Et nous sommes partis pour Berlin en car. Nous avons roulé sur une autoroute au revêtement antédiluvien, mais en bon état. Le trajet me parut long. Venant de Suisse, je fus déconcertée par cette interminable plaine, ces marécages et ces bois de bouleaux émergeant çà et là d’une brume sporadique. J’attendais la plaine grasse du nord, riche en loess s’étalant de la France jusqu’à la Chine, décrite dans mes manuels scolaires. Il n’en était rien. Il émanait de ces bouleaux argentés, de ces bois marécageux, un je ne sais quoi de mystérieux, quelque chose de primitif et de fascinant.
Le car nous a laissés dans un hôtel du centre-ville, lequel, plus kitch, tablettes en bois simili acajou, radio incorporée n’avait rien à envier à celui de Dresde, robinet d’eau chaude en panne et papier peint en zigzag. Je me suis demandé si la radio captait les ondes de Berlin-Ouest, mais le curseur n’autorisait qu’une seule station. Et je suis descendue rejoindre mes compagnons.
La guide nous proposa le programme à venir : une soirée cabaret ou la Traviata. J’allais choisir la première avec l’espoir d’en savoir davantage sur la RDA, mais mon camarade de la MJC m’en dissuada. Vibrant d’enthousiasme, il m’incita à m’inscrire pour la Traviata. Je n’étais encore jamais allée à l’opéra, réticente sur un genre qu’à la radio je trouvais long, ennuyeux, factice et grandiloquent.
(à suivre)
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