Canicule. Nous avions rendez-vous au pied de la Tour Eiffel pour fêter au restaurant, avec un an de retard, nos cinquante ans de mariage. Cinquante  ans, comment est-ce possible ? Je ne pensais pas vivre jusque là, et encore moins résister à cette terrible institution !

Réservation six mois à l’avance. Quoique fréquente à cette époque nous ne pouvions pas prévoir cette chaleur exceptionnelle ; nous n’avions pas eu le choix, le restaurant va fermer pour rénovation fin août et nous devions partir début juillet.

Gilles, autobus bloqué par la Gay Pride est venu en vélib, et je me suis contentée de traverser le Champ de Mars à pied. Contentée ? Par 36° à l’ombre, l’expédition tenait de l’exploit. J’ai louvoyé sous les ombrages, levé des nuages de poussière, contourné des groupes de touristes avachis sur les pelouses desséchées. À l’approche, des nuées d’Africains, grappes de tours Eiffel dans chaque main, se précipitaient et faisaient le siège de tout ce qui bougeait encore. Une pauvre femme se débattait au milieu d’une dizaine de grands gars qui hurlaient à qui mieux mieux. J’ai failli aller la libérer, puis j’ai pensé que cela ne me regardait pas. Surtout, j’ai vu en Égypte les passagères de notre bateau prendre trop de plaisir à ce genre de situation. J’ai fini par apercevoir Gilles au pied du pilier sud-est, comme convenu. En fait nous devions suivre la file commune à tous les visiteurs ; ce fut long dans la chaleur un peu atténuée par des brumisateurs.

Le passage des premiers sas de sécurité ne fut pas de tout repos. Les employés retenaient une amie en boubou, faisant mine de ne pas la reconnaître, pour ensuite l’embrasser avec moult exclamations une fois passé le contrôle. Pas d’exception !

(à suivre)