Julien est reparti dimanche avec son fils. Thomas a apprécié son stage d’escalade. Des circonstances variées, dont le Covid, avaient réduit les effectifs du groupe. Ils n’étaient donc que trois avec le moniteur pour grimper dans les Alpes au Salève, dans le Jura à Mijoux ou vers Saint Claude.

Nous les avons laissés aller à Grenoble et nous ne l’avons pas regretté. Ils ont tourné avec Eve et sa famille dans les quartiers de street art et je dois dire que rien que d’y penser la vue de ces grandes fresques murales me dépriment un peu, alors dans cette chaleur – la température frôle les 38° – j’aurais eu du mal à supporter leur omniprésence. Ils sont revenus ravis malgré les piqûres de moustiques qui ponctuaient les mollets de Thomas.

Samedi soir, nous étions invités par Laura et Nicolas à un « apéritif-dînatoire », très éclectique comme souvent dans le Pays de Gex. Laura est écossaise et son mari britannique. Au frais dans leur petit jardin côté Jura, nous avons retrouvé leurs voisins : une Bulgare et son compagnon un Danois (plus que fier de la victoire de son compatriote au Tour de France), un couple de Britanniques, Jill et Tony, lui est historien (mécontents du Brexit), nos amis et voisins communs Denis et Jacqueline plusieurs fois  évoqués ici (Denis, très récent retraité) et enfin nos folkloriques tatoués, boucle à l’oreille, Olivier et Stéphane.

Conversations variées. Ces derniers au physique de malabars hébergent douze chats qui les saluent alignés et assis sur leur derrière, pattes repliées chaque matin avant leur départ pour le travail. Ils soignent aussi une centaine d’oiseaux dans une grande volière, dont une trentaine « d’inséparables ».

Nous avons évoqué le piano de Nick et ses gammes. Il craint toujours d’embêter les voisins et Laura a dit :

– Quand il fait ses exercices, je m’en vais !

Jacqueline et moi avons assuré qu’il ne nous gênait pas. J’ai dit :

– Et même, j’aime bien.

J’ai ajouté :

– Mais, de temps en temps, Nick,  juste pour nous faire plaisir, tu pourrais peut-être jouer une pièce en entier ?

Il a ri et Laura a expliqué en montrant ses propres doigts :

– Vous comprenez, il n’est pas content parce que son majeur et son annulaire ne sont pas assez indépendants l’un de l’autre !

Antoine et Céline n’avaient pas pu venir, car ils étaient invités à une soirée costumée, Laura n’avait pas très bien compris sur quel thème. Antoine passe parfois au-dessus de nos jardins en ULM et j’ai fait remarquer qu’on se sentait un peu espionnés. Jacqueline a approuvé et a ajouté :

– En fait, c’est Nicolas depuis son salon en belvédère qui observe et sait tout sur le village. Intelligence Service.

Nous avons hélas dû partir un peu trop vite, car nous voulions profiter de nos derniers moments avec Julien et Thomas.

Dimanche soir, après le départ de Julien, ce sont Wilfrid, Agnès et leurs enfants qui sont venus au frais dans notre jardin.

Armand a terminé victorieusement sa première année à l’EPFL, École Polytechnique Fédérale de Lausanne (une des meilleures écoles d’Europe). Armand, un grand gaillard de 80 kilos, paisible et peu bavard d’habitude, nous a raconté le travail intense, les camarades et les pâtes à toutes le sauces qu’il se cuisine chaque soir. Il nous a aussi expliqué dans le détail la différence entre la mêlée et le rock (j’ai surtout compris pourquoi je ne comprenais rien aux règles du rugby).

– Ce que j’aime le plus, a-t-il dit, c’est le placage. Je cours le plus vite possible vers l’adversaire et je lui rentre dedans tête baissée. J’adore le choc.

– Tu as un casque ?

Il m’a regardée étonné, avant de comprendre ma question :

 – Pas la peine.

– Tu t’es déjà fait mal ?

Il a hoché la tête avec indifférence. Armand a fait partie des équipes nationales junior ! Quand il a arrêté d’aller à Oyonnax pour se consacrer à ses études, il s’était déjà cassé plusieurs os et le nez.

Agnès et Lise voudraient bien apprendre les rudiments du bridge. Mais nous avons à peu près tout oublié et les règles d’annonces ont considérablement changé depuis notre jeunesse joueuse. On verra bien… avec l’aide d’Internet… Il faut déjà qu’on achète des cartes neuves, les nôtres ne glissent plus après des années de rami avec les petits-enfants.