Lorsque je relis mes notes sur la politique, la guerre ou l’état du monde, je m’étonne. Par exemple, les actualités avaient annoncé la mobilisation générale en Russie, la levée de 300 000 soldats. Aujourd’hui, après une semaine d’intense incorporation, on nous dit qu’elle était ciblée sur les seuls réservistes. Tout de même, 300 000 hommes, à loger, à nourrir, à transporter, à instruire, à armer…

Poutine après un référendum truqué a confirmé par un discours retransmis par les télévisions du monde entier l’annexion des quatre provinces de l’est de l’Ukraine. Désormais territoires russes, toute intervention militaire y justifierait selon lui l’usage de l’arme nucléaire. Les Russes par peur ou tout simplement pour être tranquilles croient toujours dans ses discours mensongers. Pour combien de temps ? L’Ukraine résiste avec l’aide stratégique et l’armement des Occidentaux, surtout des U.S.A.

Nous entrons dans une économie de guerre. Plus de gaz, plus de pétrole russe, l’électricité va manquer cet hiver. Déjà le prix de l’énergie flambe et les prix à la consommation suivent. Le gouvernement français établit un bouclier tarifaire tout en assurant des services publics de plus en plus défaillants.

La guerre ne fait qu’accentuer une réalité qu’on ne voulait pas voir : nous vivons au-dessus de nos moyens sur des dettes explosives tant sur le plan économique que sur le plan climatique.

Cependant, j’hésite à écrire ce genre de commentaires pessimistes ! Le confinement n’a pas entraîné autant de malheur que je l’avais craint. Les Russes ont peut-être déjà perdu la guerre et les menaces de Poutine ne seraient alors que gesticulations. La paix est peut-être plus proche qu’on ne le croit.

En Iran, le soulèvement à la suite de la mort en garde à vue d’une jeune fille arrêtée pour n’avoir pas suffisamment caché ses cheveux met en marche une répression qui pourrait s’apparenter aux atrocités commises en Syrie depuis 2011. Je pense à Ana, plongée dans cette douloureuse situation. Wattsapp a été coupé et je ne veux pas lui nuire !

Beaucoup de pays vivent sous la menace de révoltes sociales. Quand les plus riches profitent de la crise, les pauvres trinquent, ne pouvant plus manger, circuler, se chauffer décemment. La faim regagne du terrain.

Le monde va mal !

Et pourtant… Malgré des résultats décevants au premier tour , il semble que Lula soit en mesure de gagner les élections au Brésil contre l’actuel président d’extrême droite Bolsonaro, (Isa notre nièce brésilienne doit être sur le qui vive). Les événements actuels nous contraignent à réfléchir enfin au gaspillage énergétique (moi qui aime tant les bains chauds !) La pénurie de main-d’œuvre oblige les compagnies dont les profits explosent à se poser la question des bas salaires. L’Iran franchit peut-être une marche vers la liberté.

Sortie de crise ? Le calme avant la tempête ? On n’a jamais vu autant de touristes à Paris, malgré l’absence des Chinois et des Russes.

Samedi, le métro s’est arrêté pendant un quart d’heure à la station Madeleine. Des cris, l’arrivée de la police, le spectacle habituel des pickpockets dans les rames bondées de touristes avec enfants, de retraités en goguette, de jeunes en bandes. Venus de l’Est, on dirait qu’ils font leur marché et l’extrême droite s’installe sur cette insécurité.

Le monde était beaucoup plus simple autrefois. Il y avait les pays capitalistes, les pays socialistes, le tiers monde. La gauche et la droite. La ville, la banlieue et la campagne. La guerre et la paix… Aujourd’hui tout se mélange. Les fakes news sont prises pour paroles d’évangile, la vérité et le mensonge se distinguent difficilement. Tout le monde a droit à la parole par internet, qu’on s’y connaisse ou non. Chacun est juge de tout. Et chacun vit comme il peut, dans un univers individualiste, équilibre précaire qui risque à tout moment de sombrer dans l’anarchie ou le désastre économique.

Et pourtant… on est en droit d’espérer. Imaginez ce que serait le monde, si Trump inféodé à Poutine avait gagné les élections ! Les périodes troublées ont toujours précédé les avancées de civilisation. On a de tout temps trouvé des moments de bonheur dans l’adversité (voir Montaigne), l’important n’étant pas tant ce qu’on vit, mais la façon dont on le vit. La France demeure pour le moment un pays de liberté. L’espoir est de mise et surtout l’avenir est imprévisible.

Pour ma part, je ne regrette pas la compétition des trente glorieuses, ses valeurs fondées sur la réussite financière ou sociale. J’ose avouer respirer mieux dans la complexité d’aujourd’hui.

Être vivant, c’est espérer. En tous cas, on y travaille !