Sécurité dans le TGV, mais dans le car des jeunes avaient baissé leur masque sur le menton. Le chauffeur dont c’était le premier voyage se battait trop avec ses boutons pour faire respecter les consignes sanitaires. Trois quarts d’heure dans cet espace clos peu ventilé pouvaient s’avérer redoutables, j’ai fait un signe aux plus proches. Ils ont aussitôt replacé leur masque sur le nez. Dans le métro la veille, un jeune l’avait gardé autour du cou avec un sourire narquois, fuyant les regards pour éviter de voir les gestes de protestation.
Nous avons retrouvé Tougin comme si nous venions de le quitter, mais le temps avait passé et la vigne vierge recouvrait la façade du jardin d’une toison dorée. Ses feuilles dessinaient sur le gravier et les platebandes des taches colorées. Les oiseaux dérangés se sont éparpillés lorsque nous avons poussé le portail.
Mercredi, un discours télévisé du président Macron nous a annoncé un reconfinement, assorti de tolérance jusqu’au retour des vacances de la Toussaint. Nous avions réservé deux places pour le lundi. Mais les journées qui ont suivi nous ont fait hésiter. Lire au soleil dans le jardin, se promener au pied des montagnes, discuter avec les voisins en gardant ses distances sont des plaisirs qui manquent à Paris. J’avais transporté mes couleurs et mes pinceaux pour une retouche sur le tableau de Rosemary R., je peux donc terminer la Déambulation autour du lac de Divonne restée à Tougin. Par la suite, si nécessaire, je dispose d’ un panneau vierge pour démarrer une autre version du Lac vert en route à Paris.
Malgré les circonstances et son âge, notre ami organiste Lionel Rogg n’a pas flanché pour l’anniversaire de son intégrale de Bach à la cathédrale de Zurich. Il a offert à son public, hélas un peu clairsemé pour cause de Covid, des improvisations que nous avons devinées fortes et émouvantes. Nous avions reculé devant les risques d’un tel voyage avec restaurant et hôtel. Le virus galope en Suisse et particulièrement à Zurich. Mais rien ne l’a arrêté. « Diable d’homme ! », comme dit Henriette, sa compagne.
Nous devions retrouver enfants et petits-enfants à Chambéry le vendredi, mais nous avons préféré annuler. C’est fou ce qu’on a pu annuler depuis le début de la pandémie ! Nous vivons désormais dans l’incertitude. En principe, le reconfinement est prévu pour un mois, mais tout laisse à penser qu’il va s’éterniser comme au printemps. Vivement la mise au point d’un vaccin !
Cette fois-ci, les écoles et les services publics restent ouverts. On doit privilégier le distanciel à la maison, mais on peut se rendre au travail. Je pourrais donc aller à l’atelier si nous rentrons à Paris. Bonne nouvelle ! Seuls les commerces de première nécessité sont ouverts. Les bars, les restaurants, les cinémas et les théâtres sont fermés. De nouveau, il faut une attestation pour se promener et ne pas dépasser le périmètre d’un kilomètre autour de son lieu de résidence. Les réunions de famille sont interdites.
Pour le moment les hôpitaux sont saturés, ils recommencent à déprogrammer des opérations. Si l’on en croit l’expérience du mois de mars, il est peu probable que nous pourrons passer les fêtes de Noël en famille.
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