Les enfants et petits-enfants sont arrivés jeudi soir pour quatre jours, Ève, Emmanuel, Noé et Marius.

Ils ont fêté mon anniversaire : un tiramisu, la nouvelle édition du dictionnaire du scrabble. Une année de plus. Comment est-ce possible ? Parfois, je me dis que les ans pèsent. D’autres fois, j’estime qu’il y a du bon à vieillir, même au-delà de quatre-vingts ans : plus de sagesse, moins de préjugés. Cueillir le jour n’est pas si mal, et le présent offre des surprises qui font vivre, comme un message affectueux, un bain dans le Léman entre deux bises, une petite heure de causette avec les voisins.

Noé a brillamment réussi son bac et grimpe dans les montagnes du Dauphiné avec ses amis. Marius grandit ce qui semble fatigant. Il reste souvent dans sa chambre à discuter avec ses amis via internet. Ils font des constructions auxquelles je ne comprends rien.

Les parents se sont reposés et ont beaucoup marché malgré la chaleur. La France est en état de canicule, mais ici la maison demeure fraîche pour le moment, grâce à la bise qui souffle sur le lac.

La nuit du 14 juillet, nous sommes montés sur la colline de Vesancy en lisière de forêt pour voir se lever la lune. Une « grosse » lune. Nous avons grimpé au-dessus de la chapelle de Riantmont. Un troupeau d’une cinquantaine de jeunes vaches nous a dépassés, d’abord tranquillement, puis au galop. Inquiétant dans le crépuscule et j’ai songé au défilé des aurochs de la grotte de Lascaux, le bruit puissant des sabots en plus ! La lueur derrière le Jura s’est estompée pour laisser la place à une nuit lumineuse agrémentée de quelques étoiles. Et dans la plaine qui s’étendait jusqu’aux Alpes, les villages scintillaient, Genève et son aéroport brillaient. On distinguait très bien le panache éclairé du jet d’eau.

Tout le long du Jura et des Alpes, des feux d’artifice ont démarré, se sont éteints, d’autres leur ont succédé. La France célébrait dignement sa fête nationale. Noé et Marius qui étaient montés plus haut nous ont téléphoné qu’ils en voyaient sept de l’autre côté du Léman, vers Évian et Thonon

Et nous avons attendu l’arrivée de la lune, à se demander si elle viendrait jamais… Le ciel a rougeoyé au-dessus des arbres. Un point lumineux est apparu, son arrondi a dessiné les pointes des Dents du midi, puis elle s’est levée, mystérieuse et impériale, dans le silence de la montagne. Cérémonie à l’échelle de l’univers qui nous a laissés muets, perdus dans nos pensées.

Nous sommes redescendus jusqu’à la voiture, prosaïquement éclairés par le flash de nos portables.

Julien est arrivé de Nogent avec Thomas pendant qu’Ève et sa famille se promenaient à l’ombre, le long de la Versoix. Ils ont discuté de choses et d’autres un petit moment, mais Covid oblige, ils ne pouvaient pas rester ensemble dans la maison. Nous nous reverrons tous samedi prochain à Grenoble dans la journée. Les aléas des vacances depuis trois ans !

Thomas est inscrit à une école d’escalade. Son ami Gaël n’a pas pu venir, testé positif avec une otite l’avant-veille de leur départ. Quel dommage, un si gentil garçon ! Il démarre le matin à 9 heures et rentre le soir à 5 heures. Son père travaille, bien que la connexion soit depuis quelque temps assez défectueuse. Gilles et moi continuons de nous baigner tous les matins, à l’abri de la digue de Versoix lorsqu’il y a trop de vent. L’eau est bonne, un peu fraîche comme je l’aime !