Juste avant de partir.
Triste début d’octobre. Une tempête dévastatrice a soufflé sur la Bretagne, mais surtout un phénomène cévenol a ravagé la vallée de la Vésubie sur la route du col de Tende. Des centaines de maisons emportées par la rivière, des dizaines de disparus, presque toutes les routes détruites ou endommagées, villages isolés sans eau et sans électricité, l’arrière-pays niçois est à la peine.
Il y a deux jours, le président Trump annonce son hospitalisation après avoir été testé positif. Il tweete que tout va bien et lance une vidéo qui se veut rassurante. Juste par mesure de précaution. Aujourd’hui, on le voit de nouveau durant quatre minutes assurer qu’il va de mieux en mieux. Il parle mécaniquement et respire avec un peu de difficulté. Les informations médicales sont contradictoires ; officiellement tout va bien, des fuites anonymes prétendent que son pronostic vital n’était pas fameux à l’arrivée à l’hôpital et son taux d’oxygène préoccupant. À un mois des élections, la campagne électorale dérape plus que jamais. Trump est un as de l’embrouille. D’ici à ce qu’il refuse le résultat des élections et délégitimise Joé Biden, si celui-ci est vainqueur, il n’y a pas loin. Les institutions sont en péril et les autocrates pullulent dans le monde entier.
Un bref passage à Coppet, au château de madame de Stael, m’a fait chaud au cœur. En voilà une qui avait le sens de la liberté !
Nous rangeons la maison sans savoir quand nous reviendrons. Fonds de placards, vieux trucs à la poubelle ou à la décharge, la table de jardin dans la remise. De temps en temps un rayon de soleil nous rappelle qu’il a fait beau, mais le Jura se couvre de neige, les Alpes blanchissent, le lac a pris cette couleur grise qui donne envie de partir.
Cependant, tout le monde nous dit que Paris est devenu bien morose. Le risque Covid y est maximum et les rues sont encombrées en raison de la fermeture des grands axes pour laisser la place aux vélos. Malgré les embouteillages, les travailleurs venus de banlieue préfèrent prendre leur voiture par peur d’attraper le Covid dans le métro. Les restrictions d’ouverture de restaurants se multiplient. Comment l’économie parisienne pourra-t-elle tenir ?
La misère converge vers les Halles par les RER. Il est probable que Paris va vite devenir le rendez-vous des contestataires venus de la France entière lorsqu’il faudra se serrer la ceinture et rembourser la dette consécutive à la pandémie. On connait : casseurs, voitures incendiées, présence policière, métro et bus perturbés, et j’en passe.
Mais, ici, dans cette région frontalière plutôt préservée, on se sent trop à l’écart, trop à l’abri. Le froid et la pluie ont vidé l’impasse, nous avons décidé de partir, avec l’impression désagréable de trahir un peu nos amis.
Nous reviendrons fin octobre, si le Covid ne nous rattrape pas.
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