L’année commence sous le signe des grèves des transports qui durent depuis plus d’un mois. J’ai pu aller à l’atelier samedi et dimanche, d’ailleurs étonnée de monter dans un métro à peu près vide. Mais aujourd’hui, le programme RATP, métro et bus, promet à nouveau d’infernales bousculades, une ville paralysée par les embouteillages. Comment les travailleurs peuvent-ils supporter tant de fatigue ? Sur Internet très peu de protestations. Mais sur place, à Paris, les relations s’enveniment quelque peu. Les sondages montrent que les Français sont contre la grève, mais approuvent les revendications des cheminots…
Impossible de reprendre le fil de mon travail à l’atelier ! J’ai pignoché, encadré, repris quelques détails, réfléchi sur mes précédents travaux, mais c’est tout ! Je vais continuer les modelages à l’appartement avec l’espoir que Séverine pourra les cuire. Son atelier est à distance à pied. Je finis comme tout le monde par devenir fataliste.
Au retour, hier, j’étais dans le wagon de tête et j’entendais le conducteur discuter derrière la paroi. Cela blaguait et cela riait avec une étrange bonne humeur. Le métro a commencé à accélérer, il prenait les virages à toute allure. Les rails, les roues, les parois, les portes grinçaient de plus en plus. J’ai entendu dire que la descente sous la Seine entre Invalides et Concorde est assez dangereuse, qu’elle reste dans la mémoire de la plupart des conducteurs après leur vie active. Cela riait de plus en plus dans la cabine. La station Invalides fut franchie d’autant plus vite qu’elle était fermée au public. J’ai constaté qu’en cas de problème je me trouvais au premier rang et j’ai confié mon âme à la providence. Les ferrailles ont vibré, hurlé, les rires ont plus que jamais retenti. On a pris le premier virage dans les oreilles, la descente vertigineuse fut un peu amortie par la remontée. Après l’ultime et inquiétant virage sous la place de la Concorde, la rame s’est arrêtée le long du quai comme si de rien n’était. Des employés se sont approchés de la cabine. Saluts, rires, discussions, ils ont fourni au conducteur les affiches à déposer dans les stations pour annoncer les fermetures du lendemain. La notion de service public évolue…
Impossible de prévoir une réunion d’amis le 31 au soir dans le contexte des grèves. Comme c’était à deux pas, nous sommes allés écouter Lola Dubini au café-théâtre du Sentier des Halles, une jeune one woman show dont nous ignorions tout, sauf qu’elle avait une bonne cote sur internet. Une petite boule d’énergie à lunettes, rondelette, fan de Céline Dion, pur produit de YouTube. Nous avions le double de l’âge des plus vieux spectateurs. Nous ne connaissions aucune des chansons que son public lui demandait, mais son dynamisme, sa sincérité, son autodérision furent un réconfort dans le contexte d’une fin d’année morose et d’un début d’année marqué par l’escalade de la violence USA au proche Orient. Nos petits-enfants ont été épatés, même leurs parents ne savaient pas qui était Lola Dubini.
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