La TraviataEt ce fut une découverte ! Les crinolines et les costumes d’époque étaient assez indigestes, mais, le remue-ménage sur scène, la classe de Violetta, sa mort bien qu’interminable et son long chant d’amour désespéré me firent changer d’avis. Depuis,  je suis souvent retournée à l’opéra dans des registres variés, anciens, modernes et contemporains. Je remercie mon camarade, qui connaissait l’excellence de l’Opéra de Berlin, de m’en avoir ouvert les portes. Je ne suis cependant jamais devenue fanatique comme certains. Trop compliqué à mon goût ! Un ami chef d’orchestre m’a dit un jour que cela s’apparentait à l’art de gérer les catastrophes. Depuis, j’imagine les cordes qui cassent, les décors qui coincent, les gorges qui s’enrouent, les violons qui déraillent, le metteur en scène qui se ronge les ongles, et le pompier qui ronfle au fond de la salle, risques qui en font certainement la beauté.

Le lendemain, on nous conduisit sur l’immense Alexander-Platz pour visiter le Palais du Peuple, dont nos guides firent grand cas, comme une des plus importantes réussites de la politique socialiste.  Je n’en ai pas beaucoup de souvenirs, si ce n’est qu’il s’agissait d’un bâtiment assez froid, fonctionnel, pouvant réunir des foules importantes. Il me sembla assez fragile, déjà usé par les groupes disciplinés qui en foulaient le sol et en grimpait les escaliers à longueur d’année, au nom de la culture marxiste.

(à suivre)