Noël s’est plutôt bien passé. Ève et Emmanuel ont investi le bureau de Gilles. Les enfants ont dormi sur des matelas à l’atelier. Les 23 et 24, ils nous ont rejoints rue Étienne Marcel ; gestes barrières, deux tables, fenêtres entrouvertes. Il ne faisait pas trop froid et nous avons pu savourer ces étranges retrouvailles. Nous avons fêté Noël le 24 à midi. Dans l’après-midi, ils ont rejoint Julien et sa famille au Palais-Royal et se sont promenés dans le jardin de Tuileries. Le soir, ils sont partis vers Rouen dans la famille d’Emmanuel. Le 25, Julien, Laure et Thomas sont venus goûter avec nous. Rien à voir avec la fête habituelle, mais des instants décalés, inventés, et appréciables.

Le 24, nous avions joué avec les adolescents au jeu de l’éloquence, à savoir : défendre une cause ou son contraire. Par exemple, pour ou contre la majorité à seize ans, les animaux dans les cirques, le véganisme, etc. Ils ont l’esprit tellement plus vif que nous ! Intéressant de voir à quel point les mentalités changent au fil des décennies. Marius pourrait faire un bon avocat.

Le 26, nous avons repris nos occupations habituelles. Pour moi le modelage de l’oiseau. Il ne fallait pas traîner, la terre ne doit pas trop sécher en cours de travail sous peine de craquer à la cuisson. Gilles a repris son grec. Mais ces fêtes sont un peu déstabilisantes. Plus le temps passe, plus il est triste de les voir partir, même si leur présence est fatigante et bouscule nos habitudes. On s’est donné rendez-vous en visio le plus tôt possible.

Les jours vont rallonger, le moral s’améliorer. La vaccination a démarré aux USA sur une grande échelle. Chez nous, elle est prévue pour janvier en commençant par les Ehpad. L’espoir demeure que l’épidémie reculera durant le premier semestre 2021, malgré l’arrivée par l’Angleterre d’une nouvelle souche plus contagieuse. Mais rien n’est encore gagné. Personne ne connait la durée de l’immunité vaccinale.

L’Europe et l’Angleterre se sont mises d’accord in extremis pour signer un Brexit à peu près acceptable pour les deux parties. Comme l’a dit Michel Barnier, le négociateur principal : « Désolant ! C’est du perdant-perdant. » Mais les Anglais ne voulaient décidément pas rester dans cette Europe dont ils ne se sont jamais vraiment sentis solidaires. Les voilà désormais seuls, avec l’espoir de devenir une importante place financière. Un embouteillage monstre de camions à Douvres, surtout dû à une protection sanitaire d’urgence, s’est résorbé peu à peu.

Je pense à tous ces émigrés sans abri qui errent dans Paris après avoir fui leurs pays, loin de leur famille et de leurs amis, la plupart du temps à cause de la guerre. Les hommes sont fous !

Des messages d’amitiés le jour de Noël nous ont fait chaud au cœur ! Maintenant nous attendons l’année 2021, avec le ferme espoir qu’elle nous permettra de prendre un nouveau départ. On en a bien besoin !