Pèlerinage avec mon frère Yves à Mars sur Allier, le village de mes grands-parents. J’y suis née durant l’invasion allemande. Nous y avons ensuite passé les vacances avant de pouvoir regagner notre maison du bord du Léman, une fois la guerre terminée.
Ma cousine Jacqueline et son mari François, les actuels propriétaires, nous ont accueillis pendant deux jours avec grâce, attentifs à nos souvenirs dans cette belle et vaste maison du XVIIIe siècle, au milieu des champs, à l’ombre d’un grand châtaignier. Presque inchangée à l’extérieur, modernisée à l’intérieur pour recevoir enfants et petits-enfants, elle a conservé son âme d’autrefois. Ce fut deux jours sereins en pleine nature, habités de réminiscences.
Nous nous sommes rendus le matin à la rivière où mon frère et moi avions des souvenirs de baignades heureuses, de grèves lumineuses et de bancs de sable. À pied comme autrefois, les deux kilomètres qui me paraissaient interminables furent un plaisir, peut-être parce que mes jambes ont eu le temps de grandir et que j’étais plus attentive aux prairies, aux envols des cigognes, aux alarmes des oiseaux, au château de Vallière, à son parc et à son étang longés avant d’arriver à la clairière au-dessus de l’Allier. Nous avons descendu le sentier, impatients de retrouver les grèves.
L’Allier avait débordé, l’eau les recouvrait et montait jusqu’à la végétation. Il fut tout juste possible de prendre quelques photos en veillant à ne pas glisser sur la terre mouillée. Nous l’avons longée par le Chemin des cigognes, un sentier aménagé au milieu d’une végétation volontairement laissée à elle-même. Dans le fouillis des broussailles et des arbres morts, les oiseaux s’en donnaient à cœur joie. Après avoir traversé par des passerelles en bois plusieurs bras marécageux de la rivière, nous avons débouché sur une prairie recouverte de hautes herbes sauvages, un paradis pour les cigognes venues y nicher depuis l’Afrique. Belle et rare impression de nature intacte.
(à suivre)
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