En effet, après un discours du ministre sur la nécessité d’une ouverture, la journaliste, une femme d’une cinquantaine d’années au caractère affirmé, prit la parole pour évoquer un sujet sensible. Évoquant l’absence de dénazification en RDA, contrairement à la RFA, elle exprima son inquiétude sut le corps enseignant, en majorité composé d’anciens nazis. Le ministre répondit qu’après la guerre, l’urgence avait été de remettre le système éducatif en fonctionnement. En réalité, la même question avait été posée à Conrad Adenauer à l’ouest et sa réponse avait été plus pragmatique. Il ne restait plus assez d’hommes en vie après la guerre pour pouvoir faire la fine bouche.
La journaliste poursuivit. Elle se débrouilla en y mettant les formes pour poser des questions dérangeantes. Cette situation ne convenait-elle pas à un gouvernement inféodé à l’URSS ? Un ancien soldat nazi pouvait se convertir en enseignant efficace de l’idéologie soviétique. À ce genre de questions gênantes, les autorités de RDA répondaient invariablement en vantant les mérites d’une éducation de valeur accordée à tous, contrairement à l’occident et à sa démocratie inégalitaire. Si les plus âgés restaient encore hésitants sur l’idéologie marxiste, les plus jeunes en reconnaissaient davantage le prix : l’arbitraire et l’absence de liberté. Nous savions que la Savac était une des plus cruelles polices du bloc communiste.
Il planait sur l’assistance un flottement qui frôlait l’hostilité. Cependant, les autorités, mandatées au plus haut niveau, ne pouvaient pas laisser échouer leur mission : cette fameuse reconnaissance diplomatique de la RDA. On se réfugia dans l’humour lequel, après tout, peut constituer une passerelle efficace dans beaucoup d’incompréhensions mutuelles. A cet égard, nos aînés en vieux briscards étaient des plus habiles.
(à suivre)
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