Une soirée à la maison avec ma belle-sœur Cécile et ma nièce Virginie.
Virginie, venue à Paris de Rennes pour un stage de travail, est répartie le lendemain matin. Mais Cécile, venue pour des retrouvailles familiales à Pontoise, a passé trois nuits chez nous. J’étais un peu fatiguée par des arythmies cardiaques, mais ce fut bien sympathique.
Cécile se remettait doucement du récent décès de son deuxième mari Jean-Charles. La fin avait été difficile, elle semblait contente de se détendre et de quitter un peu Bordeaux.
Nous nous réunissons régulièrement en famille, la dernière fois, chez Marc et Catherine. Cette fois-ci, nous nous sommes retrouvés dans un restaurant de Pontoise. Nous étions neuf de notre génération avec les conjoints, les « survivants », comme dit Marc. Quel bonheur de nous retrouver, d’évoquer le passé, nos enfants et nos petits-enfants ! Bénédicte et Dominique, qui travaillaient à deux pas de là, représentaient les disparus. Elles ont été obligées de partir plus vite. Des moments qui comptent, qui réchauffent le cœur.
Nous sommes montés ensuite au cimetière, nous recueillir sur la tombe familiale. Pour la petite histoire, nous avons pour la première fois déposé des fleurs artificielles. Il faut dire qu’elles étaient très jolies. La vendeuse nous avait prévenus qu’elles seraient volées, mais Marc a dit que c’était tout de même mieux que les fleurs naturelles qui fanent en quelques jours. Cela m’a fait penser à la chanson de Jacques Brel.
Le soir même, j’ai laissé Gilles et Cécile à l’appartement pour me rendre à une réunion de poésie quai des Grands Augustins. Christina Fabiani et Jacques-Marie Legendre, des comédiens plus que confirmés y rôdaient en présence d’amis un spectacle destiné à tourner dans toute la France. D’emblée, je fus touchée par ce texte de Rainer Maria Rilke, étrangement proche de la journée que nous avions vécue.
Pour écrire un seul vers, il faut avoir vu beaucoup de villes, d’hommes et de choses, il faut connaître les animaux, il faut sentir comment volent les oiseaux et savoir quel mouvement font les fleurs quand elles éclosent le matin. Il faut pouvoir repenser à des chemins dans des régions inconnues, à des rencontres inattendues, à des adieux dont on s’est douté qu’ils se feraient, à des jours d’enfance dont le mystère ne s’est pas encore éclairci…
Durant la soirée qui a suivi, j’ai eu le plaisir de discuter autour d’un buffet avec Chantal, Éric, Tania et bien d’autres. Mais j’étais fatiguée, d’autant plus que les autobus ne fonctionnaient pas et que j’ai dû marcher à l’aller comme au retour. À se demander comment Paris va accueillir les Jeux Olympiques dans six mois !
Il s’est déroulé encore bien d’autres événements cette semaine, en particulier nous avons couru sous la pluie le long des avenues de Neuilly. Pour nous autres Parisiens du centre, c’est comme partir au Kamtchatka…
Hier, chez Nicole, la sœur de Gilles, nous avons retrouvé Ghislain et Ada. Ils étaient contents de la réussite de leur festival de musique monté de toute pièce. On leur a demandé de recommencer l’année prochaine. Ada a chanté le Requiem de Fauré, une messe qui me tient à cœur. Il y a bien longtemps, mon père l’avait fait entendre en public dans l’église de Nernier. Je me souviens encore avec émotion du Pie Jesu, interprété par Vittoria de Los Angeles.
Nicole est maintenant très âgée. Je me souviens comme si c’était hier du temps où elle remplissait sa maison de jeunesse, qu’elle menait son monde avec vivacité et dynamisme. Comme le temps a passé !
Cette même impression à Pontoise, quand Marc nous promène dans sa ville, cette ville à l’amélioration et à la modernisation de laquelle il a tant participé. J’ai l’impression que c’était hier lorsque je montais à l’école, grimpant les escaliers de la rue de la Harengerie, traversant le boulevard des Fossés aujourd’hui le boulevard Jean-Jaurès, et que je surgissais devant l’entrée, inquiète d’être en retard !
Ces lieux m’évoquent tant de gens, tant d’histoires… Aujourd’hui, d’autres personnes y vivent et y meurent. Nous sommes si peu de choses !
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