Le taux de contamination est aujourd’hui le plus élevé depuis le début de la pandémie. En France, plus de 100 000 cas détectés par jour. Heureusement, la vaccination tempère la sévérité des symptômes. Il semble que le variant Omicron atteigne davantage les enfants, jusque là plutôt épargnés. Les hôpitaux sont à l’extrême bord de l’asphyxie. Certains experts prédisent un blocage général de l’économie en janvier. Pas de confinement, pas de couvre-feu, des mesures comme le télétravail. Le pass vaccinal sera proposé à l’Assemblée nationale en janvier.
Ève, Emmanuel et leurs enfants sont arrivés le 21. Nous avons pu nous réunir le 24, tous testés négatifs le matin même.
Le Noël solitaire 2020, celui-ci en famille. Les Noëls se suivent et ne se ressemblent pas. La soirée du 24 fut particulièrement confiante, gaie et chaleureuse. Après les cadeaux, Thomas (12 ans) nous a proposé un Quiz drôle et imaginatif, qui les a tous mis en joie. Gilles et moi étions un peu largués.
Ils sont ensuite partis dans les belles-familles. Le temps et l’inquiétude généralisée n’aidant pas, ces derniers jours ne baignent pas particulièrement dans l’allégresse. On verra bien !
Le jeudi soir, j’ai laissé Gilles et les enfants à l’appartement pour aller voir La liberté ou la mort au Théâtre de Poche, Byron et la Grèce. Ce spectacle avait été reporté. Après quelques hésitations, nous y avions renoncé, mais Danielle Sarrat m’a prévenue que Denis Feignier de la Byron society en était revenu enthousiaste. L’avant-veille de la dernière, j’ai réservé un strapontin resté vacant.
À l’entrée, pass sanitaire. J’ai eu la surprise de trouver Denis :
— Je croyais que vous y aviez déjà assisté…
— La direction m’a envoyé un mail, ce matin… me dit-il d’un air mystérieux,
Je l’ai laissé. À l’entrée dans la salle, l’ouvreuse se démenait au milieu d’une file compacte.
Ayant repéré ma place sur Internet, je l’ai cherchée des yeux. Elle était tout près et je m’apprêtais à sortir de la queue lorsqu’un homme s’est dressé devant moi, sourcils froncés, furibond. J’ai pensé qu’il n’appréciait pas mon initiative. Il s’est approché à vingt centimètres de mon visage et a lancé :
— Qu’est-ce que vous me voulez ?
Il avait cru que je le dévisageais ! J’ai préféré éluder :
— J’ai peut-être eu l’impression de vous avoir déjà rencontré…
Son compagnon est entré dans mon jeu :
— Ce sont des choses qui arrivent.
L’homme a concédé, magnanime :
— Possible. J’habite le quartier.
Je ne voyais pas le rapport, mais j’ai ajouté :
— Avec ces masques, on ne sait pas à qui on a affaire.
Son compagnon approuva, soulagé. Ils se sont introduits dans le rang devant moi et par la suite firent aimablement en sorte de ne pas me gêner. Je dois avouer que sur mon strapontin, j’étais merveilleusement bien, personne en début de rangée, jambes et bras à l’aise, avec une vue aussi panoramique que possible dans un si petit espace.
Sur la scène, Sylvain Tesson avec sa gueule cassée d’aventurier, assis devant un bureau lisait des papiers, comme si de rien n’était. Une femme est montée sur la scène, pour recommander un port correct des masques et la mise sur « avion » des téléphones portables. Elle prenait des précautions oratoires, comme si elle craignait d’éventuels antivax et de possibles contestations. Les lumières se sont éteintes.
Damned ! Qu’est-ce que c’est que ces détails concernant mon installation sur un misérable strapontin de théâtre ? « Débile ! » dirait Nicolas, le Don Juan d’Obtusobus.
Ah, Byron ! Son génie fulgurant, sa vie tout entière tournée vers le scandale et le plaisir ! Sa fin dans la ville de Missolonghi, où il était allé défendre la liberté de la Grèce ! Voilà autre chose, du lourd ! Exit la mollesse et le confort, exit les tergiversations, exit les trains-trains et la morale. Vive les voyages, les excès, les femmes et vive la liberté !
(à suivre.)
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