Très grosses chaleurs sur plus de la moitié de la France. Phénomène d’autant plus inquiétant qu’à la fin du mois d’août on voit survenir d’habitude plusieurs jours de froid et de pluie avant le retour d’un soleil plus doux en septembre.
La Vierge d’août ne laisse pas le temps comme elle l’a pris. En effet !
À Lyon et à Grenoble des pointes à plus de 40°. Les roses du jardin fanent à peine ouvertes avant même d’avoir eu le temps de répandre leur parfum. J’ai dû protéger les géraniums avec un écran de papier. Les oiseaux ne chantent plus. On ne voit plus que des moineaux. Où sont donc passés les merles, les rouges-queues, les mésanges ? Même les pies ont disparu. Morts de faim et de soif ? Ont-ils émigré en altitude ?
La sécheresse persiste depuis plusieurs années malgré un printemps pluvieux et les arbres meurent.
Dimanche, nous sommes allés déjeuner au sommet du téléphérique de Crozet avec la famille d’Ève venue passer quelques jours à Tougin. La terrasse était bondée. Il y faisait bon, un petit air frais caressait les visages. La vallée et le Léman s’étalaient à nos pieds, on devinait les Alpes au loin, mais le mont Blanc était invisible, fondu dans la brume de chaleur. Je n’étais pas montée à Crozet depuis de nombreuses années et les gracieuses prairies sur lesquelles autrefois les enfants faisaient de la luge s’étaient couvertes de maisons, de lotissements et même d’immeubles. À notre arrivée le pays de Gex comptait moins de 30 000 habitants, cette année sa population a atteint les 100 000.
Nous avions commandé le repas quand derrière nous un petit orchestre balkanique a retenti bientôt accompagné d’une chanteuse poussant la goualante. La sono anéantissait le calme et la sérénité de la montagne déjà mis à mal par le bruit des conversations amplifié par les tentes-parasols. On a tenu environ un quart d’heure, puis on s’est réfugié à l’autre bout de la terrasse après avoir prévenu les serveuses.
La Javanaise, Champs-Elysées, Que Sera Sera, etc. se sont succédés, répertoire destiné aux Ehpad, et aux personnes un peu dures d’oreille. À la fin de chaque chanson, les applaudissements fusaient avec enthousiasme. Une jeune fille s’est approchée de notre table :
— Je suis chargée de vous demander si vous avez aimé la musique qui vous est offerte par le syndicat des communes du pays de Gex.
— Nous avons dû nous écarter, c’était un peu fort !
— Oui, c’est vrai, mais il faut bien que tout le monde entende ! répondit-elle sans se démonter.
Une heure et demie plus tard, malgré les propos rassurants des serveuses nous n’étions toujours pas servis. Emmanuel a fini par élever la voix. Une demie heure encore et la patronne est arrivée avec les assiettes à bout de bras.
— On ne vous avait pas oubliés, mais votre commande est passée à une autre table. Toutes nos excuses !
Durant l’attente, les serveurs étaient pourtant passés et repassés devant notre table vide. Nous avions bousculé la routine, ils n’avaient pas su improviser. Il est vrai qu’il y avait du monde !
Ce fut très bon, mais aussi un soulagement quand nous sommes sortis. Les jeunes démarraient une courte balade malgré la chaleur et nous allions regagner les télécabines. Il fallait monter un petit raidillon. J’y suis allée un peu fort et mon cœur s’est emballé. J’ai craint de voir se répéter l’aventure du début d’août, mais son rythme s’est assagi dans la benne.
Une leçon pour notre future balade sur l’Etna.
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