Pas très douée pour les bilans, je voudrais évoquer le déroulement de l’année précédente, mais je n’y parviens pas.
2023 avait bien commencé pour moi, active et variée, avant de basculer dans des arythmies cardiaques, cassant une dynamique que je croyais assurée.
Rien n’est jamais acquis… dit le poète.
Intervention, convalescence, j’accueille l’année 2024 dans l’incertitude. Fragilité et inquiétude. Des signaux optimistes essaient d’émerger dans ma vie parmi d’autres, plus noirs.
Nous en sommes tous là. Personne ne sait de quoi l’avenir sera fait.
Le rouleau compresseur russe est en passe d’asservir l’Ukraine avec de terribles représailles à la clef, les habitants de Gaza ont pour seul objectif de survivre, bombardés, affamés. Ces guerres ont pulvérisé les lois que les précédents conflits avaient péniblement mises en place. La barbarie est en marche dans le monde entier. La démocratie n’est plus qu’un mot utilisé par les dictateurs pour justifier les atteintes aux droits humains les plus élémentaires. Les régimes totalitaires au pouvoir mentent sans vergogne, car la fin désormais justifie les moyens. Une sorte de pragmatisme pervers, le plus souvent économique, s’est mis en place qui trompe et lamine les plus faibles.
Les prochaines élections américaines décideront du sort de la planète. Donald Trump, vainqueur dans les sondages, a déjà dit que l’Amérique couperait son aide à l’Ukraine. Sans l’Amérique dans l’OTAN, l’armée russe, 650 000 soldats massés à la frontière, une fois gagnante n’aura qu’à changer de direction pour envahir l’Estonie et la Moldavie, au nom de la grande Russie.
Et je ne parle pas du climat qui se dégrade de mois en mois. L’année 2023 a pulvérisé tous les records de catastrophes. Les dictateurs, climatosceptiques parce que cela arrange leurs intérêts personnels, n’en ont cure.
On avait mis les morts à table.
Pourtant, dans la confusion qui profite aux forts en attendant de les détruire à leur tour, je vois des réflexes se faire jour. Ils furent les nôtres pendant la guerre de 40.
On cueille le jour. On savoure un rayon de soleil. On commence à se satisfaire de peu, tout en espérant beaucoup. Émerge la grande question : ces petits états de bonheur sont-ils acceptables quand d’autres souffrent ? Le simple fait d’être heureux n’est-il pas une injure vis-à-vis des désespérés ?
Pourtant, il me semble que ne pas laisser le malheur prendre toute la place et conserver jusqu’au bout les valeurs de solidarité, d’amour et d’amitié qui chauffent les cœurs, quitte à en payer le prix, c’est une forme de résistance.
On peut rire et aimer dans un froid ambiant. Nous l’avons fait durant quatre ans lorsque j’étais enfant. Je me souviens du froid et des engelures, de la faim permanente, mais je me souviens aussi de nos rires dans la neige, des corps qui se chauffaient les uns aux autres dans les lits, de ces petits riens qui nous ravissaient, d’un humour aujourd’hui disparu.
Ce n’est naturellement pas une raison pour laisser agir les irresponsables, les suicidaires, les incapables bloqués dans leurs certitudes. Mais justement contre cela, je crois qu’il est indispensable de résister à la peur, à la haine, au désespoir.
Je compte sur l’année 2024 pour cueillir et semer dans l’être humain ce qu’il a de meilleur, pour renverser la vapeur in extremis et empêcher l’embrasement qui menace la planète.
Deux lueurs de satisfaction :
La publication aux USA par Emma Bland Smith, la fille de Roger et Sally, d’un livre pour enfants : How Science saved the Eiffel Tower.
Et la mise en vente à la FNAC d’un livre de poésie de Diane Béguin, petite-fille de Max et Micheline, fille de Virginie et Rodolphe
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