La France a vibré aux obsèques de Jean d’Ormesson et de Johnny Halliday, puis elle est passée à autre chose. Novembre et décembre sont souvent des mois funèbres, comme si les malades chroniques et les vieillards au bout du rouleau ne jugeaient pas nécessaire d’affronter un nouvel hiver.

Je ne connaissais pas vraiment Pierre. Il n’y a pas si longtemps, nous étions attablés face à face dans un bistro, rue de la Huchette et il m’avait évoqué sa vie, sa croyance dans l’au-delà, ses convictions religieuses. Je connaissais davantage sa femme, une professeure de français, latin, grec beaucoup plus jeune que lui, une brune abondante, et énergique. C’est pour elle que nous étions venus aux obsèques de son étrange mari. Scientifique, médecin et psychanalyste, il avait supervisé l’envoi dans l’espace d’une souris. Un premier mariage et des petits-enfants. Une vie très remplie qui s’était terminée à plus de 90 ans, sans passer par la case Alzheimer.Trois prêtres et deux diacres officiaient malgré la pénurie de clergé actuelle.

Un peu avant la communion, une voix s’est élevée durant quelques minutes de la tribune accompagnée par l’orgue. Du Bach ? Plutôt Haendel. Cette voix comme une respiration, pas tout à fait juste, mais tellement sincère me mit le cœur en vrac.

La façon dont on vit, dont on meurt, est bien étrange… Quel souvenir, quel impact laissons-nous après notre départ ? Comme il est difficile de répondre à ces questions !

Désormais les jours rallongent. Dans quelques mois la végétation redémarrera et le printemps reviendra …comme chaque année.