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Joël Bastard nous avait envoyé un petit mot pour nous encourager à aller voir Vous qui savez ce qu’est l’amour au théâtre de l’Athénée.  Je cite : « … spectacle inouï de et avec ma nièce Romie Estèves, d’après les Noces de Figaro de Monsieur Mozart… accompagné d’une création vidéo de ma fille Lola ». Remplir le théâtre de l’Athénée, ce n’est pas rien !

Je ne connais pas Lola, encore moins Romie, mais Joël, bien que nous l’ayons perdu de vue pendant des décennies et retrouvé assez récemment, fait partie de notre existence depuis son adolescence. Nous savions qu’il traçait son chemin dans le monde difficile de la poésie et que son œuvre était publiée chez Gallimard. Ce fut un plaisir de le retrouver père et grand-père, de connaître sa femme Domie.

C’est l’histoire d’une audition. L’héroïne prépare et présente une adaptation des « Noces de Figaro ». Romie Estèves joue tous les personnages, accompagnée à la guitare par Jeremy Peret . Elle se démène devant un écran qui déverse conseils et critiques, prétexte à évoquer ceux qui savent. Questions sur ce qu’est l’amour, la misogynie, la politique culturelle. Elle chante tous les rôles avec un talent de cantatrice chevronnée et reconnue, elle déclame, danse et virevolte dans un décor efficace, souligné par des lumières et une vidéo expressive. Elle se coule dans l’œuvre de Mozart avec volupté, alliant grâce et tendresse, tragédie et comédie, y ajoutant des rythmes actuels. Une réussite couronnée à la fin par les innombrables rappels d’un public jeune qui remplissait la salle aux trois quarts. Wolfgang aurait aimé !

Romie Estèves est apparue après le spectacle au bar du théâtre sous les applaudissements de ses fans, accueillie par des directeurs de salle empressés. Émaciée par son incroyable performance, elle répondait avec simplicité. Elle nous sauta presque au cou lorsque nous lui avons évoqué Joël et Domie.

Par la suite,  je me suis dit qu’elle avait donné beaucoup d’elle-même, trop sans doute. Le public est devenu un ogre qui réclame toujours davantage. Et je pensai à Georges Brassens, sa chaise et sa guitare. Aujourd’hui, il passerait inaperçu !