Après le beau temps, la pluie.

Une des dernières journées de soleil nous trouva au bord de l’eau chez Ariane en compagnie de son frère Alain et de Laurette, de Bernard et de Nelly, amis fidèles à travers les années.

Imaginez ! Un ravissant petit port particulier. Sa jetée protège de son enrochement une maisonnette couleur de lac, réunissant tous les agréments que peut offrir le Léman suivant les saisons, les vents ou les heures. Petite comme un mouchoir de poche, mais grande des mille et une nuances de l’eau et du soleil. Un salon vitré, un auvent en cas de pluie, une terrasse à l’abri de la bise, arbres et arbustes dans un petit jardin havre de fraîcheur. L’architecte s’est peut-être inspiré de la merveilleuse villa de Le Corbusier à Vevey.

Nous avons déjeuné de plats simples mais délicieux au-dessus de la mouvance de l’eau, à observer les crêtes paisibles du Jura, à savourer une amitié restée intacte à travers les traces ineffaçables du temps. Pourtant, en voyant notre situation et les Zodiacs mouillés dans le port, je pensais que nous étions particulièrement privilégiés. Il est facile ici de ne pas penser au monde qui bat la breloque et s’entre-déchire, d’oublier l’inquiétante précarité répandue par le Covid sur tous les continents. Beaucoup plus facile que dans notre quartier des Halles à Paris avec ses laissés-pour-compte venus de la terre entière. Cependant, je dois dire en toute honnêteté que je n’ai pas craché dans la soupe. On ne sait jamais ce que l’avenir nous réserve !

Depuis, le temps s’est détraqué, il pleut à verse (une bénédiction pour la nature assoiffée). Un torticolis me tord le cou. J’ai tout de même pu me joindre à deux amis de l’Académie de Mâcon qui rencontraient Ann Bandle présidente des Rencontres de Coppet dans le fief de cette chère Germaine de Staël, pionnière de l’amitié entre les peuples européens, une femme libre.

Espérons que le beau temps va se rétablir. J’aime le mois de septembre, la douceur de sa lumière. Il se prête au travail. Nous comptons bien rester à Tougin jusqu’en d’octobre, avec quelques allers et retours sur Paris et l’espoir que la Suisse ne fermera pas de nouveau ses frontières comme une rumeur le laisse entendre ces jours-ci.