J’imaginai sa clientèle, déjà excédée par la lenteur de la justice, atterrée à l’idée des futures années d’attente et de procédures, d’expertises diverses.

    Placés au fond de la petite salle, la scène était en partie cachée par plusieurs malabars assis devant nous. Huis clos d’une mère, de son fils de trente ans et de sa fille infirme montée en graine. Décadence, espoirs, on s’est préparé à presque deux heures de disputes violentes, mâtinées de tendresse à la Tennessee Williams.

    Au bout d’une demi-heure un peu plate, l’acteur principal s’est éclipsé derrière un canapé. On a entendu des bruits feutrés. Après quelques minutes de flottement qui nous parurent une éternité, un homme en jeans est monté sur la scène. Une péripétie du spectacle ? Il fallut se rendre à l’évidence : «  Nous vous prions de nous excuser, l’acteur a été pris d’un malaise. Vous pourrez revenir un autre jour ou être remboursés ».

    In petto, je pensai à la gastro-entérite qui commençait à sévir à Paris et à la situation inconfortable qu’elle pouvait occasionner. Gilles fit pointer nos tickets et nous nous sommes quittés sur le trottoir en nous donnant rendez-vous pour  la semaine suivante. Décidément, Papageno à Vienne, et puis cette avanie… Les temps sont durs pour les acteurs !

    Depuis, un air me trotte dans la tête :

    On a tous quelque chose en nous de Tennessee 
    Cette volonté de prolonger la nuit
    Ce désir fou de vivre une autre vie… 

    Il n’y a pas bien longtemps, j’ai appris que le Tennessee de Johnny Hallyday est le Tennessee Williams d’Un tramway nommé désir. J’entendais jusque là l’état du Tennessee… Je n’avais pas fait le lien entre les fans-motards de l’un et le public intellectuel de l’autre. A tort !

     


  • Incendie et gilets jaunes (bis).

    Répétition, oh combien plus dramatique, de l’incendie de la semaine dernière. Rue de Trévise, non loin de là, une explosion due au gaz a fait quatre morts, dont deux pompiers, et des dizaines de blessés. Paris est à la peine !

    Avis entendus sur les gilets jaunes :

    A. farouchement pour ; budget mensuel vêtement et restaurant plus que conséquent, membre de l’élite intellectuelle parisienne et internationale.

    Dîner avec nos amis C. :

    Un ancien journaliste de Libération résolument pour ; il habite rue du Cherche-midi (le quartier le plus cher de Paris).

    Sa femme, comédienne, une très belle femme par ailleurs, plus que pour, prête à faire tomber la tête de Macron et à la brandir au bout d’une pique.

    N.. : « Macron ? Une tête de premier de la classe ! Pas de contact avec la réalité. »

    Au café, avec D. et P. :

    D, Corse pur jus : il estime qu’on est trop indulgent avec eux, beaucoup trop ! Il a ramassé dans le caniveau des Champs Élysées une bille d’acier manifestement lancée par une fronde.

    P. : plutôt favorable, il admet leurs revendications, leurs difficultés à boucler les fins de mois. Il cherche cependant à éviter l’affrontement avec son ami.

    D. se lève pour aller retrouver un neveu. P. et moi restons un moment à parler de la méditation qui accompagne notre travail de peintre.

    En sortant du café, il lâche, tranquille :

    — Ils font chier les gilets jaunes !

    Comme il me voit sourire, il continue :

    — Oui, c’est un vilain mot ! Mais tout de même…


  • Incendie et gilets jaunes.

    Samedi, alors que je savourais un café à la Pointe Saint-Eustache, une odeur de caoutchouc brûlé parvint à mes narines. Je me suis adressée à mes voisins, un groupe convivial et sympathique venu de province : « Ça sent le cramé, vous ne trouvez pas ? ». Un homme aux cheveux gris, me répondit aimablement : « Oui, c’est un incendie », « Une voiture ? », « Non un immeuble ». Bigre ! « … les pompiers sont prévenus ! » Le garçon de café vint prendre la commande et se mêla à la conversation : « En général, ils arrivent en moins de trois minutes ». Le provincial : « ils sont très forts ». Moi : « ils se font pourtant castagner dans les banlieues ». « C’est lamentable ! » répliqua-t-il avec une conviction d’honnête homme. Un camion de pompier a surgi de la rue de Turbigo, il a eu du mal à prendre le virage de la rue Montorgueil, bousculant les tables et les auvents de toile.

    Un énorme nuage noir s’élevait dans le ciel. Je me suis postée en haut de l’escalier menant à la Canopée. Une femme s’est écriée : « il y a une femme au balcon du cinquième » et quelqu’un a ajouté : « et plusieurs personnes aux fenêtres du sixième ! ».

    La grande échelle ébranla les guirlandes de Noël, un pompier y grimpa et pas à pas fit descendre une femme et deux enfants. Puis l’échelle a pivoté et s’est mise en position pour aller chercher les sinistrés de l’étage supérieur. La précision des gestes des pompiers avait quelque chose de surréaliste. Leur absence de précipitation imprimait à l’événement une étrange banalité. Quand je suis partie, j’ai croisé une équipe qui apportait un matériel de respiration artificielle.

    J’avais remarqué debout en haut de l’escalier, un homme appuyé sur un grand bâton au bout duquel était entouré une sorte de drapeau rouge. Visage fermé, indifférent, il paraissait de fort méchante humeur.

    De retour, j’ai entendu des cris au pied de notre immeuble. J’ai allumé la TV et j’ai appris que la huitième journée des gilets jaunes partait de l’Opéra pour se rendre à l’Hôtel de Ville. J’ai réalisé que l’homme de l’escalier était un membre du service d’ordre. Les provinciaux du café, ces retraités tellement heureux d’être ensemble, attendaient le passage du cortège pour s’y joindre, gilets probablement dans la poche. Avaient-ils conscience que leurs actions paralysaient le pays depuis deux mois avec son lot de violences, de destructions, de dépôts de bilan, sans compter sa dizaine de morts et ses nombreux blessés? On pouvait légitimement se poser la question et espérer que cet incendie trouverait des pompiers. Comme le feu s’entretient de lui-même, la violence engendre la violence.


  • Premier janvier

                         

    Je ne suis pas très douée pour les bilans de fin d’année. Pour moi, chaque jour suffit son histoire et l’année n’est qu’une accumulation arbitraire de jours, de levers et de couchers du soleil, de petits et parfois de grands événements.

    Cependant j’aime que chaque jour m’apporte un petit plus, j’aime que le jour précédent soit un enseignement pour le jour suivant. Je déteste stagner, me répéter,

    Je ne trouve pas indispensable de vivre des choses extraordinaires, je découvre  plus d’inattendu dans le simple déroulement d’une vie que dans les triomphes ou échecs autoproclamés. J’espère pourtant de la vie d’heureuses surprises, même si je sais qu’il vaudrait mieux ne rien en attendre.

    Je trouve plus de possibilités d’avenir dans une simple caresse que dans des trémolos passionnés.

    S’il m’arrive de m’ennuyer et c’est très rare, j’ouvre un livre comme une ouverture sur le monde.

    Si l’horizon s’assombrit, je prends acte. Je râle, je tempête et résiste.

    Si l’amertume m’envahit, je râle, je tempête, mais je résiste.

    Quels que soient les difficultés, l’âge qui se fait sentir, vivre me paraît un miracle à partager, depuis le passé, vers l’avenir. A ne pas gâcher,

    Plus le temps passe, plus le présent me semble investi de mystère et cela me plait. La mort en serait-elle l’ultime expérience ?

     


  • Noëls

    Dans ma vie, il m’est souvent arrivé de ne pas aimer Noël.

    Enfant, je m’en faisais une joie à l’avance, mais il était rare que la réalité corresponde à mon attente. On nous réveillait pour aller à la messe de minuit au Carmel. Après le réveillon, j’avais du mal à me rendormir tant j’attendais le lendemain et ses cadeaux.

    Le matin, nous patientions alignés devant la porte du salon. Quand les battants s’ouvraient, nous nous avancions le cœur en émoi vers la chaussure déposée la veille sur le tapis devant la cheminée.  Aujourd’hui, je devine que mes déceptions provenaient surtout d’un je ne sais quoi d’impossible à satisfaire, un espoir sans raison et sans fondement. Était-ce la leçon de Noël ? J’aurais voulu un jour exceptionnel, une joie généralisée, une sorte de miracle d’abandon heureux. Pour ma part, j’y trouvais souvent mon compte, mais je devinais toujours autour de moi, une faille, un chagrin, une déception. Nous nous faisions des petits cadeaux et je crois que j’avais plus de plaisir à les offrir qu’à en recevoir. Quelle n’était pas ma tristesse, lorsque je voyais le dessin ou le petit bricolage inévitablement négligé !

    Quand mon père avait ramassé tous les papiers déchirés et froissés dans un grand sac, nous pouvions jouer avec nos cadeaux en attendant le déjeuner, un copieux et savoureux repas de fête. Nous étions une vingtaine autour de la table et les plaisanteries des grands fusaient, pas toujours très fines. À la fin du repas nous filions dans le jardin, histoire d’utiliser les nouvelles patinettes, les pistolets à bouchon…, nous montions à l’étage pour déployer le train électrique, ses nouveaux wagons et aiguillages. En général, s’en suivait une séance de Pathé baby, Charlot patine, Laurel et Hardy, La Famille quinze tonnes et les films de famille. Les commentaires étaient toujours les mêmes et nous faisaient toujours rire. Après un dîner léger, je retrouvais mon lit avec un curieux sentiment d’inachevé, un rien d’amertume.

    Aujourd’hui, je retiens pourtant de ces jours anciens une satisfaction profonde, le souvenir du salon et de la famille réunie, de la salle à manger et de ses rires. Je retrouve la fraîcheur du jardin, l’odeur des enfants penchés sur les rails du train électrique, le souvenir d’un compagnonnage, si précieux que nous nous attachons, tous à le préserver.

    Hier, alors que nous étions entourés de nos enfants et petits-enfants, peut-être grâce aux années accumulées et à la sagesse acquise, j’ai vécu un Noël proche de celui qu’enfant j’espérais.


  • La fin des gilets jaunes ?

    Samedi, en sortant de Beaubourg, nous nous sommes trouvés mêlés aux gilets jaunes et aux casseurs.

    Nous voulions aller à l’exposition du peintre Zao Wu Ki, mais nous nous étions trompés de musée et nous en avions profité pour revoir les collections permanentes.

    Nous avions continué sur l’exposition d’Ando Tadao, l’architecte qui aménage juste à côté de chez nous l’ancienne bourse du commerce pour la collection Pinault. De nombreuses maquettes, des photos et des vidéos nous en montraient les réalisations : une église dont la croix émerge d’un lac, des jardins suspendus et de nombreux bâtiments publics ou logements entre simplicité et sensualité, accords rares de lumière, d’eau, de plantes.

    C’est après un goûter réconfortant à la cafétéria que nous avons affronté le froid et la pluie qui s’était mise à tomber.

    Arrivés au bout du Forum des Halles, au coin de la rue Montorgueil, nous avons été dépassés par une centaine de gilets jaunes qui hurlaient « A bas le capitalisme ». Flegmatiques, mais surtout pressés d’aller nous mettre au sec, nous avons enfilé la rue de Montmartre. Derrière nous, le ton montait. Le temps d’exprimer mes craintes, une bande de jeunes a surgi en courant, vêtus de noir, cagoulés, visiblement prêts à tout. J’ai tout de suite constaté qu’ils n’avaient pas de bâtons. Alors que nous tournions dans la rue Étienne Marcel, nous avons entendu une cavalcade. C’était une armée de policiers, casqués, matraques à la main qui couraient à leur poursuite. À cette vitesse, les jeunes n’avaient guère la possibilité de casser quoi que ce soit et la rue Montorgueil n’avait  rien à craindre. Je me suis souvenu d’une conversation à la pharmacie entre commerçants du quartier qui évoquaient fermetures et blindages quelques jours auparavant. J’avais alors pensé que nous étions loin des Champs Elysées, de l’Arc de triomphe, et j’avais jugé leurs inquiétudes superflues…

    Virginie venue de Rennes avait passé le samedi avec nous. Elle devait prendre le métro près des Halles. Nous avons été soulagés de savoir qu’elle avait rejoint la gare Montparnasse sans difficultés et qu’elle était dans le train.

    Malgré une moindre participation, difficile de savoir si le mouvement des « gilets jaunes » est terminé… Suite au prochain numéro.

     


  • Les Gilets jaunes 3

     

    Ras le bol de l’expression « gilet jaune », un million de fois rabâché et qui recouvre n’importe quoi.

    Ras le bol de l’atmosphère délétère qui règne sur Paris et sur la France.

    Ras le bol des extrémistes et des pillages.

    Ras le bol de la confusion actuelle qui mélange justes revendications et casse.

    Ras le bol des images complaisantes de violence à la télévision ou sur les mobiles.

    Ras le bol des réseaux sociaux qui se substituent à de véritables contacts.

    Ras le bol des hypocrites qui justifient les violences parce « qu’ils ont de la peine pour ceux qui souffrent », mais qui ne partageraient pas.

    Ras le bol du vacarme des grandes gueules et du silence des vrais laissés-pour-compte de la société.

    Ras le bol de l’omniprésente expression « rond-point bloqué », ces innombrables et  coûteux ronds-points qui entravent la circulation parce que les automobilistes ne veulent pas lever le pied.

    Ras le bol de l’ennui qui sème le vent dans l’espoir d’une tempête chez les autres.

    Ras le bol des irresponsabilités qui fabriquent, entre autres, de douloureuses et coûteuses « familles monoparentales ».

    Ras le bol de la haine et de la boue qui prolifèrent sur les réseaux sociaux, des « fake news », et de ceux que s’y vautrent.

    Ras le bol des images de gens beaux, riches et heureux que propulsent les réseaux sociaux, des « likes » et de leur comptabilité.

    Ras le bol de l’argent-roi, du goût du pouvoir, de la popularité indispensable et de la réussite obligatoire. De l’air !

    Ras le bol de l’incapacité à se parler et de sourire à son voisin, ras le bol des grincheux systématiques.

    Vivement le printemps !

    Que vivent l’écoute, le dialogue, la responsabilité, l’amitié, la tolérance, la dignité, le partage et la solidarité !

     


  • Réponse à une amie suisse

     

     

    Ton message m’a touchée, chère H. un grand merci d’avoir pensé à nous lors des manifestations de samedi.

    Quand nous sommes partis vers 16 h 30, pour un concert d’Hervé à Trappes, la situation était à peu près la même que le samedi précédent. Une fois là-bas, Véronique nous a informés que la violence s’était déchaînée dans tout Paris. Nous n’y avons pas trop cru, habitués au goût du sensationnel des médias. Le concert était exceptionnel de qualité et nous sommes repartis avec des cousins par l’autoroute sans rien remarquer de particulier. Après avoir dîné chez eux dans le 16e arrondissement, nous sommes rentrés en métro vers 22 h 30. Métro bondé, beaucoup de jeunes, atmosphère plus festive qu’insurrectionnelle. La station Trocadéro était ouverte et nous ne nous sommes doutés de rien. Sortis à Grands Boulevards, nous avons vu des déchets entassés, mais pas de traces d’incendies. Là aussi, jeunes et atmosphère festive, bar à vins. La Bourse était tranquille.

    Sitôt arrivés, nous avons ouvert la TV. C’est ainsi que nous avons vu les images « insurrectionnelles », jusque là aperçues sur nos mobiles.

    Comme tu le vois, bien qu’habitant au centre de Paris, nous sommes passés entre les gouttes.

    Qu’en penser ? Oui, ces scènes de violences et de pillage sont désolantes. Être de tout cœur avec les gilets jaunes ? Bien sûr ! Ils témoignent d’existences difficiles et d’un sentiment d’abandon, d’injustice devant la fracture sociale, mais c’est aussi à travers les réseaux sociaux et la TV, les conforter vers le pire. Beaucoup venaient de provinces privées d’espoir, transportés par des cars où ils avaient eu tout le temps de s’échauffer.

    Le mélange explosif des extrémistes, surtout de gauche, techniquement aguerris, ne demandait et ne demande encore qu’à faire sauter la baraque, aidés par un grand nombre de casseurs venus des banlieues pour « faire leur marché de Noël ». Oui,  la situation devient de plus en plus dangereuse, attisée par la facilité de communication des réseaux sociaux, déversoirs de haine et de fake news. Moyen aussi pour les « gilets jaunes » de faire preuve d’utopie, un peu dans l’esprit des printemps arabes. Communiquer n’est pas se structurer. Sans véritables interlocuteurs, la marge de manœuvre d’Emmanuel Macron est réduite !

    Pour ma part, je trouve qu’il a manqué d’empathie à l’égard des difficultés quotidiennes d’une France qui rame !

    La police a été remarquable, mais elle fatigue. J’en ai discuté avec un ami, commissaire et syndicaliste, il estime qu’elle n’a pas vocation à se substituer au politique. Il ne faudrait pas qu’à son tour, elle s’estime insuffisamment considérée.

    Dommage, car l’économie avait tendance à se redresser et on voit mal comment l’étranger va vouloir continuer à  investir dans un pays aussi volatile ! On pouvait espérer une arrivée en France de sociétés dynamiques à la suite du Brexit.

    Ne pourrait-on pas, en tenant compte de cet avertissement, veiller à une plus juste répartition des richesses eu égard aux efforts fournis ? Problème international.

    Pour nous, tu es presque française, nous étant connus à Ferney-Voltaire !

    Comment se sont passés les concerts d’orgue de Lionel ?

    On t’(vous) embrasse bien affectueusement.