Cimétière de Wimille, jpg

La mort me fait physiquement mal au ventre.

Voir Monique s’enfoncer dans le caveau au bout de cordes tenues par des croque-morts aux visages de circonstance ! Monique qui m’accueillait avec le sourire sur le pas de sa porte quinze jours plus tôt.

Je n’ai pas envie d’en parler, mais il le faut. Mon corps proteste avec trop de vigueur. Contre la disparition comme un abandon ?  Contre l’inévitable oubli qui s’en suivra,  Trois petits tours et puis s’en vont… ? Contre la souffrance qui précède le plus souvent le dernier souffle libérateur, contre l’œdème qui vient à bout des courageuses impulsions du cœur ? Contre la rigidité cadavérique maquillée, comme une illusion s’apparentant à la croyance en la vie éternelle ?

La mort !  Cet effrayant saut dans l’inconnu. Naître de rien, arriver dans rien ? La vie comme une minuscule étincelle dans l’infini du temps… ? Elle nous paraît tellement essentielle ! Nous la défendons avec tant d’acharnement, souvent aux dépens d’autrui. L’amour dont nous ont entourés nos morts fait fructifier notre présent comme notre avenir,  dilate nos âmes, mais comment fermer les yeux sur les haines qui n’en poursuivent pas moins leur œuvre de destruction ?

Si la mort des êtres jeunes reste difficilement acceptable, celle des plus âgés laisse la place aux suivants. En ce sens, elle ouvre la porte à la vie. Alléluia… !  Le regard effaré des enfants devant la boite renfermant leurs grands-parents contiendrait-il un élément de réponse ?