Répétition en public

Hier, répétition générale de « L’Atelier », devant un public restreint. L’année ponctuée de nombreux congés n’avait pas permis de mettre au point une pièce difficile à dix personnages, avec décors et musique. Une pièce de Grumberg à la fois tragique et drôle qui raconte le retour des survivants de la Shoah, après la guerre. Notre metteur en scène, Émilie Chevrillon, très prise par ses propres engagements et pas toujours suffisamment disponible durant le semestre, avait préféré repousser la représentation définitive après la rentrée.

Ce fut assez acrobatique ! La mémoire, la coordination des mouvements sans trop déraper manquaient de cette assurance qui impose un rythme.

Nous avons ensuite échangé nos impressions autour d’une table du fameux atelier. Champagne, pizza, chouquettes… Le public composé de conjoints et d’amis proches nous a consolés, affirmant ne pas s’être ennuyé une seule seconde. Notre énergie, notre volonté les avaient entraînés dans l’intimité de ce travail et projetés dans une aventure qu’ils jugeaient intéressante.

Assez fatigués, Gilles et moi allions partir, quand dans l’escalier nous avons entendu de la musique. Sans plus réfléchir, nous avons fait demi-tour.

Un espagnol producteur, acteur et metteur en scène de spectacles s’était mis à la guitare, entouré d’une dizaine de rescapés bien décidés à faire la fête autour des fonds de bouteilles. Une cinquantaine d’années, costaud, des yeux de velours, il a commencé par les chansons les plus langoureuses du répertoire espagnol et a vite econtinué sur des musiques latino-américaines, des danses des Caraïbes. Il a chanté en duo avec son ami Ruben, argentin, lequel avait retrouvé son sourire après avoir été un peu déçu par sa prestation.

Émilie en a profité pour nous féliciter et nous encourager à continuer nos efforts pour les retrouvailles de septembre.

Elle s’est mise au piano. Accompagnés de la guitare, nous avons tous chanté un « Que sera, sera ! », bourré de bonne humeur, de fausses notes et de confiance.

Une bonne soirée !

Une certaine forme de résistance, pas si dérisoire que ça, dans ces temps où des tonnes de bombes se déversent sur le monde !